Hervé Renard et la Côte d’Ivoire: une qualification et des doutes


Au micro de RFI et en exclusivité, Hervé Renard, le sélectionneur de la Côte d’Ivoire, est revenu sur le parcours des Éléphants désormais qualifiés pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations en Guinée équatoriale. Il fait aussi le point sur sa situation personnelle.

Hervé Renard est arrivé en Côte d’Ivoire à l’issue du Mondial 2014 où les Éléphants n’ont pas vraiment écrasé leurs adversaires. On annonçait un groupe accessible pour les coéquipiers de Yaya Touré, mais la désillusion a marqué la fin de la Coupe du Monde 2014 pour eux. Le 24 juin 2014 à Fortaleza, l’équipe de Côte d’Ivoire a été privée du premier huitième de finale de Coupe du monde de football de son histoire après avoir été battu par la Grèce 2-1. A l’issue du match, leur sélectionneur Sabri Lamouchi avait annoncé son départ et la sélection avait le moral en berne.

Logique de qualifier la Côte d’Ivoire

Aujourd’hui, Hervé Renard a qualifié la Côte d’Ivoire pour la CAN 2015, mais son contrat est loin d’être terminé. « C’est une chose normale (d’être qualifié). Le contraire aurait été un cataclysme », lance le nouveau sélectionneur qui devrait vivre sa cinquième CAN d’affilée en janvier prochain. « C’était un contrat à remplir et je ne suis pas particulièrement excité ». Après avoir été champion d’Afrique en 2012 avec la Zambie face à la Côte d’Ivoire, le challenge paraissait à sa hauteur. Sauf que le parcours en éliminatoires ne fut pas un long fleuve tranquille. Il y a eu surtout la défaite face au Cameroun (4-1). « C’est le football. Après deux matches, il n’y a avait rien de catastrophique. Derrière, il restait quatre rencontres et il fallait rester serein. Moi je venais d’arriver et certains joueurs n’avaient pas digéré leur Coupe du monde », explique-t-il. « Ne vous inquiétez pas coach on va se qualifier », ont selon Renard lancé les joueurs à ce moment-là. « Le Cameroun mérite amplement sa première place car ils ont été plus réguliers et plus performants que nous », avoue finalement l’entraîneur.

Hervé Renard, ira-t-il en Guinée équatoriale ?

« Pour moi, le plus important c’est que la Côte d’Ivoire soit qualifiée pour la CAN. Aujourd’hui, j’ai un sentiment de soulagement », confie-t-il. Même si le coach précise que, « tous les éléments ne sont pas réunis » pour qu’il puisse mener à bien la mission qui lui a été confiée. « Mais l’intérêt général, c’est l’intérêt de l’équipe », admet l’ancien entraîneur de Sochaux. « C’est à moi de régler mes problèmes en tête à tête avec les personnes qui sont en charge de cette fédération. Je n’ai pas à faire part de mes sentiments à tout le monde ».

Hervé Renard, amoureux du continent africain qu’il a découvert grâce à Claude Le Roy, a choisi de vivre en Côte d’Ivoire et attend toujours la possibilité de s’installer dans sa propre maison. « Beaucoup de gens sont au courant de cette situation, mais personne ne bouge », regrette-t-il. Il ajoute : « Certainement que l’on a attendu que cette qualification se passe et, quelque part, c’est un manque de confiance ». Que ce soit en au Ghana, en Zambie ou en encore Algérie, le sélectionneur avait toujours vécu dans le pays.

Alors ira-t-il au bout de son contrat, donc en Guinée équatoriale ? En Angola en 2010, il avait jeté l’éponge. « Je ne détiens pas la réponse », juge-t-il. « Lorsque vous dite quelque chose à quelqu’un, soit il en tient compte, soit il n’en tient pas compte ou soit il ne peut rien faire ou soit il peut faire quelque chose (sic). Les problèmes sont aussi simples que cela, il suffit d’être clair et chacun prend ses responsabilités ». Toujours à la recherche d’un entraîneur, le Sporting Club de Bastia (Ligue 1) se serait rapproché de lui ces derniers jours. Un signe ? On peut noter cette phrase dans la bouche d’Hervé Renard qui a toujours eu des sentiments pour ceux avec qui il travaille et qui en dit long sur son état d’esprit actuel : « Il ne faut penser qu’à l’intérêt professionnel, les intérêts sentimentaux ne rentreront plus en compte. »

Pour faire quoi ?

Renard est invaincu depuis neuf matches en phases finales de la CAN. Et maintenant ? « Il faut toujours en vouloir plus, et avec cette équipe, on peut être très ambitieux. Quand on a gagné une fois et quand on est le sélectionneur d’une des meilleures équipes en Afrique, on a dans un coin de sa tête l’idée de reconquérir un titre. Mais rien n’est facile, car beaucoup d’adversaires veulent la même chose. Il va falloir se battre et être plus performant que lors de la phase de qualification ». Et pour la première fois depuis un moment, la Côte d’Ivoire ne sera pas l’équipe favorite sur le papier. Ce qui lui permettra peut-être d’avoir « un peu moins de pression » que lors des éditions précédentes.

Avec 11 buts encaissés lors de la phase de qualification, la Côte d’Ivoire va devoir travailler son secteur défensif. D’ailleurs, ils étaient nombreux à le reconnaître à l’issue de la qualification. « Nous avons des qualités offensives, mais il va falloir remédier à nos lacunes du côté défensif. Et ce n’est pas le problème d’Hervé Renard, car tous les entraîneurs qui sont passés ces dernières années ont eu ce problème. Donc, il va falloir encore beaucoup travailler », avait dit Gervinho à l’issue de la dernière journée. « Il faut y aller par petites touches », explique Hervé Renard qui n’a pas titularisé Copa Barry lors des deux dernières rencontres et qui a rappelé Kolo Touré.

Propos recueillis par Emmanuel Koffi à Abidjan, RFI

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