Interview/Doukoua Godé (Président de la Fédération nationale des associations de consommateurs de Côte d’Ivoire) : ‘’Consommateurs de Côte d’Ivoire arrêtez de vous intoxiquer’’
CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 26-2017) Au cours d’u entretien, le président de la Fédération nationale des associations de consommateurs de Côte d’Ivoire (FAC-CI) est revenu sur plusieurs cas de violation des droits du consommateur, avant d’encourager l’Etat à œuvrer davantage pour la protection de ces droits. Doukoua Godé ne maque pas d’interpeller les premiers concernés à la vigilance. Pour la nouvelle année qui débute dans quelques jours, il renouvelle son engagement à poursuite la lutte pour le bien-être du consommateur ivoirien.
Que renferme cette idée des droits du consommateur ?
Le droit du consommateur issu de la résolution votée à l’unanimité par l’assemblée générale des nations unis le 9 avril 1985 vise une triple protection des intérêts du consommateur. C’est-à-dire les intérêts physiques, économiques et juridiques. Les droits du consommateur ont pour mission de protéger nos intérêts en tant que consommateur.
L’année 2017 va bientôt s’achever. Pesez-vous qu’elle a été marquée par la lutte des droits des consommateurs ?
L’année 2017 a été pour le consommateur une année assez difficile. Mais il est bon de dire qu’il y a eu des efforts entrepris au niveau du gouvernement de Côte d’Ivoire pour apporter des solutions à la problématique endémique de la cherté de la vie. Il faut dire que la loi portant code de la consommation qui a été votée en 2016 a été promulguée. Et cette loi a entrainé l’installation du Conseil national de la lute contre la vie chère qui est une structure essentielle à la protection des intérêts économiques des consommateurs. Mais au delà de cela, le gouvernement Ivoirien a pris un décret portant plafonnement des prix des produits de grande consommation qui est une innovation majeur depuis plusieurs années. Parce que cette disposition permet d’éviter toute situation déviationniste contre les intérêts des consommateurs. Nous avons eu des activités allant dans la promotion des droits du consommateur. On peut citer notamment, l’installation de plusieurs sections à l’intérieur du pays afin de nous rapprocher du consommateur. Nous avons mis en place une Confédération des organisations de consommateurs que j’ai présidé pendant quatre ans. Récemment nous avons organisé une élection démocratique où nous avons passé le flambeau. C’est vrai que nous avons beaucoup fait, mais il reste beaucoup à faire. Nous ne désespérons pas. Au cours de cette année après une rencontre avec le Ministre des Infrastructures, nous avons échangé avec l’Officie ivoirien des chargeurs (Oic) et la Sodeci. Malgré nos efforts, la vie continue d’être chère pour les consommateurs que nous sommes. Dans nos villages les gens souffrent. Et cela est dû à la mévente des produits agricoles tels que le cacao, le café, l’hévéa où les paysans subissent de plein fouet la baisse des cours au plan mondial et qui a une répercussion sur les populations.
Quelle appréciation faites-vous du panier de la ménagère en termes d’accès aux denrées au titre de l’année qui va s’achever ?
Je crois que le panier de la ménagère continue d’être chère. Comme vous le savez, si vous avez un faussé qui est très profond pour le remplir cela ne sera pas facile. Je crois qu’il y a beaucoup de chose qui font que les mesures gouvernementales qui devaient être apporter, assurer et garantir un mieux être aux consommateurs n’aboutissent pas. C’est parce qu’il existe des commerçants véreux qui ne jouent pas franc-jeu. Quand le gouvernement prend des décisions les opérateurs économiques courent à contre courant. Et, ce sont les consommateurs qui en pâtissent. A cela s’ajoute la problématique de la corruption. Pour que toutes les décisions aboutissent, il est important que toutes les parties jouent franc-jeu. Quand ce n’est pas fait, on ne peut pas constater les efforts en provenance du gouvernement. Et il y a le manque d’impunité. Il faut donc un contrôle systématique en amont, de telle sorte que toutes les personnes qui ne respectent pas les décisions gouvernementales soient verbalisées selon les règles en la matière.
Comment expliquez-vous qu’à chaque fête de fin d’année, les marchés sont inondés par des articles impropres à la consommation ?
L’Etat doit être plus rigoureux, plus regardant. Quand tu vois une viande moins chère sur le marché c’est très souvent parce qu’elle est de mauvaise qualité. Mais il n’y a pas que la viande. Il existe des boissons qui sont frelatés. On constate également des fabriques de boissons gazeuses dans les arrières cours avec des colorants. Consommateurs de Côte d’Ivoire arrêtez de vous intoxiquer. Nous interpellons le gouvernement pour que les contrôles soient accrus dans tous les sens. Non seulement dans le sens de nos intérêts économiques, pour dire que les gens doivent respecter les dispositions qui sont prises par l’Etat de Côte d’Ivoire concernant le plafonnement des prix, mais également pour des produits tels que le gaz butane dont les commerçants ne respectent pas le prix dans les quartiers. Il faut multiplier le contrôle dans le sens de la qualité des produits qui nous sont vendus. Si vous faites un tour à l’abattoir vous n’allez plus manger de la viande. Le milieu est malsain. Les consommateurs sont donc exposés à toutes sortes de maladies. Cela revient à l’Etat de mettre tous les moyens pour arrêter ces pratiques. Nous lançons aussi un appel aux consommateurs d’être vigilants. Il faut signaler les choses anormales au ministère du Commerce, et dans les services d’hygiène des mairies. A l’intérieur, il faut le faire auprès des autorités et services compétentes.
Pour la nouvelle année, quelles sont vos attentes du pouvoir en matière de fixation des prix des denrées alimentaires ?
Ce que nous attendons du pourvoir c’est de continuer sur la lancée de la protection des consommateurs. Il y a des textes qu’il faut finaliser. Des structures ont été mises en place et d’autres vont suivre. Le gouvernement doit faire en sorte que toutes les décisions prises soient suivies d’effet.
Vous avez dénoncé la cherté des denrées alimentaires, le problème de manque d’eau dans les quartiers. Cela représete-t-il des cas de violation des droits des consommateurs ?
Je crois que nous continuons de faire ce que nous avons à faire. Il faut avoir accès aux choses de base. C’est-à dire l’eau, l’électricité, l’éducation, la santé et l’assainissement. Ce sont des droits primordiaux des consommateurs que nous sommes. Il revient à l’Etat d’apporter aux populations ces services sociaux de base. Nous les encourageons à faire en sorte que chaque Ivoirien, où qu’il se trouve puisse avoir accès à tout cela. Je crois que ce sont des droits fondamentaux dont l’Etat à la protection. Nous encourageons l’Etat à faire davantage pour le bien n’être des populations. Je voudrais profiter de votre espace pour souhaiter une bonne année 2018 à tous les consommateurs.
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