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Interview / Franck  Vléhi  (Acteur principal de la série Brouteurs.Com) : « On n’a jamais perçu 5 Fcfa du Burida pourtant… »


Franck Vléhi, à l’état civil Vléhi Franck Hervé est originaire  de  l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Acteur principal de la Série « Brouteurs.Com », il est, à force de travail et d’abnégation  en train  de réaliser son plus grand rêve. Projecteur sur un acteur pétris de talents.

Quelle est l’actualité culturelle de Franck ?

Mon actualité culturelle  actuellement est Brouteurs.Com 1 et 2. Le 1 parce que  sur le 1, nous sommes en train de faire une campagne dans les écoles. Elle va débuter certainement d’ici deux semaines. C’est-à-dire, dès la reprise des cours nous ferons une campagne de sensibilisation dans une dizaine d’écoles. Ce sera avec l’appui et le soutien du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité. Ainsi que le ministère de l’Education nationale et l’Ambassade de France. Qui sont nos partenaires pour l’organisation de cette campagne qui vise à passer des messages forts dans les écoles.

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Franck Vléhi, acteur principal de ‘’Brouteurs.Com’’

On peut dire que c’est un grand coup ? 

Oui, on peut dire que c’est un grand coup parce qu’à part des actions faites par l’Etat, des citoyens lambda n’avaient pas jamais véritablement lancé une campagne contre la cybercriminalité. On a fait notre film et il est un support de lutte contre la cybercriminalité. Parce qu’il dénonce les méfaits de la cybercriminalité.

Peut-on parler de la baisse de ce fléau depuis la diffusion de Brouteurs.Com ?

De façon statistique, on n’a pas le point pour dire que grâce au film on a constaté  une baisse véritable. Mais ce qui est plutôt palpable c’est  que les gens font beaucoup plus attention maintenant. Parce qu’à travers ce film, on a mis à nue les techniques utilisées par les arnaqueurs. Lorsqu’ils tombent sur un cas similaire  à celui  qui a été vu dans le film. Ils disent « Ah, attention j’ai déjà vu ce cas quelque part. Ça pourrait être une arnaque. »

A vous voir jouer ce rôle, vous semblez être un redoutable brouteur.

(Il s’esclaffe.) Il y a effectivement beaucoup de gens qui après avoir vu le film  disent : «  Ce gars là pour jouer à perfection un brouteur, doit en  être un  forcement. Mais comme je le dis et d’ailleurs ceux qui me connaissent vous diront que je suis diamétralement opposé au comportement du brouteur. J’ai incarné un rôle et comme il fallait sensibiliser la population à travers  le rôle, j’ai donné le meilleur de moi-même. Pour pouvoir vraiment me coller et me fondre dans la peau d’un brouteur. Aujourd’hui, je suis satisfait quand on me  pose la question de savoir si moi-même je ne suis pas un brouteur. Cela veut dire que j’ai bien campé mon rôle.

Il  y avait sûrement beaucoup d’acteurs qui rêvaient de jouer ce rôle. Qu’est-ce qui a  milité en votre faveur ?

C’est le réalisateur Guy Kalou qui a senti la chose. Nous avons déjà réalisé  ensemble le film « Signature ».  Selon ce qu’il a dit, il a remarqué une nette évolution dans mes prestations. Il m’a donné ce rôle parce qu’il a senti que c’était à moi.

Quels étaient vos premiers contacts ?

Nous nous sommes connus en 2005, lorsqu’il apprêtait sa série « Signature ».Quand on s’est vu, le casting était déjà bouclé. Il m’a dit que j’ai la côte de l’emploi mais qu’il était trop tard. Mais je suis resté dans les parages. Quand j’étais sur le plateau de tournage, parfois j’étais ramasseur de câbles, ou perchiste. C’est-à-dire, j’attrapais les micros. Parfois, c’est moi  qui partais acheter la nourriture pour les gens. En tout cas, je faisais tout pour être à côté du tournage. C’est ainsi qu’un jour, un acteur a désisté et on m’a fait automatiquement appel pour  prendre sa place. C’est comme ça je suis devenu Ismaël dans « Signature. »

Passionné de cinéma ?

Oui je suis passionné de cinéma. En fait, je suis passionné d’art et de tous les métiers d’audiovisuels, on va dire. J’ai débuté par l’animation, les publicités et aujourd’hui le cinéma. Très bientôt mon émission. Passionné de cinéma parce que, depuis tout petit quand je vois les  gens jouer, camper des rôles, c’est un peu comme si c’était la réalité et moi, c’est ce cinéma que j’aime. Le cinéma qui ne ressemble pas à du théâtre.

Quel regard portez-vous vous sur l’art en Côte d’Ivoire ?

En Côte d’Ivoire, l’art n’est pas vraiment pris en compte. On se débrouille. Il y a certes la Chambre des métiers ; mais je ne pense que cette Chambre de métiers soit encore arrivée au summum de son art. Le ministère de la Culture a un très grand rôle à jouer. Surtout le soutien aux artistes. Parce que, tant  que les artistes ne sont pas soutenus, tant qu’ils n’arrivent pas à vivre de leur art, l’art ne sera jamais développé en Côte d’Ivoire.

Les acteurs de cinéma ne sont-ils pas pris en compte par le Burida ?

