[Interview/Coffi Kouassi (président du Syndicat National des pensionnaires retraités du Privé et des personnes du 3ème Age de Côte d’Ivoire)] : « Nous voulons de meilleures conditions de vie »
Abidjan, 17-02-2022 (lepointsur.com) Les retraités du privé de Côte d’Ivoire réunis au sein du Syndicat National des pensionnaires retraités du Privé et des personnes du 3ème âge de Côte d’Ivoire (Synappci) ne sont pas contents de leurs conditions de vie et de leur traitement à la Caisse nationale de prévoyance Sociale (Cnps). Au cours d’un entretien, le président dudit syndicat, Coffi Kouassi le fait savoir et appelle le chef de l’Etat Alassane Ouattara à se pencher sur leur situation très difficile.
Concrètement, quel est votre problème avec la Caisse nationale de Prévoyance Sociale (Cnps) ?
Il s’agit du bien-être des retraités. Voyez-vous, la Cnps se présente comme une caisse de prévoyance et de social. Il se trouve que cette caisse ne joue pas son rôle. Surtout avec les nouveaux dirigeants. Contrairement à l’ancien directeur général Bernard N’Doumi qui échangeait régulièrement avec le bureau de notre syndicat, nous n’avons jamais vu le nouveau Dg Kouassi Charles depuis qu’il est à la tête de la caisse. Malgré nos nombreuses demandes d’audiences, nous n’avons jamais été reçus par celui-ci. Nous nous demandons bien si nous existons à ses yeux.
Pourquoi voulez-vous le rencontrer ?
Nos problèmes sont multiples. Dans un premier temps, lui expliquer la misère des retraités. Pour exemple, un retraité qui perçoit une pension de trente (30) mille Fcfa aujourd’hui, que peut-il faire avec ? Bien que le président de la république Alassane Ouattara ait demandé de changer les catégories des retraités, la Cnps ne s’est pas exécutée. La décision du président de la république n’a jamais été appliquée par la Cnps et les retraités vivent toujours dans la même situation de précarité. Deuxième point, il s’agit de la retraite anticipée. Aujourd’hui, le prélèvement de 25% est malheureusement amputé sur la petite pension toutes les fins de mois et cela jusqu’à la mort de celui qui a pris la retraite anticipée. Nous ne comprenons pas cette situation. Est-ce du social que fait la caisse ou pas ? Seule la Cnps peut l’expliquer. Nous avons saisi la présidence et notre courrier reste toujours sans réponse. Nous avons saisi le ministère des affaires sociales qui ne nous a pas répondu. Nous avons envoyé plusieurs courriers à l’actuel Dg de la Cnps qui sont toujours sans réponse. Et pendant ce temps, les retraités qui ont travaillé et cotisé pour la caisse broient du noir et sont exposés à des morts en cascade et à des maladies qui les rendent invalides. Troisième problème ; nous avons été travailleurs et nous sommes à la retraite. Nous sommes surpris que les travailleurs ne siègent pas au conseil d’administration de la Cnps et les retraités n’y sont pas. Il faudrait qu’il y ait des retraités qui siègent au conseil d’administration de la Cnps. C’est une injustice qu’il faut réparer au plus vite pour un parfait équilibre. Cela permettra aux retraités d’être mieux informés sur les activités de la Cnps. Nous ne savons pas comment nous sommes payés et gérés. Nous sommes devenues le lait à vache. Au-delà même du directeur général de la Cnps, nous voulons rencontrer le président de la république Alassane Ouattara pour lui exposer nos difficultés et nos propositions.
Est-ce que les retraités ont été pris en compte dans les innovations de la Cnps ?
Non ! Rien n’a été fait pour améliorer nos conditions de vie. Avant les retraités étaient payés chaque trois mois. Et l’on enregistrait des morts en cascade dans nos rangs. Lorsque le président Laurent Gbagbo est arrivé au pouvoir et qu’il a été informé de cette triste réalité, il a demandé à ce que le paiement se fasse chaque fin de mois suivi d’une augmentation des retraités. Mais aujourd’hui, les innovations du président Alassane Ouattara par rapport à la revalorisation des pensions et le taux horaire du Smig à 60 mille Fcfa, devraient impliquer une réforme de la grille salariale des retraités. Malheureusement cela n’a pas été pris en compte. Nous avons interpellé la Cnps à plusieurs reprises qui ne nous a jamais répondu. Nous nous posons bien la question de savoir si la Cnps dans sa version actuelle est là pour le social ou pour elle-même ? Le retraité souffre. Surtout le 3ème âge. Nous sommes dans un pays de bonne gouvernance, donc tout ce qui doit se faire doit être bon pour le bonheur des populations.
Que souhaitez-vous donc ?
Nous voulons l’arrêt systématique et sans condition des prélèvements sur tous ceux qui ont plus de dix (10) après la retraite anticipée. 25 mille qu’on retranche sur une pension d’un retraité, c’est trop. Il va lui rester combien pour s’occuper de sa famille? Deuxième doléance, revoir et changer la grille salariale des retraités, et enfin tous les deux ans, revoir à la hausse la pension des retraités. Nous interpellons le chef de l’Etat Alassane Ouattara afin de se pencher sur la situation des retraités qui meurent en grand nombre chaque jour à cause de la misère. Que le chef de l’Etat Alassane Ouattara use de ses pouvoirs pour que les retraités du privé siègent au conseil d’administration de la Cnps. Bientôt tous les retraités du privé iront à une AG pour plancher sur leur situation. Nous demandons à tous nos camarades de se rapprocher du syn syndicat afin de mener ensemble la lutte. Car c’est en étant unis que nous pourrons obtenir satisfaction.
Réalisée par M. Yvan (Une correspondance particulière)