Incarcération des opposants sans jugement, condamnation du journaliste Joseph Titi/ Joël Poté écrit au Président Ouattara #paixciv
A Son Excellence Monsieur le Président de la République.
Je voudrais humblement vous demander de bien vouloir excuser le caractère peu protocolaire de cette correspondance. Loin de moi l’intention de vous juger publiquement, je n’en ai ni les moyens ni les capacités mais c’est la seule voie qui s’offre à moi pour m’adresser à vous.
Excellence Monsieur le Président, depuis quelques années j’ai cette obsession de rapprocher les ivoiriens malgré leur différences politiques, ethniques et religieuses non pas pour une uniformisation de la vie politique ni pour un retour à la pensée unique mais pour démontrer que notre diversité n’est pas une faiblesse mais une force pour la reconstruction de notre système démocratique.
Excellence Monsieur le Président, depuis votre accession au pouvoir, nous constatons avec amertume qu’une catégorie d’ivoiriens sont l’objet d’un acharnement particulier de la part de votre régime. Malgré les signes visibles de cette injustice, bon nombres d’entre eux sont rentrés d’exil afin de participer au développement, à la vie politique de notre patrie encore convalescente. Malheureusement leur désillusion n’a été qu’amère. Ces ivoiriens rentrés d’exil ont rejoint nombreux d’autres ivoiriens qui croupissent en prison sans jugement du fait de la crise post électorale.
Excellence Monsieur le Président, la communauté internationale a-t-elle investi tant de moyens militaires, financiers, logistiques et humains pour vous installer au pouvoir pour humilier et emprisonner une catégorie d’ivoiriens ou pour créer un espace propice au jeu démocratique ? Cette question m’est revenue à l’esprit après l’arrestation du journaliste Joseph Titi et des agents du ministère du commerce qui ont observé une grève tout en respectant les règles en la matière.
Excellence Monsieur le Président, la liberté est le destin naturel de tout peuple. La haine est un voile qui nous plonge dans l’aveuglement pour nous conduire vers des folies meurtrières. Les grandes nations ont été conduites à la grandeur par la main triomphante de la liberté. Et ce bien précieux est gardé et défendu partout enfin que rayonnent l’héroïsme de leurs valeureux ancêtres et la gloire de Dieu.
Monsieur le Président, nous vous invitons à poser la pierre du 4ème pont, le pont entre les cœurs des ivoiriens en libérant Joseph Titi, les agents du ministère du commerce qui réclamaient un mieux être et tous les prisonniers politiques. Prenez rendez vous avec l’histoire, car elle aussi vous regarde.
Tout en vous exprimant ma gratitude pour le temps que vous avez pris pour me lire, dans l’espoir que mes propos trouveront auprès de vous un écho favorable, veuillez agréer Excellence Monsieur le Président, mes sentiments respectueux.
Joël Poté
Écrivain, président du CND
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