Politique

Jean Blé Guirao prévient / « Ma restriction et mon serment prendront fin en fin février 2016 « 


Abidjan, 27-1er-16 (lepointsur.com)-Muré dans un mutisme depuis le dernier scrutin présidentiel qui a consacré la victoire du Président Alassane Ouattara, jean Blé Guirao s’est entretenu avec les journalistes de la presse nationale et internationale. Dans l’interview qui suit, il fait le tour d’horizon de l’actualité nationale et internationale. De ses rapports avec le président de son parti (l’Udpci) Albert Mabri Toikeusse, à l’avenir du Gracu-Ado, en passant par le dernier conclave entre le Présidents Ouattara et Sierleaf, le SGA de l’UDPCI fait le grand déballage. Entretien.

Lepointsur.com : Président Blé GUIRAO, vous étiez au four et au moulin avec vos camarades du GRACU-ADO  et  ensuite de la PMS-ADO  pour un second mandat du Président Alassane Ouattara. Comment avez-vous vécu sa victoire au soir du 25 octobre dernier ? Mieux, depuis cette large victoire de votre mentor,  on vous voit de moins en moins.  Qu’est ce qui explique cela ?

 

Le-président-Jean-Blé-Guirao-entouré-de-quelques-membres-du-Gracu-Ado.jpg

Le-président-Jean-Blé-Guirao-entouré-de-quelques-membres-du-Gracu-Ado.jpg

JBG : Je voudrais, avant tout propos, souhaiter à l’ensemble de la presse, toute tendance confondue, médias privés ou publics, radio, audio ou écrite, mes vœux les meilleurs de Bonne et Heureuse Année 2016. Votre  métier est difficile et exaltant. Vous avez un devoir d’informer et de former.  Bonne et Heureuse Année 2016 à chacune, à chacun de vous et à vos familles respectives. Pour  revenir à votre question, au soir du  25 octobre 2015, ce fut des moments d’intenses émotions, des moments de joie. Ce qui compte dans la vie,  c’est la conviction. Mes amis et moi du GRACU-ADO d’abord et ensuite de la PMS-ADO étions convaincus de la large victoire du Président ADO. Mieux,  on a même prédit plus de 80% mais dans un climat apaisé. Lorsque les objectifs fixés ont été atteints,  on oublie toutes les difficultés et les méchancetés pour rester positif. Mais,  il est parfois nécessaire   d’observer, d’analyser afin de comprendre ce qui se passe ou se trame dans notre environnement. La dernière campagne présidentielle, au niveau des mouvements de soutien, nous l’avons fait tambour battant  plus d’une année durant  et non en un mois ou en deux semaines comme certains. La majorité des mouvements de soutien a été sur le terrain en initiant de nombreuses activités, chacun de son côté. Ensuite on s’est mis ensemble au niveau de la plate-forme pour les maximaliser. Je voudrais réitérer mes félicitations, exprimer toute ma gratitude et mon admiration à tous les responsables et animateurs des  31 mouvements de soutien qui ont formé la PMS-ADO pour tout le  travail abattu avec abnégation dans un contexte parfois difficile.  Après tout cela, nous avons décidé  de marquer un arrêt, d’observer et de comprendre afin de ne pas nous tromper.  Sinon, nous avons dit merci à tous les camarades au niveau  de la PMS-ADO à travers une cérémonie à Adjamé-Williamsville, ensuite aux membres du  GRACU-ADO, notre organisation où  pendant une semaine,  nous avons festoyé avant de mettre en veilleuse nos activités. Donc en gros, nous sommes là et bien là avec tous les autres camarades entrain de cogiter car la lutte est loin d’être terminée.

Mais que répondez-vous à ceux qui soutiennent mordicus que le Président Alassane Ouattara avait tout mis en œuvre pour garantir sa victoire ?

