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Guillaume GBATO, Secrétaire Général du SYNAPPCI : « Habiba ne peut plus continuer de diriger l’UNJCI »


Plusieurs sujets agitent en ce moment le monde des médias en Côte d’Ivoire. Application de la convention collective à la fin de ce mois, aide du chef de l’Etat au comité d’organisation de la journée mondiale de la liberté de la presse et aux journalistes accrédités à la coupe du monde 2014, retour du président Traoré Moussa à la tête de l’UNJCI etc. Sur toutes ces questions le Nouveau Réveil a demandé l’avis du secrétaire général du SYNAPPCI. Entretien…

Guillaume Gbato, Secrétaire Général du Synappci

Guillaume Gbato, Secrétaire Général du Synappci

Nouveau Réveil : Monsieur le secrétaire Général, les entreprises de presse sont supposées payer les 1800 points de la convention collective dès la fin de ce mois. Est-ce que le rendez-vous sera tenu ?

Guillaume Gbato : Il n’y aucune raison pour que le rendez-vous ne soit pas tenu. La décision du Conseil national de la presse (CNP) du 07 mai 2014 sur la question est suffisamment claire. Et comme jusque là il n’y a pas eu de décision contraire du CNP, alors que les virements sont censés avoir été faits, nous pensons que les choses se sont faites conformément à la décision du CNP.

N.R. : Mais certains évoquent une initiative de la ministre de la communication qui devait aboutir à une légère modification de la décision du CNP. Qu’en est-il ?

G.G. : effectivement, les services du ministère de la communication nous ont approchés. Ils nous ont expliqué que madame la ministre, à la demande du GEPCI, avait souhaité que nous acceptions que l’application de la convention collective soit différée au 1er janvier 2015, mais cette fois avec les 1900 points directement. Nous avons remercié madame la ministre pour son intérêt et son implication personnelle dans ce dossier. Mais nous lui avons demandé de laisser la décision du CNP s’appliquer. Parce que pour nous, celui qui peut appliquer 1900 points en janvier 2015, peut appliquer 1800 en juillet 2014. Nous avons donc rejeté les arguments qui nous ont été opposés. Et je remercie madame la ministre qui a fait preuve de compréhension et qui a dit s’en tenir à la décision du CNP.

N.R. : Mais c’est pratiquement la fin du mois, que faites-vous ?

G.G. : Ne soyons pas pressés. Les entreprises ont légalement jusqu’au 08 août payer les salaires. Après, vous verrez ce que nous ferrons.

N.R. : Monsieur le secrétaire général, en plus de la convention collective, les journalistes sont en ce moment préoccupés par d’autres sujets. Il s’agit notamment du retour attendu du président Traoré Moussa à la tête de l’UNJCI, de l’aide apportée par le chef de l’Etat pour l’organisation de la journée mondiale de la liberté de la presse et pour le séjour des journalistes à la coupe du monde. La situation est quasiment explosive. Que faites-vous ?

 G.G. : Le SYNAPPCI est très préoccupé par toutes ces questions que vous évoqué. Et, je puis vous dire qu’en tant que premier responsable du SYNAPPCI, mais l’ensemble du syndicat, notamment le président du conseil syndical, le camarade Dékos Badaud et certains membres du bureau national, nous sommes très impliqués dans la recherche de solution à toutes ces questions. Pour nous, face à toutes les situations, les journalistes doivent savoir raison garder et privilégier nos relations d’amitié et de fraternité, ainsi que les intérêts de nos organisations. Nous devons prendre le temps de nous parler, même franchement. Mais, sans jamais perdre de vue que nous sommes des frères et des sœurs. Et que l’erreur est humaine. C’est notre ligne de conduite. Et nous travaillons à rapprocher toutes les positions.

N.R. Concrètement quelle est votre position sur l’aide du chef de l’Etat à l’organisation de la journée mondiale de la liberté de la presse ?

 G.G. : La position du SYNAPPCI est très simple, et elle est connue. Nous demandons à la présidente Habiba Dembélé de restituer l’argent au comité d’organisation. Parce qu’il est clairement établi, aujourd’hui, que l’argent a été donné par le chef de l’Etat pour l’organisation de la journée mondiale de la liberté de la presse. Elle a reconnu devant le conseil exécutif de l’UNJCI qu’elle a effectivement reçu l’argent le 02 mai. C’est-à-dire la veille de la cérémonie. Mais certains veulent faire croire que cet argent était destiné à l’UNJCI et non à toutes les organisations. Ce qui est faux. Et c’est la principale raison de la démission du secrétaire général de l’UNION Félix Bony. Donc, nous demandons simplement à madame la présidente Habiba Dembélé de remettre l’argent au comité d’organisation. Le comité d’organisation se réunit mardi (ndlr : aujourd’hui) et je pense que les choses vont rentrer dans l’ordre. Il n’y a aucun souci à se faire.