Si les acteurs de cinéma étaient pris en compte par le Burida, ce sera un grand pas. Vous vous imaginez, nos œuvres passent partout à travers le monde. Nous sommes inscrits au Burida, mais on n’a jamais été pris en compte. On n’a jamais perçu 5 FCFA de cette structure.

Ce n’est pourtant pas ce qui se dit

(Il s’énerve à la limite). Non, non. Allez vérifier. Allez faire des enquêtes vous verrez que nous disons la vérité.

Etes-vous regroupés en association ?

Nous sommes en train de nous réunir en association d’acteurs pour pouvoir toucher les autorités qu’il faut toucher. Parce que de la même manière, un chanteur touche ses émoluments, c’est de la même manière qu’un acteur de cinéma doit pouvoir toucher ce qui lui revient. Par exemple, quand on va dans des pays  et qu’on nous dit, le fait d’être sur Youtube selon les conventions internationales, il y a une certaine somme qui est versée au nombre de vues sur Youtube au Burida. Pourtant, cette somme  n’arrive jamais dans nos poches.

Cela veut dire que vous n’êtes pas organisés ?

On va dire. Parce qu’il n y a pas de véritables structures qui gèrent les acteurs.

Peut-être que si on s’organise, on aura un peu de poids au Burida.

Acteur à plein temps ?

Non, je ne suis pas acteur à plein temps .Je suis acteur à temps partiel pour le moment. A côté de cela, je fais mes propres affaires. Je ne me consacre pas encore  entièrement au cinéma. Malheureusement, il ne nourrit pas son homme. Et si jamais on fait cette erreur là, ce n’est pas évident que le cinéma puisse payer les factures.

N’est-ce pas un abus de dire que le cinéma ne nourrit pas son homme, quand on sait  que beaucoup de personnes y viennent ?

Attention à tous ceux qui viennent au cinéma. Il y a des gens qui viennent au cinéma parce qu’ils sont férus du cinéma. Ils aiment vraiment le cinéma et ils veulent en faire un métier. Par contre, il y a d’autres qui y viennent parce qu’ils veulent être vus à la télévision, sur internet, sur les affiches publicitaires. Etre vus un peu partout à travers le monde entier. Ce  n’est pas pour l’amour du métier. Il y a donc deux catégories d’acteurs : Il y a des acteurs qui  aiment la chose. Qui, même avec des moyens pratiquement inexistants tournent. Et des acteurs qui veulent simplement être vus.

Etiez-vous prédisposé au métier de cinéma depuis l’école ?

A l’école, je faisais quelques sketches. Mais, je n’avais rien fait de spécial pour être acteur aujourd’hui. Puisque j’ai fait des études de finances, donc bien loin de tout ce qui est art.

4 films à votre actif avec un prix. Comment avez-vous vécu ces moments ? Peut-on dire que  le succès sonne à votre porte ?

J’ai été surpris de recevoir un prix. D’abord, j’étais allé assister à la cérémonie et c’est étant là-bas que j’ai appris que j’étais le lauréat du prix spécial de la presse du meilleur acteur africain. C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai reçu ce prix et ça m’a donné l’envie de mieux faire. Pour avoir encore plus de prix. Parce que  plus vous êtes reconnus à l’extérieur du pays, mieux c’est. C’est-à-dire que vous êtes une valeur internationale. Aujourd’hui, cela s’est passé en Côte d’Ivoire, mais j’aimerais pouvoir  recevoir des prix un peu partout à travers le monde. Pour atteindre cet objectif, il faut bien-sûr travailler.

Le secret de votre succès ?

B2C’est une grosse discipline vis-à-vis de moi-même. Et puis le travail. Parce que quand je suis sur un film, je me donne à fond. Je fais fi de mes principes à moi. Et j’épouse les principes du rôle que je campe.

Votre regard sur l’industrie cinématographique en Côte d’Ivoire ?

Je pense que si le cinéma ivoirien est subventionné et surtout si les entreprises ivoiriennes s’attèlent à soutenir le cinéma, nous allons très rapidement concurrencer Nollywood. Parce que petit- à- petit, Babywood est né. Et cela, grâce à Guy Kalou. Il ya de plus en plus de gens qui tournent des films. Et  beaucoup aiment les films ivoiriens. Les films ivoiriens sont très très prisés à l’extérieur. Vous ne pouvez même pas savoir à quel point. Mais malheureusement, il n’y a pas assez de films ivoiriens. Tout simplement parce que les bonnes  productions sont très coûteuses. Pour faire un bon film, il faut de gros moyens. Il y va de l’image et de la culture d’un pays. Voilà pourquoi, il faut véritablement s’apprêter et avoir  de bons moyens pour pouvoir faire un bon film.

Le rôle que vous jouez n’a-t-il pas de répercussion négative sur votre vie ? Mieux, les gens ne vous regardent-ils pas d’un mauvais œil ?

On va dire non. Ceux qui ne me connaissent pas s’amusent à m’appeler le brouteur. Ça les amuse. C’est clair, qu’il y a des gens qui sont persuadés que je suis passé par là. (Rires) Mais je les rassure à travers vous que je n’ai jamais été brouteur. Ils sont un peu trop intelligents pour moi, les brouteurs. J’ai juste campé un rôle. Aujourd’hui ça ne joue pas négativement contre moi, parce qu’il y a des gens qui savent que ce n’est qu’un rôle.

Opportune Bath

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