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Hamsatou Anabo (la journaliste d’alerte info agressée et violentée à Grand-Bassam) témoigne: ‘’Je serai toujours journaliste’’ (rectificatif)


La journaliste Hamsatou Anabo du site alerte info, battue par des manifestants à Grand-Bassam, le 16 décembre 2018, jour de la reprise du scrutin, témoigne de son agression et des violences subies.  

« Les faits: ce matin je vais à Bassam pour couvrir une marche « des électeurs qui n’ont pas pu voter » lors de la reprise de municipale du 16 décembre.

J’arrive devant la bibliothèque municipale, des policiers et gendarmes sont rassemblés devant une foule d’individus surexcités qui portaient des tee-shirts d’un candidat…

Je m’approche d’un policier:

Moi: bonjour Chef, je suis…. journaliste à… je n’ai même pas fini ma phrase

Lui: eh ma chérie, faut partir deh, s’ils savent que tu es journaliste ils vont te frapper

La situation était très tendue mais je dois travailler, je suis là pour ça.

Je tourne dans le village jusqu’à la place de l’Abyssa et je reviens sur mes pas (à la bibliothèque municipale).

Je m’arrête dans un coin avec un confrère pour observer ce qui va se passer vu que la CRS venait d’arriver.

J’aperçois un jeune surexcité qui courent s’approche de moi en courant dans ma direction.

Lui: Heee toi la donne téléphone, tu es en train de nous filmer

Moi: non

En moins de deux secondes une dizaine de jeunes m’encerclent.

Eux: faut ouvrir téléphone-là on va voir toutes tes photos, sinon tu ne bouges pas

Moi: calmez-vous je suis journaliste. Voici ma carte de presse.

Eux: on fait rien avec

Je sens un coup au niveau de mon ventre, un autre attrape mon poignet, le tourne, prend mon téléphone et mon sac

Eux: déverrouille téléphone-là on va voir nos photos. Depuis matin on te voit tourner ici tu n’es pas de Bassam.

Je déverrouille mon téléphone d’autres regardent mes photos tandis que les coups de poing se poursuivent au niveau de mon ventre. Je crie, je demande pardon, ils doivent être sourds peut-être…Je tombe, les coups continuent

Quand ils ont réalisé que je n’ai pris aucune photo d’eux, l’un d’entre eux à crié : « tu n’as pas dis que tu es journaliste? Demain encore faut revenir ici on va te sogo (piquer avec couteau) ».

Un vieux qui passait m’a aidé à me relever et m’a mis dans le premier taxi pour revenir à Abidjan.

Mes commentaires: les gens qui m’appellent pour me dire « j’ai appris que tu as été agressé, pourquoi tu vas toujours ou il y’a danger? »

C’est mon travail, je suis Journaliste.

J’ai fait d’énormes sacrifices pour être journaliste. Ce n’est pas maintenant que je vais abandonner à cause d’une agression. Je suis à l’aube de ma carrière…

Même demain s’il y’a marche à Grand-Bassam j’irai, ils peuvent me piquer avec un couteau, ils peuvent même m’égorger s’ils veulent, je suis journaliste pour le moment! »

Pris sur la page Facebook de De Laure Nesmon

 

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