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[Guiglo/Pratiques mystiques à outrance] Des individus s’illustrent négativement à Gblapleu


Une vue du reptile tué le 22 avril 2022 à 23h41, tapis sous la couverture d’un habitant de Gblapleu après une dispute avec son ami dans un bistrot.

Guiglo, le 23-01-2023 (lepointsur.com) Enquêtant sur les épineuses questions des violences basées sur le genre (VBG) notamment le mariage forcé, le viol et l’excision puis le projet de détournements des poteaux électriques dans la Région du Cavally, nous avons dû choisir au hasard le village Gblapleu, à quelques 15 km de Guiglo, pour y mener nos investigations.

Séjour pendant lequel nous avons fait plusieurs découvertes, le regard très curieux et profond, tel un locuteur-voyageur, sur les différentes pratiques socio-culturelles occultes qui ont cours en ce lieu difficilement couvert par les réseaux de téléphonie mobile malgré la présence constante de plus de 7000 âmes.

A Gblapleu, sous l’apparence de la beauté du paysage, des belles rencontres charnelles entre les populations, des sérieuses conversions religieuses et de la volonté publiquement affichée parfois par certains de voir le village se développer, se cachent des attitudes très paradoxales et très rétrogrades qui riment beaucoup avec de l’ésotérique, dignes de la pratique occulte.

Nous ne sommes pas sans ignorer que les cas de pratiques mystiques sont très légions dans plusieurs villages en Côte d’Ivoire. Mais dans la Région du Cavally (District des Montagnes) et plus précisément dans la Commune de Guiglo, au nombre des villages à la pointe de la très haute technologie nocturne figurerait Gblapleu. Nul doute, au premier plan.

Situation que reconnaissent même plusieurs initiés, géomanciens et autres clairvoyants de la Région du Cavally que nous avons bien pu rencontrer pendant notre périple humanitaire.

« Mon petit, il faut faire très attention à tout ce que tu vas faire, manger et où tu mettras les pieds… Les vrais dangers viendront de ceux que tu auras comme amis », nous avait averti au préalable à la gare de Gblapleu sise en face du lycée de Guiglo, le conducteur de la ‘’taco bianco’’ (vieille voiture) qui faisait la ligne.

Ne s’hasarde donc point là-bas qui veut, mais qui peut. Juste pour dire autrement que Gblapleu est un village de « Garçons » (Expression tirée du noushi et qui signifie avertis en français), au sens connotatif.

En effet, créé par un ressortissant Yacouba venu de Gbé-tontigouiné ou Gbé-fonctionnaire (Sous-préfecture de Ziogouiné dans le Département de Man) en la personne de Feu Gbla après un détour dans la sous-région et plus particulièrement en Guinée et au Libéria voisins, le village Gblapleu (frère siamois du village Gbapleu (Duékoué)) connaît constamment des pratiques mystiques qui intriguent assez.

La preuve, selon la légende du village, le père fondateur lui-même, autrefois chiqueur de tabac, aurait craché sur un administrateur qui n’aurait pas survécu par la suite. Epouvantable, des détachements de forces rebelles qui ont tenté de troubler le sommeil des populations durant la crise militaro-politique de Côte d’Ivoire se seraient entretués grâce aux effets du talisman « retour à l’envoyeur » dont le rôle unique est de conjurer le mal.

Outre ceci, les nombreux rituels traditionnels finissent très fréquemment sur la place publique par des dépôts d’objets de tous genres (Habits noirs hermétiquement attachés par des fils rouges et noirs ; du sang de poulets, bœufs, moutons et boucs aspergé sur des arbres, sur la route menant au cimetière ; les carrefours et autres endroits stratégiques fréquentés par les populations, avec les contenus rougeâtres ou noirâtres des Canaris).

Des potions mystiques destinées à tuer, à détourner une personne, à détourner un projet, à paralyser une tierce personne, à fermer une affaire bouillante s’obtiennent avec aisance, mais sur recommandation.

C’est à Gblapleu qu’un étudiant-stagiaire venu saluer ses parents n’a plus jamais pu retrouver le chemin de retour.

Constamment, les propriétaires d’engins à 2, 3 et 4 roues expriment leurs inquiétudes chaque fois qu’ils découvrent des œufs et des canaris déposés au carrefour à cheval sur l’école primaire publique et le bistrot ‘’corridor’’ où se vend du vin de palme.

Et pour boucler la boucle, l’élevage d’un cabri hybride (sans sexe) inquiète et enrichit à la fois toutes les conversations des populations. Toute chose qui en dit long sur les projets des adeptes du mysticisme dans ce village.