Rien, du tout. Connaissez-vous, quelqu’un qui va à un examen, à un concours ou qui va au front et qui ne se donne pas les moyens nécessaires  pour  réussir à son concours, à son examen ou  gagner son combat. Je suis donc heureux que les gens disent que le Président  Alassane Ouattara a tout mis en œuvre pour sa victoire. Son bilan à lui seul valait bien un second mandat,  car nous savons tous d’où  nous venons et  là où le Président Alassane Ouattara   et son équipe nous ont amené, toute chose  qui fait la fierté à ce jour de tous.

L’actualité nationale c’est le débat sur le parti unifié. Le président de votre Parti,  l’UDPCI, le Ministre Mabri Toikeusse avait botté en touche la décision du Président du directoire  du RHDP, le Président Henri Konan Bédié qui appelait à un retour de tous les partis issus de cette coalition politique au PDCI-RDA. Quelle est aujourd’hui,  la position de l’UDPCI sur la question du parti unifié avec en toile de fond l’alternance 2020 ?

Jean-Blé-Guirao1Votre question qui est essentielle appelle deux remarques.  La première, c’est que l’UDPCI en tant que parti politique membre du RHDP devra, à tous les coups, donner sa position réelle au-delà de tout le tintamarre observé depuis quelques mois. Je crois savoir qu’une commission sur la question a été mise en place pour étudier et analyser tous les contours de cette question essentielle. Donc,  patientez un peu, la position du parti arc-en-ciel sera connue et sera dans les délais. La deuxième remarque, c’est que le 04 décembre 2015 dernier, à la cérémonie qui marquait la fin de la semaine bilan du GRACU-ADO, j’avais indiqué que sur ces questions essentielles, notre position personnelle sera connue dans quelques jours. Car pour qui connait l’histoire récente du RHDP, nous n’avons pas le droit de nous taire au moment, où notre coalition commune décide de prendre un virage important de sa survie.  A ce niveau aussi, un peu de patience et vous aurez les réponses à vos questions, parce que  nous ne sommes pas des adeptes du maraboutage politique ou des gens qui avancent camouflés.

Il ya aussi que Blé Guirao est un Vice-président de l’UDPCI après avoir été respectivement 1er président national de la JUDPCI et Secrétaire général-adjoint. Mais depuis des mois, il semble indifférent aux activités de son parti politique. Pourquoi,  une telle attitude vis-à-vis des militants avec qui vous avez bravé des obstacles?

Oui, vous avez pleinement raison. Nous étions présents à la naissance de ce parti et avions gravi les échelons par le travail. Militant de base, 1er président national de la jeunesse du parti, ensuite Sga en charge de l’organisation et de la mobilisation et vice Président depuis le dernier congrès de décembre 2013, lorsqu’on a  eu un tel parcours avec de nombreux camarades dont certains ont payé de leurs vies, s’arrêter, s’éloigner ou se mettre à l’écart des activités du Parti est forcement visible et sujet à interprétations. Mais je m’étais juré de ne jamais ouvrir la bouche publiquement  sur les nombreuses dissensions au sein du parti comme certains le font dans d’autres partis,  jusqu’à ce que le débat interne s’ouvre.

Nous sommes des hommes de devoir, des hommes de conviction, des hommes de combat, des hommes de défis. Mais jamais, je ne saurais être un suiveur de la cour.

J’ai même suspendu mes cotisations,  suite à l’affaire des 123 millions FCFA qu’on avait cru que Blon Blaise avait détourné. Sur ce problème précis, nous avions vociféré sur tous les toits jusqu’à ce que la vérité éclate. Et nous sommes allés présenter nos excuses au doyen Blon Blaise. Et vous avez vu que cette affaire s’est estompée car la vérité était ailleurs. On mentait  aux militants pour  les manipuler. Et comme notre parti souffre cruellement  de l’absence  et de la force  d’ainé capable de faire asseoir les gens autour d’une table pour évacuer  des différends,  à part le doyen Tia Koné  qui l’a essayé mais cela a accouché d’une souris,  ma restriction  et mon serment que je me suis imposé  prendront  fin en fin février 2016  et vous saurez tout. Nous sommes des hommes de devoir, des hommes de conviction, des hommes de combat, des hommes de défis. Mais jamais, je ne saurais être un suiveur de la cour.

