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Grande interview/ Guéi Guillaume : Voici les meilleurs ministres ivoiriens


– Ma solution pour le taux de chômage

Le Président de la République Alassane Ouattara ne doit plus être à la tête du Rdr

GUEINous avons échangé via facebook avec l’ex-Directeur de Cabinet de Michel Gueu au ministère des Sports et Loisirs,  M. Guillaume GUEI, sur tous les sujets du moment et  ceux  à venir. Basé à Paris et entre deux avions, l’homme d’affaires jette un regard critique sur l’année électorale 2015, qui verra diverses personnalités politiques s’affronter pour l’investiture suprême et félicite le travail abattu par certains ministres. S’il admire le travail du Président Alassane Ouattara, il s’offusque du chômage des jeunes et propose. Entretien…

 

Le Pointsur : Monsieur GUEI, il se raconte que vous connaissez la majorité des personnalités de la Côte d’Ivoire, pourquoi ne travaillez-vous pas avec eux aux côtés du Président Ouattara ?

 

Guillaume GUEI : Tout ce que les gens racontent n’est pas vrai.

 

Le Pointsur : Ce qui est indiscutable, c’est que vous connaissez toutes les personnalités des ex-Forces nouvelles !

 

Guillaume GUEI : Ah bon !

 

Le Pointsur : Oui, parce que vous connaissez le Président de l’Assemblée nationale Guillaume SORO, et on sait qu’aux premières heures des événements de septembre 2002, vous étiez à Ouagadougou et à Bouaké…

 

Guillaume GUEI : Posez la question à Guillaume SORO, s’il vous dit qu’il me connaît, c’est que je le connais. Pour le reste, j’étais là où il fallait, au moment où il fallait et pour la cause qui me semblait juste. J’ai fait mon devoir.

 

Le Pointsur : Vous avez résidé pendant plusieurs mois au Golf hôtel avec les Forces nouvelles…

 

Guillaume GUEI : Oui, j’ai habité au Golf hôtel et j’ai été Directeur de Cabinet de Michel Gueu au Ministère des Sports et Loisirs.

 

Le Pointsur : Des documents en notre possession attestent que vous avez été membre du directoire des FN et un des Secrétaires Nationaux du mouvement. Quel commentaire ?

 

Guillaume GUEI : Rires ! Oui ! Qui vous connaissez qui me connaît ?

 

Le Pointsur : Pourquoi avez-vous pris vos distances avec les membres de ce mouvement ?

 

Guillaume GUEI : Je n’ai jamais pris mes distances avec le mouvement. Simplement, le temps qui m’était imparti étant terminé, je suis retourné m’occuper de ma famille.

 

Le Pointsur : Continuez-vous toujours de voir Guillaume Soro ?

 

Guillaume GUEI : Avant qu’il ne soit Premier ministre, quand il venait à Paris, oui, je le rencontrais.

 

Le Pointsur : Et après ?

 

Guillaume GUEI : Après, il était trop occupé et ses responsabilités n’ont cessé de croître.

 

Le Pointsur : Vous êtes super diplômé et cadre supérieur ici en France. Vous aurez pu l’aider dans ses responsabilités…

 

Guillaume GUEI : Oui ! Mais il ne me l’a pas demandé.

 

Le Pointsur : Vous racontez souvent que le ministre Alain Lobognon qui est votre frère…

 

Guillaume GUEI : Oui le ministre Lobognon est mon frère. Dans un grand ensemble, chacun a son petit groupe.  Dans les Forces nouvelles, j’avais un père, c’était Michel Gueu, un parent, c’était Delhi Gaspard, deux frères, Alain Lobognon et Lamine Sanogo paix à son âme, un petit frère, c’était Soul to Soul, deux amis et un  altère égo, c’étaient Amadou Koné (ex-Ministre de l’Artisanat et du Tourisme) et Coulibaly Gnénéma (actuel ministre de la Justice),

 

Le Pointsur : Vous venez de confirmer que vous les connaissez.

