Hong Kong perturbée par une journée de grève générale


Le métro bloqué ce matin, des avions cloués au sol, plusieurs rassemblements à la mi-journée… Hong Kong vit ce lundi 5 août au rythme d’une journée de grève générale et de contestation après un week-end de mobilisation tendu.

Des policiers en tenue anti-émeute ont procédé aux premières arrestations dans le nord de Hong Kong ce midi. Des protestataires tout de noir vêtus se sont réunis devant un commissariat de police pour dénoncer l’interpellation violente d’une manifestante dans la soirée d’hier, de nouveau marquée par des affrontements avec les forces de l’ordre.

Dans l’après-midi, sept manifestations simultanées ont eu lieu, constituant un défi pour des forces de l’ordre, qui concentrent l’ire des manifestants. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés dans au moins quatre endroits différents, notamment près du parlement local et pour disperser des contestataires radicaux bloquant une autoroute urbaine.

Blocages dans le métro

Plus tôt dans la journée, de fortes perturbations ont touché les transports en commun. A l’heure de pointe ce matin, le métro était en grande partie paralysé par des manifestants qui ont tenté de bloquer les portes des rames. La situation a commencé à revenir à la normale à la mi-journée. Et à l’aéroport international de Hong Kong, plus de 200 vols ont été annulés alors qu’un tiers des contrôleurs aériens a suivi le mouvement de grève.

C’est une situation inédite ici à Hong Kong puisque la culture du travail est très importante dans cette société ou les salariés ne sont pas protégés en cas de grève pour un motif politique. Beaucoup doivent ruser donc, en prenant par exemple un jour de congé pour rejoindre le mouvement.

Le rythme de la contestation devrait s’accélérer puisqu’une dizaine de rassemblements ont lieu en ce moment avec pour objectif, toujours, d’accentuer encore plus la pression sur le gouvernement local.

« Renverser Hong Kong »

Mais, loin de céder, la cheffe de l’exécutif Carrie Lam est sortie de réserve lors d’une rare conférence de presse pour accuser les protestataires de tenter de « détruire » la vie des Hongkongais. Alors qu’elle avait fait profil bas à mesure que la contestation devenait de plus en plus violente, Carrie Lam est sortie lundi matin du silence pour critiquer frontalement le mouvement.

« Nous avons vu récemment, c’est très clair, que les gens proposent de manière impertinente de « reprendre Hong Kong, la révolution de notre temps » (…) et de contester la souveraineté nationale du pays », a déclaré Mme Lam à la presse en référence à un slogan couramment utilisé lors des manifestations.

« J’ose affirmer que cela vise à renverser Hong Kong, à détruire complètement la précieuse vie de plus de sept millions de personnes », a-t-elle averti. Accusant les manifestants de pousser la ville « au bord d’une situation très dangereuse », elle a réaffirmé : « Le gouvernement sera ferme pour maintenir la loi et l’ordre et rétablir la confiance. »

♦ La bourse de Hong Kong a perdu 2,85% points lundi à cause de la situation des manifestations mais aussi des tensions commerciales qui s’aggravent entre Pékin et Washington.

Troisième place financière de la planète, la bourse de Hong Kong est non seulement le poumon de l’économie du territoire mais joue aussi un rôle important pour l’économie chinoise dans son ensemble.

Si Pékin décide d’envoyer des troupes pour réprimer les manifestations et renforcer ainsi son emprise sur l’ancienne colonie britannique, l’effet sur les investisseurs sera immédiat. Ce qui laisse à penser que le gouvernement chinois n’a aucun intérêt en arriver là.

La place financière de Hong Kong joue en effet un rôle central pour l’introduction en bourse des entreprises chinoises et l’an dernier, elle s’est hissée à la première place mondiale en termes de capitaux levés.

Mais elle subit depuis plusieurs mois déjà les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis. Car depuis plusieurs années la dépendance de Hong Kong à la Chine ne fait que grandir. Plus de 45% de ses échanges dépendent de l’empire du Milieu.

L’économie de Hong Kong subit également le ralentissement de l’économie chinoise. Son PIB a atteint 3% l’an dernier, soit une baisse de 0,8% par rapport à 2017.

RFI

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