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Interview/Election présidentielle 2015, Limogeage d’Alain Lobognon, Assassinat de Guéi…/ Guillaume Guéi tout feu, tout flamme


Abidjan, le 9-6-15 (lepointsur.com)-Dans l’interview à nous accordée via internet par l’ex-directeur de cabinet des Sports au temps du général Michel Gueu, l’Ivoirien Guillaume Guéi résidant en France, fait le tour de l’actualité…  

Interview : Guillaume Guéi (l’ex-Directeur de cabinet des Sports) sans détour : « On ne demande pas à tout le monde d’aimer Alain Lobognon, mais.. »

– « Fabien Coulibaly et ses camarades, doivent être décorés et élevés au rang de chevaliers  dans l’Ordre du mérite ivoirien et recevoir tous les honneurs. »

A cinq mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, quel regard portez-vous sur le scrutin ?

GUILLAUME GUEIJe m’étonne toujours de voir la ferveur qui règne autour des élections présidentielles en Afrique, en général, et particulièrement en Côte d’Ivoire. Cela s’expliquerait-il par le culte de la personnalité, du népotisme et de la gabegie qui est organisée ?  Tout porte à le croire. Le jour où l’on mettra aux postes de responsabilités les hommes qu’il faut, à la place qu’il faut, je pense que cela fera baisser le mercure  autour des élections présidentielles en Afrique. Nonobstant, le peuple doit savoir  qu’il est souverain. C’est lui et lui seul qui décide. Il est le seul responsable de son bulletin une fois  dans l’isoloir. Il est temps, grand temps qu’on arrête d’instrumentaliser les populations avec la tricherie à grande échelle.

J’estime que l’élection présidentielle va se dérouler à la date fixée et dans les conditions requises. Tout en espérant que rien, encore moins personne ne changera quoi que ce soit. Plutôt que de vouloir faire régner éternellement un sentiment de peur et d’insécurité à l’approche des élections présidentielles, les candidats gagneraient plutôt à faire valoir leurs arguments pour convaincre le peuple.

Pensez-vous qu’il y a une opposition de poids face au candidat du RHDP ?

L’opposition ! De quelle opposition me parlez-vous ? En Côte d’Ivoire, on a une opposition de positionnement au sein de l’opposition et non une opposition face à une candidature RHDP.

Un mot sur la division au sein du parti de Laurent Gbagbo…

La division au sein du parti de Laurent Gbagbo est la résultante de ce qu’était ce parti. Un parti fait de bric et de brac, sans ligne directrice et sans idéologie.

Ce que vit le FPI, 90% des partis politiques  ivoiriens peuvent le vivre parce qu’en Côte d’Ivoire,  les gens créent ou adhèrent aux partis par affinité et non par idéologie.

L’ex-ministre ivoirien des sports, Alain Lobognon était votre ami. Quel commentaire faites-vous après son éviction du gouvernement ?

Ce qui m’a choqué dans le limogeage de Alain Lobognon du gouvernement, c’est la manière et les raisons. Personne ne naît ministre, encore moins, personne ne meurt ministre. Quand Alain a été nommé ministre, en le félicitant et  lui souhaitant bonne chance, je lui ai dit ceci : « …. On dure plus dans la position d’ancien ministre que de ministre…. » Il me l’a rappelé au plus fort de la tempête et peu avant son éviction. C’est dire qu’il s’était préparé. Bien avant la Can, il souhaitait sortir de ce gouvernement qui n’affichait aucune   solidarité à son égard.

Avec tout le respect que j’ai pour le Président  Alassane Ouattara et son gouvernement,  je soutiens mordicus que  le gouvernement n’a fait qu’acter la démission de Lobognon.

On ne demande pas à tout le monde d’aimer Alain Lobognon. Force est cependant, de reconnaître qu’Alain Lobognon a fait son travail et a accompli sa mission. Par ailleurs, je pense que les raisons de sa démission ne sont pas fondées. Cela n’engage que moi.