N.R. : Certains parlent déjà de détournement de fonds et exigent la démission de Mme Habiba de la tête de l’UNJCI. Qu’en pensez-vous ?

 G.G. : Je pense que les journalistes doivent apprendre à régler leurs problèmes dans la sérénité. Mme Habiba, n’a pas encore dit qu’elle ne va pas nous rendre l’argent. Elle a certainement eu quelques difficultés qu’elle va nous expliquer. Mais, ne lui jetons pas la pierre tout de suite. Ce n’est pas facile de diriger une association comme l’UNJCI. Il y a certainement eu quelques confusions. Mais ce sont des choses dont on peut discuter tranquillement entre grandes personnes. Moi, je suis optimiste. Je pense que nous allons nous entendre et le comité d’organisation va rentrer dans ses fonds.

N.R. : Et le retour du président Traoré ?

G.G. : Sur la question aussi, notre position est toute aussi claire et connue. Pour le SYNAPPCI, le président Traoré doit retrouver sa place à la tête de l’UNJCI après sa période de suspension. Nous connaissons tous les conditions dans lesquelles il a écopé de la sanction que nous connaissons. Même si nous avons légitimement des choses à lui reprocher, nous devons faire preuve de tolérance et de hauteur d’esprit et lui donner l’occasion de se défendre devant le Congrès. C’est pour quoi nous travaillons avec toutes les  parties prenantes pour  que les choses se passent comme entre des frères. Et que l’UNJCI retrouve son unité avant le congrès. En tout état de cause, en l’état actuel de la situation, Habiba ne peut plus continuer de diriger l’UNJCI. Si les amis qui sont au sein du Conseil exécutif estiment qu’ils ne peuvent plus travailler avec le président Traoré, la seule voie honorable qui leur reste c’est de démissionner pour provoquer un congrès extraordinaire. Mais, ce que nous ne pouvons pas accepter, c’est cette attitude qui ressemble à une volonté de confiscation de pouvoir. Ils ne doivent pas oublier qu’ils sont tous collectivement responsables devant le congrès.  Il faut que tout le monde se calme et qu’on se parle. Nous sommes condamnés à vivre ensemble. Et ce qu’on fait à l’autre aujourd’hui, il faut s’attendre à ce qu’on nous le fasse demain. Si on veut évoquer les grands principes d’étique et de morale, je crains que personne ne s’en sorte et que nous finissions par détruire nos organisations. Je suis contre la logique de mise à mort de nos amis.

N.R. : Le dossier qui semble le plus chaud est celui de la coupe du monde. Il semble que vous voulez faire la médiation entre les présidents d’association et les journalistes. Est-ce vrai ?

G.G. : Nous avons déjà commencé la médiation. Et je voudrais remercier les uns et les autres qui ont accepté de nous écouter malgré les sentiments qui les animent. Dans ce dossier aussi, notre démarche est la même. Il faut que nous puissions nous parler sereinement. Que nous puissions écouter les uns et les autres nous expliquer ce qui s’est passé. Nous pouvons régler nos problèmes entre nous. Si après discussions, nous arrivons à la conclusion que tel ou tel a commis telle ou telle faute, nous pouvons trouver ensemble le mécanisme de réparation de la faute. On n’est pas obligé de recourir aux organes de régulation et aux tribunaux sans avoir épuisé toutes les voies de discussion. Ceux qui sont en cause sont nos amis. Ils ont leur carrière, ils ont leur famille. Et la vie ne s’arrête pas aux associations. Nous avons déjà obtenu une rencontre pour mercredi entre nous et tous les accrédités. C’est déjà un premier pas constructif. Il est prévu, après, que nous puissions rencontrer les deux présidents des associations sportives. C’est vrai que la situation semble compliquée. Mais nous allons y arriver.

Interview réalisée par Ouattara Chérif, in le Nouveau Réveil du mardi 29 juillet 2014. Page 10

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