Que ceux qui mettent en mission des cancrelats ou des vauriens  en croyant nous déstabiliser se  le tienne  pour dit. Mon silence voulu  était dû,  au serment envers  Robert   Guéi et ce Parti. La majorité des militants, les vrais, qui vivent et souffrent pour le parti ont compris et voient que nous avions dégringolé malgré les assurances  de certains affabulateurs qui croient masquer la vérité.

D’aucuns, avancent à tort ou à raison qu’il y aurait un sérieux problème entre vous et le Président Mabri Toikeusse . Qu’en est-il exactement ?

Ecoutez, ceux qui disent cela n’auraient pas tort, car le président de l’UDPCI, le garant moral de la ligne et de la cohésion au sein du Parti, c’est bien lui et c’est lui qui devra rendre compte en décembre 2018 au prochain congrès du Parti. Les militants ont besoin de savoir la vérité. Nous donnerons bientôt notre position,  sans emprunter des sentiers à géométrie variable.

Vous êtes vice-président du Conseil Régional du Cavally et votre région a commencé à s’embrasser encore pour les problèmes fonciers, les problèmes de limite entre les villages sont récurrents à l’Ouest avec les regains de tension dans la zone. Voudriez-vous partager votre point de vue sur la question ? Qui sont ceux qui sont  à la base de ces conflits, selon vous ?

Vous voulez parler des derniers  affrontements entre les populations de Toulepleu   et  celles de Blolequin, précisément les populations de Denan, l’un des derniers villages  de Toulepleu  en venant vers le canton Boo  et Kdz, l’un des derniers villages de Blolequin en allant vers le canton Nidrou. Ce qui s’est passé est déplorable et en même temps inacceptable. De quoi s’agit’ il ?  Le 08 juin 2013 à Korhogo, le conseil des Ministres qui s’y est tenu a pris un décret  important pour la délimitation des territoires et villages. C’est la mauvaise application de ce décret qui a engendré tous ces problèmes. Dans tout le pays, plusieurs départements ont été choisis pour commencer l’application de ce décret qui à terme devrait mettre fin à tous les problèmes du foncier.

Dans le Cavally, c’est le département de Toulepleu qui a été choisi comme département pilote. Mais je m’en vais vous dire que malgré les nombreuses missions envoyées sur le terrain, ni les responsables du Ministère de l’agriculture en l’occurrence,  le Directeur Départemental de Toulepleu, ni les autorités préfectorales n’ont daigné informer ou associer le Conseil Régional du Cavally pour la recherche, comme l’indique justement le décret, d’un consensus dans son application.

Dans le Cavally, c’est le département de Toulepleu qui a été choisi comme département pilote. Mais je m’en vais vous dire que malgré les nombreuses missions envoyées sur le terrain, ni les responsables du Ministère de l’agriculture en l’occurrence,  le Directeur Départemental de Toulepleu, ni les autorités préfectorales n’ont daigné informer ou associer le Conseil Régional du Cavally pour la recherche, comme l’indique justement le décret, d’un consensus dans son application. Etant entendu  que les limites de nos villages ou terroirs sont connues depuis la nuit des temps. Il aurait fallu associer les élus de la région pour une large sensibilisation afin d’arriver à un véritable  consensus  et à une paix durable comme voulu par le décret du Président de la République  en date du 08 juin 2013. Mais que non, dans notre région,  vous constaterez que la plupart  des fonctionnaires qui y sont affectés agissent comme si l’on était dans un no man’land ou un far west,   sans tenir compte  des élus et cadres, fils de la région, font ce qu’ils veulent qu’ils ne peuvent  faire ailleurs dans certaines régions. Mais  c’est notre propre faute. Les gens profitent de nos divisions ou malentendus  au niveau des cadres pour faire n’importe quoi  ou adopter des plans B qui n’ont rien à voir avec leurs activités professionnelles pour lesquelles on les affecte  dans notre région.