Aussi, attendons toutes les conclusions de l’enquête diligentée sur le détournement des primes des Eléphants footballeurs. Il s’agit des avoirs de l’Etat, donc de l’argent du contribuable ivoirien. C’est vrai. Lobognon est parti, c’est bien ! Mais où est passée la prime des joueurs ? L’argent ne s’est toutefois  pas évaporé. Ceux qui ont volé cet argent pour leur  famille sont toujours là, et sûrement, continuent impunément de piller les biens de l’Etat. Il faut les démasquer pour qu’ils remboursent par tous les moyens cet argent. Et aussi pour qu’ils répondent devant les juridictions ivoiriennes.

Confortez-vous ceux des observateurs qui soutiennent qu’il y a une guerre de positionnement entre Soro et Hamed Bakayoko dans leur position ?

La guerre de positionnement a toujours existé depuis que le monde est monde. Souvenez-vous d’Abel et de Caïn, de Joseph et de ses frères, d’Ismaël et d’Isaac et d’autres. Que ces deux coqs de basse-cour qui estiment avoir le plus beau plumage se battent, j’estime que c’est normal. Pourvu toutefois  que cela ne débouche pas sur une  effusion de sang. En tout état de cause, la Côte d’Ivoire est assez mature. Le pays a des taches à accomplir.

Toutes les intelligences ont leur place. En 2020, il y aura l’alternance. Qui vous dit que je ne suis pas intéressé, tout comme bien d’autres ?

Le fils de feu le général Guéi Robert, Francis Pédou Guéi a été entendu par le juge d’instruction du 6e Cabinet du Tribunal correctionnel, d’Abidjan-Plateau. Au même moment, Pascal Affi N’Guessan, l’un des présumés coupables, était devant le Tribunal militaire où il a été entendu, à son tour, par le procureur militaire, Ange Kouamé  Kessy.  Un commentaire…

Francis Pédou Guéi a mon soutien indéfectible et appuyé dans sa quête de la vérité sur l’assassinat sauvage, barbare et humiliante du général Robert Guéi. Dès l’annonce de cet assassinat, alors que certains dirigeants du parti se terraient, j’ai été  de ceux qui  ont dénoncé avec la dernière énergie,  cet acte macabre et  interpellé  le pouvoir d’alors afin que justice soit rendue. On ne peut pas impunément enlever, torturer et assassiner sauvagement un citoyen  lambda, à plus forte raison,  un général de Brigade, ancien chef d’Etat-major et ancien chef d’Etat de la République de Côte d’Ivoire. Il y a quelques années, quand Ange Kessy avait déclaré avoir « bouclé » cette enquête, je n’ai pas hésité à traiter dans les média son travail de « n’importe quoi ! ». Je suis heureux de savoir que ce dossier est resté ouvert et que les instructions continuent. Affi N’Guessan est celui qui a annoncé sur les antennes que le général Robert Guéi se rendait à la télévision pour se proclamer président avec sa poignée de militaires. Et que c’est à ce moment-là, que les forces loyalistes leur ont tendu une embuscade au niveau de la corniche… Affi N’Guessan a fait cette déclaration en sa qualité de premier ministre de la République de Côte d’Ivoire. En tant que responsable. On ne peut pas se prévaloir d’être premier ministre  et dire en même temps qu’on n’est pas responsable. Les propos qu’il a tenus le 19 Septembre 2002 ne souffraient d’aucune ambiguïté. Il était affirmatif dans ses propos. Le contraire de responsable, c’est irresponsable. Affi N’Guessan serait-il irresponsable? Qu’il nous le dise.GUILLAUME GUEI1

Dans cette affaire,  l’assassinat du Général Robert Guéi, qu’on ne se limite pas seulement aux nationaux. Non seulement,  Lida Kouassi doit être entendu,  mais aussi un mandat international doit être lancé contre Alain Toussaint pour qu’il soit extradé et entendu par le tribunal correctionnel, d’Abidjan-Plateau. Au moment des faits, Toussaint Alain était conseiller du Président Laurent Gbagbo, citoyen ivoirien et non en tant que coopérant français. Il n’a donc pas à se réfugier derrière une quelconque nationalité française pour échapper à la justice ivoirienne.  Autant dire qu’on peut l’extrader. En tout état de cause, je soutiens qu’il est temps  qu’il soit entendu par la justice de son pays.

