Point Sur

Grèves contre La loi Travail en France/ Dr Pascal Roy interpelle les manifestants


– « Que MM. Hollande et Valls utilisent tous les outils légaux de l’état d’urgence pour discipliner les mouvements de revendications en cours… »

Grèves reconductibles dans les transports, nouvelles manifestations dans toute la France.Photo d'archives

Grèves reconductibles dans les transports, nouvelles manifestations dans toute la France.Photo d’archives

Abidjan, 26-05-16 (lepointsur.com)- Certes, depuis le 27 octobre 1946, le droit de grève en France est pleinement reconnu dans la constitution. Le droit de grève a donc une valeur constitutionnelle comme l’atteste l’alinéa 7 du Préambule de la Constitution française de la Quatrième République. Et la décision Liberté d’association rendue le 16 juillet 1971 par le Conseil constitutionnel renforce cette reconnaissance de la valeur constitutionnelle du Préambule de la Constitution de 1958. Mais « Le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent » (alinéa 7 du préambule de la Constitution) et tient compte des exigences de sauvegarde sécuritaire des intérêts de le République et des populations, surtout dans un contexte d’état d’urgence. Ça s’appelle de la responsabilité syndicale. Le droit de grève n’est ni un droit de guérilla ni une prime au bordel ou au foutoir ni une arme nucléaire.

Le droit de grève est un droit d’intelligence sociale!

Les grévistes doivent respecter le travail des non-grévistes. Le blocage de l’accès à des sites ou autoroutes, l’occupation des locaux afin d’empêcher le travail des non-grévistes sont des actes abusifs. Il en va de même de la dégradation des locaux ou des matériels. De telles actions sont illégales et peuvent donc être sanctionnées pénalement, tout comme les actes de violences à l’encontre des forces de l’ordre et de la direction ou du personnel des entreprises. Les syndicats et les grévistes sont responsables des abus commis pendant une grève. Les employeurs et les non-grévistes peuvent demander réparation en justice, notamment devant le conseil des prud’hommes et/ou le juge pénal compétent.

Que les organisations syndicales modernisent leurs méthodes et stratégies de lutte et arrêtent de cultiver toujours la lutte des classes, aujourd’hui dépassée, et cessent de garder comme seul paradigme la charte d’Amiens qui porte le rapport de forces comme moyen d’actions privilégié dans leur ADN. La faiblesse de leur représentativité devrait faire réfléchir. Il n’y a qu’à regarder le taux de syndicalisation en France pour s’en convaincre: en moyenne 8 % (ce qui revient à dire que moins d’un salarié sur dix du privé et du public adhère à une organisation syndicale), avec un plus bas estimé de 5 % dans le privé et une pointe à 15 % dans le public. Ce taux est même l’un des plus bas d’Europe et apparaît ridicule si on le rapporte à ceux des pays scandinaves (de l’ordre de 70 % en Suède ou au Danemark) ou même de nos voisins les plus proches (Allemagne, Italie où les taux frôlent 20 ou 30%…). Cerise sur le gâteau, les syndicats sont surtout présents dans les grandes entreprises (ou les ex-bastions publics, type Orange, La Poste, Renault…) mais très peu implantés et c’est d’ailleurs un enjeu et une condition de leur survie à l’avenir dans les TPE où se crée l’emploi.

Au lieu de jouer les barbouzes de service, avec un train de vie qui rivalise avec celui des gouverneurs princiers pendant que les adhérents vivotent avec des salaires de fauves, les leaders syndicaux feraient mieux de revisiter les textes, corriger leurs appétits personnels afin de se montrer plus constructifs pour les salariés et le paysage social. Il faut apprendre à respecter tous les éléments de l’arsenal juridico-constitutionnel d’un État, notamment le 49-3. Et ça s’appelle la démocratie: le règne des lois et / ou de la volonté générale. Que messieurs Hollande et Valls utilisent tous les outils légaux de l’état d’urgence pour discipliner les mouvements de revendications en cours et ne pas perdre de vigilance face à la menace terroriste, en maîtrisant cette forme de désordre social propice aux dangers djihadistes ! Il faut revitaliser le dialogue social!

Le point de vue de Pascal Roy.Ph.Dr

Le point de vue de Pascal Roy.Ph.Dr

Docteur Pascal ROY : Philosophe–Juriste–Politiste–Coach politique–Analyste des Institutions, expert des droits de l’Homme et des situations de crises–Médiateur dans les Organisations–Enseignant des Universités–Consultant en RH–Écrivain-Chroniqueur.

Légende de la Une: Le Premier ministre Manuel Valls s’exprime à l’Assemblée nationale lors d’une séance de questions au gouvernement, le 25 mai 2016. Ph.Dr

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