Les cantons Nidrou  et Boo ont une longue histoire commune de bon voisinage. Les limites  entre les cantons Nidrou, Boo  et Neao Sud  sont connues et les sachants vivent encore. Ils sont nombreux, les  gens de ma génération  qui ont fait l’école primaire à Péhé  ou à Toulepleu dont dépendait  encore Blolequin. Ils sont nombreux les gens de ma génération qui ont passé de nombreuses vacances dans les villages de Toulepleu et qui connaissent donc les limites tracées depuis notre indépendance. Dommage que certains de vos confrères, assis à Abidjan noircissent des papiers sur la base de gros titres mensongers. Tel « Toulepleu, 18 villages et campements brûlés». Or les villages Nidrous frontaliers à Blolequin  que sont Meo, Denan, Kpobly-Doueze, Pehe, Mayoubly, DiaiI  et  Bohibly, aucun n’a été incendié. Ceux qui écrivent cela savaient ce qu’ils faisaient en nous citant dans le contexte et la période en question. Je voudrais vous rappeler que  c’est de Pehe, le 08 avril 2011, que sont venus des gens puissamment armés  qui ont tué quatre personnes à Kdz, dont mon frère cadet, son épouse et mon oncle et ont fait deux otages qui ont été libérés après sur intervention de l’Iman de Pehé. C’est toujours à Péhé en juin 2015 dernier que mon frère cadet convoqué par le sous préfet a été pris dans les bureaux de la sous-préfecture  et   mis à sang par une horde de personnes. Faisons attention dans tout ce que nous faisons. Sur  instruction du Président du Conseil Régional, le Ministre  Dagobert  Banzio des missions sont allés vers les populations pour l’apaisement. Des campements ont été incendiés, de nombreux blessés par balles ou armes blanches ont été enregistrés. Le Conseil Régional se tient à leurs côtés pour apporter l’assistance minimale. Nous avions eu une bonne séance de travail avec l’opérateur en charge du projet. Ces tensions seront vite aplanies pour ne pas entraver les nombreux travaux prévus par le Chef de l’Etat en 2016 dans notre région dont le bitumage de la route Blolequin-Toulepleu-frontière du Libéria

Vous étiez présent au dernier conclave conjoint des chefs traditionnels à Guiglo, auquel ont pris part les Présidents Ivoirien et Libérien. Vous êtes fils de l’Ouest, comment jugez-vous une telle rencontre ?

Après le conclave de Zwruedru  au Libéria en 2013, nous étions heureux et impatients d’accueillir  cette importante rencontre à Guiglo chef-lieu de région du Cavally. Au niveau politique, c’était la première visite du Président de la République après sa brillante et large victoire dans un climat apaisé où la région du Cavally  a fait plus de 76.42%,  rangeant aux oubliettes les résultats de 2010. Nous avions été heureux que pour quelques jours, la capitale de notre région  soit le pôle d’attraction de l’information au niveau des medias ivoiriens qu’internationaux. Les hôtels, les restaurants ont été pris d’assaut. Même, les petits commerçants ont pu faire des affaires. Cela a été un bon conclave à part quelques couacs organisationnels.

Lesquels ?

Comme  je le disais plus haut,  des choses pas très catholiques se font une fois qu’il s’agit de notre région comme si c’était voulu et préparé à dessein pour,  je ne sais quels objectifs. Il y a eu de nombreux ratés dans ce conclave. D’abord,  ses préparatifs, les élus que nous sommes avions été informés le 13 janvier 2016 à une réunion aux Affaires étrangères pour un conclave qui devait commencer à accueillir les délégations le 15 janvier. Ce sont les préfets et sous préfets qui ont choisi les 10 chefs traditionnels  par département qui devaient participer au conclave  sans  associer les élus.