J’ajouterai que cette quête de la vérité doit s’étendre également à l’assassinat du capitaine Fabien Coulibaly et de ses camarades. Tout soldat mort dans l’exercice de ses fonctions doit recevoir les honneurs de la nation. Le capitaine Fabien Coulibaly et ses camarades sont morts dans l’exercice de leur fonction. C’est l’Etat ivoirien qui les a, officiellement, mis en mission de protection et de sécurisation du Général Robert Guéi. Comble d’ironie, c’est l’Etat ivoirien qui les  assassine. Le père de Fabien Coulibaly, lui-même ancien militaire comprendrait que son fils soit tombé au champ d’honneur sous  ce qu’on appelle le « friendly fire ». Mais qu’on ne reste pas comme ça, sans rien faire pour ces jeunes gens sauvagement assassinés dans l’exercice de leur fonction. L’Etat, c’est une continuité. Je m’étonne de l’inactivité du gouvernement Ouattara dans ce sens-là. Fabien Coulibaly et ses camarades, doivent être décorés et élevés au rang de chevaliers  dans l’Ordre du mérite ivoirien et recevoir tous les honneurs.

Un commentaire sur l’insistance de la CPI quant au  transfèrement de l’ex-première dame, Simone Ehivet Gbagbo, en dépit du refus des autorités ivoiriennes

Vu la façon dont le couple Gbagbo n’a pas hésité à assassiner, à vilipender le corps et à salir la mémoire et la personne du général Robert Guéi, singulièrement, je n’ai aucune compassion ni pour Simone Gbagbo, encore moins  pour son époux. Nous vivons dans un monde pacifié et unifié. Les insistances internationales ont pleinement le droit de se saisir du dossier d’un crime commis partout sur cette planète. Le gouvernement d’alors s’était réjoui de l’intervention des forces françaises sous mandat de l’ONU pour stopper l’avancée des forces rebelles en 2002. L’ONU est une instance internationale. La CPI aussi. Que ce soit l’intervention des forces françaises en 2002 ou l’arrivée de ChoÏ en Côte d’Ivoire, tout cela  avait été soutenu, applaudi et appuyé par le gouvernement de Gbagbo. Hier, ils n’ont pas parlé de souveraineté, alors pourquoi en parlent-il aujourd’hui ? Simone Gbagbo, en tant que femme, justifiait le viol de femmes sur les antennes de Télévisions étrangères. Aujourd’hui, c’est normal qu’elle réponde devant les instances étrangères.

Vous faisiez des propositions au sujet de la flambée des prix des produits en Côte d’Ivoire. Suite à l’annonce de  l’augmentation du prix de l’électricité, les populations grognent. Et ce, en dépit des précisions du Chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Que doit faire le gouvernement dans un tel cas de figure ?

Je m’étonne de la façon et de la période à laquelle certaines décisions sont prises. Alors que le chômage et le manque d’emplois battent des records en Côte d’Ivoire, le gouvernement juge opportun d’augmenter le prix de l’électricité. Même si le gouvernement a reculé, il ne faut pas jouer au pyromane et ensuite  se présenter comme un pompier.  Disons-le tout net. Cette augmentation résulte des récents travaux d’Azito et des barrages inaugurés en grande pompe. Le drame, c’est cette façon de concéder des marchés,  où des pans entiers de l’économie du pays  reviennent à  des multinationales qui, une fois implantées dictent leur loi au gouvernement,  parce qu’elles sont elles aussi tenues par un retour rapide sur investissement. J’estime qu’il faut imposer des joint-ventures avec des sociétés locales à toutes les multinationales qui s’implantent en Côte d’ Ivoire. Cela permettrait d’avoir un regard local et une inflexion sur certaines décisions de ces firmes. L’Afrique reste le seul continent où les multinationales peuvent se faire facilement et rapidement de l’argent au détriment des populations.  Il est temps que cela prenne fin.

Réalisée via internet par Sériba Koné

kone.seriba67@gmail.com

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