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Interview/Dessi Hubert (Député-Maire de Rubino) : ‘’Nous avons donné envie de militer au Pdci-Rda’’


CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 19-8-2016) Très peu porté sur les médias, Dessi Hubert, Député-Maire de Rubino nous a accordé une interview exclusive à travers laquelle il revient sur le laborieux travail de repositionnement du Pdci-Rda dans cette zone. Il ne manque pas de lever un coin du voile sur la récurrente question foncière dans sa localité.

‘’La question foncière est une bombe qui va éclater dans la région’’

Comment se porte le Pdci-Rda dans votre circonscription électorale ?

Dessi Hubert 2Merci de m’ouvrir votre espace et me donner l’occasion de parler de ma circonscription. Je tiens à vous dire que le Pdci se porte bien et même très bien à Rubino. Dans la mesure où nous avons réussi à restaurer depuis trois ans, ce qui était resté comme l’héritage à Agboville IV. Comprenez que cette délégation départementale est composée de trois entités dont les sous-préfectures de  Rubino et Céchi et le village d’Anaguié.

Nous avions à peine 15 secrétaires de section, fort heureusement nous en avons aujourd’hui 32 avec 250 comités de base. En clair, nous avons donné envie de militer au Pdci-Rda. Bien entendu, cela a été possible grâce à un travail d’Hercule en amont des secrétaires de section et des différentes tournées de sensibilisation que j’ai effectuées au niveau de toute la circonscription électorale.

Au niveau de l’installation de la Jpdci au niveau communal, nous avons certes rencontré des difficultés, mais les choses sont en train de se préciser. Pour l’instant, tout va bien. La seule difficulté que nous avons, c’est que nous manquons de moyens de communication. Et cela a été porté sur la table lors de la réunion du bureau de grand Conseil à Tiassalé.

En dehors de vous, y’a-t-il des velléités de candidatures pour les législatives ?

Pour l’heure, je suis le seul candidat du Pdci dans la délégation régionale d’Agboville IV. C’est vrai que beaucoup de personnes se faisaient passer pour les porte-flambeaux du vieux parti, mais ils ont fini par se raviser. Pour l’heure, je tiens à vous préciser que j’ai transmis mon dossier de candidature aux services compétents.

Comprenez que les gens ne sont pas tranquilles parce que le Pdci-Rda compte beaucoup de militants. Dès lors, en se faisant passer pour  des candidats de cette formation politique, ils essaient de faire de la diversion et espérer drainer des foules. Mais je pense que c’est peine perdue pour eux, car chez nous au Pdci, les choses ne se font pas par hasard.

La question du foncier est de plus en plus récurrente dans votre région. A tel point qu’elle revient à l’ordre du jour à chacun de votre Conseil municipal. Quelle est la réelle situation dans les sous-préfectures de Rubino, Anaguié et Céchi ?

C’est une bombe qui va éclater dans la région. Aujourd’hui, des personnes se lèvent avec la loi sur le foncier, et disent que le territoire de mon village s’étend de tel endroit à tel endroit. Et il y a un nouveau corps de métier qui prospère dans la région. Ce sont les démarcheurs de vente de forêts. Quand ils le font, les dossiers arrivent en justice.

Il y a des populations qui sont là mais attendent seulement la mort. Les plantations sont là. Et quand l’acheteur arrive, il abat tout. Et à son tour met des plants. Quand le planteur voit cela, il se fait justice. Et c’est lui qui est jeté en prison. Lors des jugements, le problème  du dossier qui est celui de l’arrachage est mis à côté et c’est l’infraction.

Parce que l’individu a brûlé la case de celui qui a acheté sa terre ou a enlevé les pieds d’hévéa que le nouvel acquéreur a mis en terre. Ils sont jetés en prison parce que n’ayant aucun recours. Et ces populations pleurent et meurent par anticipation. Le taux de mortalité de la région est plus élevé que celui au niveau national. Il y a un problème réel.

Quelles sont vos propositions pour éviter que la  situation ne dégénère ?

Il faut que l’Etat prenne le dossier en main. Il faut mettre fin définitivement à ce problème d’arrachage de terres. Aussi, faut-il prendre des mesures contre la vente illicite des forêts. Parce que très souvent, quand l’affaire arrive devant les juridictions, ce sont les victimes qui sont arrêtées et jetées en prison. Ce qui n’est pas une bonne chose.

Monsieur le maire, où en est-on avec le bitumage de l’axe Agboville-Cechi en passant par Rubino, comme  promis par le Président Alassane Ouattara lors de sa visite d’Etat dans la région de l’Agneby-Tiassa ?

Les travaux sont relativement très lents. Sur 60 kilomètres 500, il y a à peine 18 kilomètres qui sont en traitement. Ils n’ont même pas fini de prendre la terre d’emprunt pour recharger le tronçon. Vraiment, le dossier est totalement en retard. Il y a quelque chose à faire et il faut qu’on la fasse.