Les presidents Alassane de CI et Jonhson du Libéria. A titre d'illustration.Ph.Dr

Les presidents Alassane de CI et Jonhson du Libéria. A titre d’illustration.Ph.Dr

A Zwruedru  au Liberia, une ville de la trempe  de Tabou, les deux chefs d’Etats y ont pris leur déjeuner. Au conclave de  Guiglo,  on programme le déjeuner à Man,  à des milliers de kilomètres de là. Or,  chez le peuple WE, c’est une tradition, lorsque vous recevez un invité de marque, la considération qu’il a pour vous se mesure dans son acceptation à partager un repas chez vous. Faire  partir les deux Présidents à Man pour le déjeuner n’a pas été une bonne chose surtout que la résidence du Préfet de Région, le Ministre Koné   Messamba  pouvait abriter ce déjeuner qui était symbolique. Lors de sa visite d’Etat dans la région, la première fois,  après la grave crise post électorale, le Chef de l’Etat avait fait en une seule journée les départements de Toulepleu, Blolequin  et Guiglo,  sans même avoir une petite rencontre d’échange avec les cadres de la région. C’était  à Man encore qu’il avait passé la nuit.

Mais ce n’est pas tout. Dans le déroulé de la cérémonie, comme à Zwruedru   où le mot de remerciement a été lu par le député ZOH, le mot de remerciement des populations devait être lu par le Président du Conseil Régional du Cavally, le Ministre Banzio. A notre grande surprise, la veille, cela a été biffé au profit d’une lecture de dons. Et vous avez vu  l’allocution de bienvenue du Maire Baillet transformé  et parlant au nom des populations de toute la région à tel point qu’il a oublié de remettre les clés de sa ville aux illustres personnalités. Mais cela doit être le fait certainement à l’émotion.

Et pour boucler la boucle, la photo de famille pour immortaliser cet événement où  le Protocole d’Etat  appelle tout le monde sans le Président de la région. Tout cela n’est pas sain et appelle forcement une réflexion  profonde. Qui est derrière tout cela ? On commence à se  poser la question au niveau de la région  du Cavally?

En marge du Conclave de Guiglo, des parents des  victimes de la crise post électorale ont été soulagés par le PNCS dont le Directeur Coordonnateur, la Ministre Koné Mariétou qui  leur a remis des chèques….

JEAN-BLE-GUNE

Le chef de l’Etat, Alassane Ouattara saluant Jean Blé Guirao.Ph. Archive

Pour l’instant un réseau parallèle s’est installé qui falsifie les données, induisant les responsables du PNCS en erreur sur bien des cas. Parmi les 96 victimes indemnisées, au moins le tiers bien connu sont des décès qui n’ont rien avoir avec la crise post électorale.

Ce fut là aussi un moment d’émotion. Même si cet argent ne pourra jamais remplacer ceux qui sont partis, en recevant les chèques, les parents des victimes auront forcement la paix du cœur de ne pas avoir été oubliés par la nation. En tant que vice président  du Conseil Régional au titre de Blolequin je constate à ce jour que 39 victimes et ensuite 57 victimes  ont été prises en compte soit un total de  96 familles indemnisées à Blolequin. Voyez-vous, la dernière crise post électorale qui a secoué le pays ne s’est pas  faite à Bloléquin sous vidéo projecteur ou sur la planète Jupiter mais bien à Blolequin, où la crise a une histoire et les victimes bien connues de tout le monde. Pour l’instant un réseau parallèle s’est installé qui falsifie les données, induisant les responsables du PNCS en erreur sur bien des cas. Parmi les 96 victimes indemnisées, au moins le tiers bien connu sont des décès qui n’ont rien avoir avec la crise post électorale. Certains de ces décès sont survenus en 2012 ou 2013 et les funérailles ont été faits à Yopougon  au vu et au su de tout le monde. Ce sont ceux-là dont les familles sont indemnisées au mépris des vraies victimes de la période de la crise post électorale. Cela est connu de tous à Blolequin où un puissant réseau de faussaires sévit. Ils approchent les familles, leur font de faux certificats de décès de leurs parents moyennant le partage du chèque d’indemnisation.   Nous avons donné des instructions fermes et tout ceci est entrain d’être recensé par village et sera publié.  