 

Guillaume GUEI : Rires

 

Le Pointsur : Vous devriez travailler avec votre frère, le ministre Alain Lobognon, qu’est-ce qui n’a pas marché ?

 

Guillaume GUEI : Posez la question à monsieur le ministre Lobognon.

 

Le pointsur : Pourquoi ?

 

Guillaume GUEI : Je vais vous donner un conseil. Le jour où votre frère ou ami sera nommé ministre, ne soyez jamais le premier à l’appeler ou à chercher à le joindre. Si lui, il a de la mémoire et qu’il se souvient de vous, il saura où vous joindre. Alors vous pourrez allez le voir après. Si dans l’euphorie, vous êtes le premier à contacter le nouvellement nommé, vous serez humilié et dévalorisé.

 

Le Pointsur : Depuis 2002, vous avez pris position et beaucoup œuvré pour l’avènement de ce gouvernement. 2015, c’est l’année électorale, Quelle note donnez-vous au gouvernement actuel ?

 

Guillaume GUEI : Au niveau macro, je mettrai un « A » suivi de « peut mieux faire ».

 

Le Pointsur : Et au niveau micro ?

 

Guillaume GUEI : Les ministres ne se valent pas.

 

Le Pointsur : Quels sont ceux qui vous ont marqué ?

 

Guillaume GUEI : Comme premier de la classe, avec le maillot jaune, et comme  ballon d’or, je citerai sans hésiter le ministre Ahmed Bakayoko. Arrivé comme un outsider, il ne s’est pas posé de question. Il a su se faire entourer et a constitué une équipe au-delà des clivages ethniques (séfonisme). Résultat, il a su rebondir et casser dans l’œuf tous les soubresauts tant militaires que sociaux.

On vient de passer les fêtes de fin d’année dans la quiétude et avec des pétards de toutes sortes et divers feux d’artifices. Ce qui ne c’était pas déroulé depuis une décennie où les pétards étaient interdits. Ce travail et ce résultat sont tout à l’honneur du Ministre Ahmed Bakayoko et de son équipe qui ont su ramener la paix et la sécurité dans le pays. Certes tout n’est pas parfait, les « brouteurs », les « microbes » et quelques bandes organisées sévissent encore et toujours au grand jour, mais le ministre Ahmed Bakayoko mérite le tableau d’honneur et les félicitations.

 

Le Pointsur : Et après lui ?

 

Guillaume GUEI : Après le ministre Ahmed Bakayoko, vient la ministre Kandia Camara. Voici une dame qui a fait l’objet de toutes les railleries et caricatures, mais le résultat de son travail est probant et indéniable. Il y a des années que nos structures et système éducatif étaient dans la poubelle. Des soi-disant docteurs et professeurs d’université se sont montrés in-ca-pa-ble de permettre à nos enfants et jeunes frères d’avoir une année scolaire nor-ma-le. La ministre Kandia  est en train de redorer le blason de l’école ivoirienne. Depuis  3, voire 4 ans, il n’y a pas de grève sauvage ni d’enseignants encore moins d’élèves. Les élèves ont une année scolaire pleine et les examens et concours se déroulent normalement.  Que demande le peuple ? Qu’elle ne connaisse pas tel ou tel mot, on s’en fout. Ceux qui détiennent tous les diplômes et qui savent conjuguer tous les verbes au plus que parfait du subjonctif, ont failli là où Madame KANDIA est entrain de brillamment réussir. C’est ce qui est important. Elle mérite le Tableau d’honneur et encouragement.

 

Le Pointsur : Ensuite

 

Guillaume GUEI : Mamie Bulldozer, la ministre Anne-Désirée Oulotto aurait pu faire partie du groupe de tête si elle était restée à son poste de l’Assainissement. Non seulement elle est partie mais en plus, elle a gaffé grave lors des régionales dans le Cavally, On lui a tous tapé sur les doigts et elle a compris. C’est pardonné et oublié, Sinon, Mamie Buldozer avait commencé un super bon travail,

 

Le Pointsur : Alors le bonnet d’âne, c’est qui selon vous ?

