Insalubrité/ Abidjan, la baie de Cocody, rien qu’un vaste dépotoir d’ordures
Abidjan, jadis « Perles des lagunes » du temps de sa splendeur, est devenu aujourd’hui un véritable dépotoir. Son embellie d’antan a foutu le camp pour faire place à une forte odeur nauséabonde. Disons-le net, Abidjan ne mérite plus cette appellation depuis des années.
En effet, la lagune Ebrié, cette immense étendue d’eau, autour de laquelle s’est construite la capitale économique ivoirienne, est envahie à certains endroits par des tas d’immondices. Notamment la commune du Plateau, centre ville, par ailleurs poumon des affaires et la zone résidentielle de Cocody
Un fait plausible : la baie de Cocody a disparu sous près de 50 hectares d’immondices et de vase qui se sont consolidées en une surface plus vaste que « le Vatican ».
« L’aspect de la baie n’est pas acceptable », reconnaît Rémi Allah Kouadio, ministre de l’environnement. Avant d’ajouter, « elle sert d’exutoire à tout ce qui est jeté dans les quartiers en amont où vit près d’un tiers de la population d’Abidjan. Eaux de ruissellement, déchets, eaux usées. Tout se mélange, ce n’est plus possible. »
La réhabilitation de cette baie fait partie des grands projets du Président Alassane Ouattara. Son convoi longe chaque jour cette décharge à ciel ouvert, lorsqu’il quitte sa résidence pour le palais présidentiel. Ce triste tableau ne cadre pas avec la vision du Président Ouattara qui ambitionne de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020.
A preuve, il envisage de faire de cette baie une aire de détente et de tourisme écologique. Une première dans la capitale économique du pays. A cet effet, un cabinet d’architectes, « Koffi & Diabaté », a déjà tout prévu : Aménagement de sentiers piéton.
Salubrité urbaine: Un véritable casse tête chinois
De la perle des lagunes, la lagune Ebrié est devenue la perle des ordures. Une réalité irréfutable. De même, certaines communes d’Abidjan luttent pour la palme d’or des ordures. Entre autres, les communes d’Abobo et d’Adjamé qui sont en tête de liste. Le boulevard Nangui Abroguoua d’Adjamé, malgré les actions du maire Yssouf peine à gérer ses ordures.
Un environnement malsain dans lequel des femmes commercialisent des denrées alimentaires sans sourciller. Connue à l’international sous l’appellation « Perle des ordures», elle recevra le 19 août 2006, un colis spécial « Déchets toxiques », un groupe de mots que les ivoiriens venaient pour la majorité, de découvrir pour la première fois.
Les rues de la commune du plateau sont majoritairement parsemées de sachets d’eau. Cela n’est point étonnant en ce sens que les poubelles publiques y sont rares et celles qui existent sont parfois remplies d’ordures.
Faites un tour dans la commune de Port-Bouët et vous serez surpris par la splendeur des plages au sens figuré du mot. En effet, les ordures luttent la plage avec les excréments humains. Et cela semble ne pas déranger les populations avoisinantes.
Beaucoup de caniveaux sont bouchés dans certaines communes comme celle de yopougon et cela est dû au fait que certaines franges de la population trouvent bon d’y jeter les ordures ménagères. Les moins courageux attendent la nuit pour le faire en toute discrétion.
La forte odeur dégagée par la lagune Ebrié du côté du stade Félix Houphouët- Boigny oblige les piétons et conducteurs de se trouver autre chemin car il était impossible de passer à cet endroit sans monter les vitres de sa voiture ou se couvrir le nez pour éviter de respirer cette odeur pas du tout qualifiable.
Au total l’on a l’impression que tous les efforts menés par certains organismes (Gouvernement, ONG) sont vains. Espérons que la loi n° 96-766 du 3 octobre 1996 portant Code de l’Environnement soit actualisée et mise rigoureusement en vigueur afin que la politique de salubrité urbaine soit être effective dans son ensemble.
Armand Léon