Le chef de l’Etat, dans sa volonté de réconcilier les Ivoiriens, a initié le dialogue politique. Quel commentaire faites-vous quant à  cette démarche ? Prenez-vous le relais dans la région du Cavally ?

Lors de son investiture en mai 2011 pour son premier mandat, le Chef de l’Etat avait clairement donné le ton en prenant à son compte la question essentielle de la réconciliation et il ne s’est  jamais éloigné de cela. Libération des prisonniers politiques, dégels des avoirs, retour des refugiés, Zwruedru   et maintenant Guiglo, création d’un Ministère d’Etat en charge  du dialogue politique, ministère dirigé par le Premier Ministre Jeannot Ahoussou qui a obtenu de nombreux résultats probants et fait de  grandes avancées. La réconciliation est un processus. Il faut déjà noter la grande volonté politique du Chef de l’Etat et encourager tous les acteurs à s’y inscrire. Cette volonté du Président Alassane Ouattara, nous l’avons décliné dans la Région comme étant le premier point des 26 points de notre mandat. Et le fait que Zwruedru  en 2013  et Guiglo cette année aient lieu, cela va, à n’en point douter, booster le retour de nos parents réfugiés au Libéria.

Avez-vous l’impression que la réconciliation avance ou non au niveau national ?

Elle avance  et elle est visible. Les acteurs politiques se voient et se parlent. Pour la première fois depuis 1995, une élection présidentielle s’est déroulée  dans un climat apaisé et pour la première fois depuis 1995  des candidats malheureux ont assisté à l’investiture du vainqueur. Notre pays est définitivement de retour dans le concert des grandes nations et il est cité ou pris en exemple désormais dans plusieurs pays.

Pensez-vous que la rencontre entre le chef de l’Etat et une délégation du Fpi va vraiment booster la réconciliation en Côte d’Ivoire ?

Bien sûr,  même si on aurait voulu et souhaité que cela soit le fait de  tous les responsables et militants du FPI qui comprennent  et  saisissent  la main tendue du Chef de l’Etat. Pendant dix ans au niveau du RHDP, nous étions dans l’opposition mais pour le pays nous n’avons jamais rompu les amarres de la discussion avec eux car nous sommes condamnés à vivre ensemble sur ces 322 km2. On peut être dans l’opposition et avoir des attitudes et des comportements républicains dans l’intérêt du pays et des populations.

Le chef de l’Etat a annoncé le  31  décembre 2015, la libération de 3.100 prisonniers par grâce présidentielle, au nom de la réconciliation. Comment accueillez-vous cette nouvelle ?

Mon souhait, je vous le dis honnêtement, c’est que tous les prisonniers liés à la crise post électorale soient jugés. Qu’on libère ceux à qui finalement on ne reproche rien.   Que ceux qui sont reconnus coupables soient condamnés et que la durée de leurs peines soient connus ainsi que les lieux de leurs détentions afin que leurs proches et familles puissent leur rendre visite selon les procédures établies. Je trouve inadmissible que des gens soient en prison pendant des années sans être jugés surtout que notre système judiciaire, grâce aux nombreux efforts du Chef de l’Etat et du Gouvernement, est retombé sur ses deux pieds. La grâce présidentielle est un acte, un pouvoir discrétionnaire du Président de la République et c’est une bonne chose que cela soit fait pour redonner de l’espoir à de milliers de nos concitoyens car la prison  doit garder son caractère éducatif.

Certains lui demandent d’aller plus loin, en créant des conditions pour le retour des exilés ivoiriens et renvoyer aussi les Dozos à leurs activités premières. Partagez-vous leur point de vue ?

