Actualite, Editorial

Le président Abdelaziz Bouteflika choisit la porte de la honte


Pour la présidentielle d’avril prochain, en Algérie, le président sortant  Abdelaziz Bouteflika ne déposera pas lui-même sa 5e candidature au Conseil constitutionnel.

On apprendra par des médias interposés que, malgré le vaste mouvement de protestation pacifique qui déferle dans les rues de plusieurs villes d’Algérie depuis le 22 février, et un peu partout en Europe, son nouveau directeur de campagne, Abdelghani Zaâlane (nommé la veille en remplacement de l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal), a déposé sa candidature, le dimanche 3 mars.

À 82 ans et très mal en point, le président algérien qui lutte contre la tétraplégie ose défier la rue. La voix du peuple qui, jusque-là, lui vouait respect considération et confiance. Conscient que ses compatriotes qui ont chanté ses louanges hier sont en train de le lâcher, il s’accroche au pouvoir et propose ce qui n’est pas nouveau à ce peuple : la conférence nationale.

De sa prise du pouvoir en 1999 à 2013, année pendant laquelle il ne s’est plus adressé directement aux Algériens, pour cause de maladie, le président n’a plus la confiance de son peuple. Certains opposants à son régime comme son ex-Premier ministre, Ali Benfils qui a renoncé à déposer sa candidature, s’interrogent s’il est le vrai expéditeur de ces déclarations qui sont lues en son nom. D’autres, par contre, comme Omar Aitmoktar du mouvement citoyen en France ne jurent que par Abdelaziz Bouteflika et estiment qu’il faut accepter le 5ème mandat. Parce que M. Bouteflika s’engage à convoquer une conférence nationale chargée de préparer une élection présidentielle anticipée à laquelle, cette fois, il ne sera pas candidat.

Pourquoi toutes ces gymnastiques au moment où le peuple a élu domicile dans la rue ? Le président vainqueur des 80 % des voix, Abdelaziz Bouteflika, a franchi la ligne rouge. Il a fait le pas de plus que le peuple ne veut pas. Même les  étudiants manifestent.

En 1981, il avait été traduit devant le conseil de discipline du FLN et est poursuivi et poursuivi par la Cour des Comptes pour détournement de l’équivalent de 60 millions de francs Cfa dans les trésoreries des différentes chancelleries algériennes à l’étranger, qu’il avait placés dans deux comptes ouverts auprès de la Société de banque suisse.

Il s’était ensuite exilé avant de revenir sur la scène politique et avoir le soutien du peuple pendant quatre mandats successifs.

Trop d’eau a coulé sous le pont, les abords rugueux des pierres sont devenus glissants à cause de la moisissure. Plus de bouée de sauvetage.

Le peuple brandit le bâton du mépris. Des voix criardes accueillent mal cette mascarade de sa politique criante. Le peuple est dans la rue. Le monde entier retiendra d’Abdelaziz Bouteflika qu’il a été l’un des derniers présidents dictateurs. Il n’y a pas plus grande honte quand le peuple refuse d’écouter.

La victoire à la prochaine présidentielle dont le résultat tournera, à coup sûr autour de 80% comme les autres années, n’enlèvera en rien à l’image d’Abdelaziz Bouteflika, qui est déjà ternie.

Sériba Koné

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