Interview/Anoh Christ Simplice (président de l’Avidga) : « Sans indemnisation, la réconciliation sera difficile… »
CIV lepointsur.com (Abidjan, 5-11-2015) Les lampions se sont éteints sur le scrutin présidentiel de 2015 en Côte d’Ivoire. Au moment, où le tenant de l’exécutif ivoirien Alassane Ouattara entame cette deuxième mandature à la tête du pays, les attentes des populations sont nombreuses. Notamment, celles liées à la réconciliation nationale qui passe par la satisfaction de ceux et celles qui ont payé le lourd tribut des différentes crises qui ont secoué la Côte d’Ivoire.
Telles les victimes de guerre, dont l’indemnisation a démarré le 04 août dernier. Dans l’interview qui suit, M. Anoh Christ Simplice (président de l’Avidga),par ailleurs, artisan incontesté dudit processus se prononce sur l’actualité, non sans interpeller le chef de l’Etat Alassane Ouattara, son gouvernement et les autorités compétentes quant à la nécessité d’accélérer le processus d’indemnisation pour garantir la réconciliation nationale, chère à tous les Ivoiriens. Entretien.
« Nous attendons que le processus de réparation s’accélère… »
Lepointsur.com : Depuis quelque temps, l’indemnisation des victimes de guerre, dont vous avez fait votre cheval de bataille a démarré. Quels commentaires, faites-vous ?
Anoh Christ Simplice: L’indemnisation des victimes a effectivement commencé depuis quelque temps. Pour nous, c’est un bon début. Seulement ,vu le nombre de victimes en attente, nous souhaiterions une accélération du processus.
Peut-on savoir, quelle a été la part de contribution de l’Avidga dans ce processus d’indemnisation ?
L’Avidga est une structure mature qui a toujours privilégié le plaidoyer en tant que défenseur de la cause des victimes. Nous avons été beaucoup actifs sur le terrain. Ce qui a permis aux décideurs de comprendre que l’indemnisation est un pan essentiel de la réconciliation en Côte d’Ivoire.
Peut-on dire aujourd’hui, qu’il y a bon espoir que toutes les victimes soient soulagées au bout de l’opération ?
Oui, il ya espoir que toutes les victimes soient soulagées au bout du processus d’indemnisation. Plusieurs ateliers et séminaires organisés dans ce sens ont permis de définir les priorités et les urgences. L’indemnisation peut être communautaire ou individuelle sous forme de projet, de prise en charge ou pécuniaire. Nous souhaitons que les conclusions des différents travaux ne pourrissent pas dans les tiroirs.
Aujourd’hui, peut-on affirmer que les dispositions et les engagements pris par l’Etat de Côte d’Ivoire à travers la Conariv et le Pncs ont été respectés ? Si oui, dites-nous succinctement comment cela s’est déroulé pour éclairer la lanterne de l’opinion.
Oui, nous pensons que les dispositions prises par l’Etat à travers les deux structures qui sont (la Conariv et le Pncs) au cœur du processus d’indemnisation sont respectées. Ces deux structures ont communiqué beaucoup sur les différentes étapes du processus et nous consulte pour certaines décisions. La Conariv travaille pour avoir une liste consolidée des victimes de la crise et le Pncs continue d’appeler des victimes pour retirer soit des chèques ou des prises en charge. Nous osons croire que le rythme va s’accélérer pour le bonheur de tous.
Ne pensez-vous pas que ce début d’indemnisation soit le fait de l’élection présidentielle qui pointait à l’horizon ?
Il y’a eu la phase de lancement des indemnisations le 04 août 2015 et depuis lors, les choses ne se sont plus arrêtées. A quelques semaines de la campagne présidentielle, nous avons vu le professeur Mariétou koné sillonner plusieurs villes avec son équipe pour indemniser plusieurs victimes. Ce qu’il faut retenir plutôt, c’est l’effet que ça eu dans la communauté des victimes car de mémoire d’ivoirien, c’est la première fois que cela se passe alors que notre pays à traversé plusieurs crises. Je voudrais dire merci au professeur Mariètou koné qui se bat beaucoup pour une véritable cohésion sociale en Côte d’Ivoire.
Quelle a été la part de contribution des associations des victimes de guerre, notamment l’Avidga et l’ensemble des victimes dans la réussite de l’élection présidentielle du 25 octobre 2015 ?
Les associations de victimes de guerre ont sensibilisé leurs membres pour qu’ils aillent voter. Nous, a l’Avidga, en plus de la sensibilisions au vote, nous avons participé à l’observation dans plusieurs villes.
Au terme de ces élections qui se sont plus ou moins bien déroulées, l’ensemble des Ivoiriens et de la communauté internationale sont unanimes pour reconnaître que la réconciliation nationale passe nécessairement par l’indemnisation des victimes qui représente un maillon essentiel du processus. Etes-vous de cet avis ?
Oui sans indemnisation la réconciliation sera difficile. Le président de la République, lors de sa prestation de serment a parlé du processus de réconciliation nationale renforcée. Je pense qu’il sait mieux que quiconque que seule l’indemnisation des victimes peut permettre cela. En plus, les victimes de guerre font désormais partie de notre histoire ; on doit les associer à tous nos programmes, car l’indemnisation est leur droit et non une aumône.
Les membres de l’association que vous présidez sont-ils satisfaits de vos actions après le démarrage du processus d’indemnisation ?
Il est trop tôt de parler de satisfaction, car le processus vient de démarrer .Nous avons notre assemblée générale ordinaire en décembre à Duekoué .A cette occasion, les membres pourront mieux apprécier.
Etes-vous satisfaits de la Conariv ?
Oui, la Conariv fait ce qu’elle peut. Elle nous reçoit, lorsque nous la sollicitons et nous rend compte à chaque étape du processus.
Qu’attendez-vous aujourd’hui concrètement des autorités ivoiriennes, singulièrement du Président de la République Alassane Ouattara ?
Que le président sache que les victimes trouveront un cadre pour lui dire merci, concernant le fonds initial de réparation. Nous attendons que le processus de réparation s’accélère et que le fonds soit augmenté.
Que redoutez-vous, quant à la suite de l’opération d’indemnisation ?
Nous redoutons, la non application des conclusions de la conférence de haut niveau où étaient présents tous les acteurs qui interviennent dans l’indemnisation. Qu’on évite d’indemniser en fonction des affinités politiques, ou régionales. Que la loi sur l’identification et la réparation des victimes soit votée. Il faut qu’il ait une prise en charge totale des pupilles de l’Etat et des orphelins de la crise…
Nous sommes au terme de notre entretien, quel est votre message à l’endroit des membres de votre association, des victimes en général et de l’ensemble des Ivoiriens ?
Il faut dire merci à Dieu qui à permis que ces élections se passent dans de très bonnes conditions. J’invite les victimes de guerre à faire confiance à leurs responsables qui font tout pour que les autorités se penchent sur leur cas. Les Ivoiriens doivent comprendre que sans paix, rien n’est possible. Le temps de la guerre et de la violence est passé ; laissons la paix et la cohésion sociale s’installer pour que notre beau pays puisse retrouver sa splendeur d’antan.
Le président doit faciliter le retour des exilés. Comme un père de famille, il doit continuer de tendre la main à tous ces Ivoiriens qui se retrouvent en exil dans d’autres pays à cause de la politique.
Réalisée par EKB
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.