Il  est de coutume dans une famille que l’enfant demande toujours plus à son père en ne considérant pas les problèmes de ce dernier. Dans le cas d’espèce, malgré les nombreux efforts faits par le Président Alassane Ouattara, les Ivoiriens sont en droit de lui demander plus. Sinon le Chef de l’Etat est allé au Libéria, à Zwruedru , chercher nos parents en exil. Ce qu’aucun autre Chef d’Etat n’avait fait avant lui. Pour les Dozos ou pour tout autre citoyen à qui on reprocherait de détenir des armes, la loi est là  et il faut l’appliquer. Elle s’impose à tous. Mais force est de reconnaitre le gigantesque travail abattu par le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité et ses hommes  qui ont  fait qu’à ce jour l’indice sécuritaire à considérablement baissé. Les efforts continuent dans ce sens.

Le procès de votre défunt mentor, feu le Général Guéi Robert, ex-président de l’UDPCI a repris. Comment vivez-vous cet autre épisode ?

Nous suivons de très près ce procès qui doit rétablir toute une famille biologique et les militants de toute une famille politique dans leur droit.

Mais, il se trouve que cette fois-ci, des prévenus font des aveux. Etes-vous donc persuadés que la vérité sortira de ce procès, ou alors vous n’y croyez pas comme les procès précédents  concernant cette même affaire ?

Moi, je fais confiance à la justice de mon pays et je ne doute pas de l’issue de ce procès. Il ne s’agit nullement du cas spécial du Président Robert Guéi,  mais de tous ceux qui ont occupé la fonction de Chef d’Etat et qu’on peut accuser et tuer pour un oui ou pour un non. Il faut que la vérité éclate pour éviter ce genre de choses qui n’honorent pas notre pays.

A peine, le chef de l’Etat élu que des problèmes politico-judiciaires minent les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Quels commentaires faites-vous d’abord des affaires des écoutes téléphoniques, et des différents mandats d’amener et d’arrêt international émis respectivement par la France et le Burkina Faso ?

Je suis vraiment peiné qu’à l’entame de ce deuxième mandat important du Chef de l’Etat, deuxième mandat voulu par l’ensemble des Ivoiriens avec plus de 83% certains éléments en interne comme en externe  viennent gripper la  machine. En interne,  j’ai évoqué certains comportements qui tendent à nuire l’image du Président de la République dans certaines régions où tout est mis en œuvre pour frustrer des cadres, des élus ou des populations entières sur  l’autel de certaines combines  à visage  de  règlements de comptes.

Au niveau du mandat d’amener, j’ai été choqué et sidéré par le traitement fait, au plus haut niveau,  par la commission rogatoire  qui n’honore pas notre pays et ses fondamentaux. Mais la réaction du Chef de l’Etat m’a redonné espoir.

Au niveau des problèmes entre notre pays et le Burkina   Faso, je voudrais appeler à l’apaisement car nos deux pays sont profondément liés par l’histoire. Nos deux peuples sont profondément liés qu’une crise aurait des conséquences énormes sur la sous région. Je fais confiance à nos deux présidents pour que cette affaire trouve des solutions diplomatiques à même de préserver l’essentiel qui existe entre nous. Je demande donc, aux uns et aux autres de mettre balle à terre pour ne pas envenimer la situation qui du reste est déjà assez tendue.

Un commentaire sur l’extradition de l’ex président Blaise Compaoré réclamée par la justice burkinabé…

Ecoutez, le Président Blaise Compaoré est un citoyen burkinabé qui a assumé de hautes fonctions dans ce pays. Il faut qu’à l’instar des grands pays de démocratie, nos Etats et leurs dirigeants aient la culture et la force d’assumer en toute responsabilité. Ce qui baliserait certains comportements au sommet de nos Etats. Pour le reste, nous suivons ce dossier très sensible.

Entretien réalisé par EKB

Commentaires

commentaires