Avec un nombre très impressionnant de marabouts, tradi-praticiens et de jeteurs de sorts autour desquels se greffent les mangeurs d’âmes et des combattants de nuit, Gblapleu se taille le plus souvent les nombres records de taux de mortalité douteuse de ses jeunes bras valides et même des enfants.

« Le 3 janvier 2022, mon ami « Affaires fausses » est mort à 30 ans comme ça, tard la nuit après 3 jours de maladies seulement. Le lendemain dans l’après-midi, son corps était entièrement en état de putréfaction très avancé. Il nous a fallu utiliser une bâche noire pour le conduire au cimetière. Dans sa famille, en attendant que des langues se délient, au moins 12 personnes ont succinctement perdu la vie comme des bêtes de somme abattues dans un abattoir… On a peur pour nous et nos familles », s’est inquiété le jeune Nando.

Le comble, une fois la nuit tombée, les mangeurs d’âmes s’activent aussi et prennent le relais.

Moments pendant lesquels les chants aux refrains incessants et effrayants des « Kpeibo » ou « clouw » (mot de la langue Yacouba qui signifie hibou en français) qui vous bercent incessamment, de 21h jusqu’au petit matin.

A ces musicalités d’une rareté effrayante et étonnante non encore maîtrisée même par les musicologues, s’ajoutent des paroles et pas des personnes qu’un non initié ne peut voir à l’œil nu, tard la nuit tombée.

A Gblapleu, une petite dispute entre les jeunes peut se transformer en un lapse de temps en des occasions de défis suivies d’affrontements mystiques. Ici, c’est une fierté pour des jeunes de mourir ou de voir leurs frères mourir des suites d’une bataille épique mystique. Car pour eux, cela signifierait « mourir en garçon ».

Toujours à Gblapleu, les moments prisés pour les sacrifices de tout genre sont les dimanches, lundis, jeudis et vendredis. Dimanches ou lundis pour ouvrir la semaine en lumière et jeudis puis vendredis pour boucler la semaine en beauté.

C’est là-bas que l’on vous fera la connaissance de la typologie des carrefours et leurs significations…

Les attaques mystiques quant à elles, revêtent plusieurs caractères à Gblapleu. Ainsi, pour faire du mal à son prochain et lui prouver qu’il n’est « rien », l’ennemi peut lui jetter un sort par voie terrestre. C’est pourquoi les uns et les autres ne sont pas surpris quand ils voient l’un des leurs cloués au sol des suites d’un mal banal de pieds.

Zéhigboto, un jeune homme raconte que mécontents et jaloux de son travail d’animateur de cérémonie, des individus ont tenté d’attenter nuitamment en vain à sa vie en se transformant en reptiles pour le mordre à plusieurs reprises.

Maman Sanwaiwai en a fait aussi l’amère expérience après avoir marché sur un caillou devant sa porte. « Mon fils (ndlr : s’adressant à nous), depuis ce lundi tôt dans la matinée, mon pied s’est enflé et j’ai passée 6 mois à terre. Après, le mal s’est transformé en Ulcère de Buruli« , nous a-t-elle vraiment confié, les larmes aux yeux. Un mal qu’elle a pu dompter grâce à l’intervention d’un maître-guérisseur originaire de Glaigouiné (près de Glolé, dans la sous-préfecture de Bogouiné).

Toujours en ce lieu, la fréquentation des lieux de cultes par certaines personnes ne vise qu’à cacher leur vraie identité, leur face cachée, occulte. Par exemple, convertis aux religions révélées officiellement la journée, une fois la nuit tombée, ils intègrent le clan des mangeurs d’âmes.

Actuellement, au moment où le village s’apprête à être éclairé, d’aucuns annoncent déjà qu’un enfant de Gblapleu serait sur le point d’être immolé sur l’autel du diable pour remercier tous les grands maîtres mystiques de la région du cavally appartenant à la puissante sous loge mystique de Gblapleu.

 Ainsi, vu le contexte actuel des choses, des sachants déconseillent vivement à tous les enfants de manger des gâteaux, bonbons et de la nourriture venant d’une tierce personne. Car celui dont la famille n’obéit pas à ce principe paiera le lourd tribut. Parce que le monde physique prenant racine dans le monde mystique, tout enfant immolé dans les ténèbres sur l’autel du diable permettra aux mystiques d’éclairer d’abord leur temple la nuit puis, pour Gblapleu suivra après, dans la journée.

A qui le prochain tour, après la tentative vaine de sacrifice d’un lycéen sur l’autel du diable suite aux combats mystiques épiques violents de son frère aîné Lai Hai contre son père « Képiro » ?

L.G., Correspondant Régional

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