Nous sommes en retard. 18 kilomètres après un an et demi. C’est un peu gênant. Il faut l’avouer. Nous avons applaudi ce projet. Même lors de mon intervention, j’ai souligné que le Président Alassane Ouattara dans sa magnanimité n’a pas oublié la région qui semblait être ignorée par les régimes qui se sont succédés. Le Président Ouattara a trouvé juste et a compris que cette région avait besoin de cette route.

Nous n’avons pas été associés, encore moins consultés lors du traçage du tronçon. Nous nous sommes rendu compte que si l’on devait prendre le tronçon initial, il y aurait des risques de perdre le projet. Parce que c’est une zone marécageuse. Il faut donc enlever, décaper toute la terre, l’argile et le sable avant d’y mettre la terre d’emprunt.

Qu’est-ce qui pose réellement problème ? Qu’en est-il des jeunes qui avaient à un moment donné manifesté contre ce projet ?

Avec les élus, le Préfet de la région de l’Agneby-Tiassa, Préfet du département d’Agboville, nous nous sommes retrouvés pour expliquer à ces jeunes. Lorsque nous avons rencontré l’Ageroute à l’issue des expositions qui ont été faites, en tout cas, les jeunes n’étaient pas contents. Sur cette base, nous avons eu à rencontrer les chefs de villages, les chefs de terres et les jeunes du tronçon qui a été abandonné.

J’avoue que ceux-ci avaient totalement raison. Parce qu’il faut reconnaître que le tronçon qui a été fait, ne l’a pas été sur la base du marché qui a été passé. Et les études ont été faites. Ce qui fait qu’on ne peut pas faire d’avenant. Et sur cette base, nous nous sommes dit qu’il faut que les choses avancent.

Le président du Conseil régional, le maire d’Agboville et moi, nous nous sommes dit qu’il ne faut pas que ces villages qui ne bénéficient pas du tronçon soient égarés. Nous nous sommes dit qu’il faut que de temps en temps, nous fassions en sorte qu’il y ait un désenclavement pour ne pas que ces populations soient oubliées. Il faut dire que les gens ont franchement des difficultés à accepter la situation. Mais ils ont fini par comprendre et attendent.

Quelles sont les actions que le Conseil municipal a pu mener  pour le bien-être des populations à Rubino ?

Il faut dire que nous n’avons pas au début jugé utile de médiatiser toutes les actions et les différents projets que nous avons eus pour nos populations. Cependant, si nous devons faire un bilan des actions réalisées, nous pouvons dire que notre bilan est positif. Le premier tronçon de bitume que nous avons eu permet de donner une fière allure à la ville. Nous avons pu intéresser des opérateurs à venir investir à Rubino.

Ce qui fait que ceux qui ne sont pas partis depuis quelques temps, lorsqu’ils y vont, remarquent les grands changements opérés. Certes, nous avons eu un retard dans la finition dans certains projets, mais nous pensons que tout sera fait. Nous sommes en train de construire l’hôtel de ville. Nous avons un stock de financement en investissement qui est en train d’avaler les 100 millions Fcfa qui restent dans des projets à développer.

Il n’y a pas que des travaux physiques. Nous avons réussi à transformer des mentalités. Aujourd’hui, il y a une harmonie sur le terrain à Rubino. Au niveau du Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire, nous avons réussi à monter plus de 60 projets. Il y a plus de 500 femmes qui attendent les financements. Il y a eu un petit blocage au niveau de la Coopec d’Agboville parce qu’il y avait des mains obscures qui ne voulaient pas que les femmes de Rubino bénéficient de ce fonds.

Mais, après l’intervention de la Première-dame, Dominique Ouattara auprès de l’administrateur provisoire de la Coopec d’Agboville, les choses sont rentrées en ordre et les dossiers sont en état de traitement. Mais l’une des difficultés que j’ai, c’est que depuis 2008, je me bats pour que plusieurs villages soient électrifiés, mais il n’y a eu qu’un seul qui l’a été.

Au niveau de Côte d’Ivoire-Energie, on dit que les dossiers ont été montés mais qu’il n’y a pas eu d’appel. J’ai saisi, pour la circonstance, le ministre chargé des Institutions, le ministre de l’Energie pour qu’une solution soit trouvée mais depuis rien. Impossible d’avoir une audience. Et cela n’est pas fait pour arranger les choses en notre faveur.

Et pourtant, je suis de formation, planificateur. J’ai fait des études de planification. Et sur cette base, j’ai la possibilité de transformer les gens en leur montrant comment on peut évoluer d’une situation A à une situation B. je peux permettre aux gens de trouver des ressources pour mieux vivre.

Réalisée par Idrissa Konaté

 

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