 

Guillaume GUEI : Avant d’arriver au(x) bonnet(s) d’âne, il faut dire qu’il y a un immense fossé entre le groupe de tête constitué des ministres Ahmed Bakayoko et Kandia et les autres. Certains ministres ont tenté des choses, certains sont restés passifs, certains ont été transparents et d’autres ont été carrément nullissimes,

 

Le Pointsur : Qui sont ceux-là ?

 

Guillaume GUEI : Je crois que la question de la récupération ou de la rétrocession des forêts à nos parents aurait due être un axe majeur de ce mandat. En 10 ans de crise politico-militaire, des populations étrangères armées se sont installées de force par les armes dans nos forêts et avec le temps, elles s’en sont appropriées de fait. Même moi, on me rapporte que des gens sont installés dans mes forêts et interdisent leur accès à mes parents qui pourtant, sont propriétaires de ces forêts depuis nos grands parents et ancêtres. Ces gens-là sont polygames et prolifiques, En 10-15 ans, certains ont 20 enfants et l’occupation de nos terres ne fait que s’accélérer, Comment vider, expulser ces gens de nos forêts ?

L’autre axe majeur aurait dû être le chômage ou la situation de sans emploi des jeunes. Le chômage des jeunes est une plaie béante à laquelle le Président de la République doit s’attaquer, au risque de voir cette plaie se gangrener et les victimes se radicaliser. Le tout n’est pas de créer une structure publique dans un quartier privé et d’appeler sporadiquement les jeunes à emmener leurs projets pour financement. Pour avoir vu Sao Paolo, Rio et Curitiba au Brésil, les provinces de Strakonice en République Tchèque et Zilina en Slovaquie se métamorphoser et hisser le Brésil au rang de pays émergeant en peu de temps, je dis que des solutions existent. En son temps, j’avais élaboré un draft de programmes avec un organigramme détaillé immédiatement exécutif que j’ai remis à un ministre de la place. Rien n’a été fait.

Le bilan infrastructures du Président Ado est un vrai succès et je l’applaudis des mains et des pieds, Ce que le Président Ado a fait en 4 ans au niveau infrastructures aucun Président ne l’avait fait auparavant en Afrique y compris l’Afrique du Sud. Mais au niveau de l’emploi, ça ne décolle pas ! Les jeunes sont éternellement sans emploi, donc sans avenir. Il est temps de briser cette spirale infernale du désespoir des jeunes qui constituent l’avenir de toute nation.

Je le répète, des solutions existent. Le président Houphouët en son temps les avait appliquées et c’était le plein emploi en Côte d’Ivoire. A défaut de réinventer la roue, on peut faire du benchmarking en ressortant les cahiers d’hier qui ont permis de créer les sociétés comme Agripac, Satmaci, Bnda etc. En actualisant ses structures, en mécanisant notre agriculture et en industrialisant les produits par de petites unités de productions adaptées et reparties partout sur l’ensemble du territoire. C’est un programme qui se doit d’être interministériel et placé directement sous la tutelle de la Présidence de la République, afin de passer outre les blocages dus à la guéguerre de souveraineté des ministères. Ce n’est pas normal que l’Occident qui est dit développé soit entre 4-10 % de chômage, alors que l’Afrique qui est sous-développé oscille entre 25 et 50 % de chômage.

 

Le Pointsur : Monsieur GUEI, pourquoi êtes-vous très passionné sur cette question du chômage des jeunes ?

 

Guillaume GUEI : J’ai beaucoup voyagé eu égard au travail que j’exerce et j’ai vu des pays partir de la misère et se transformer. Le Brésil est devenu aujourd’hui le grenier du monde. Savez-vous qu’il y a 10 ans les Brésiliens mourraient de faim ?

En condamnant fermement et en appelant à sanctionner avec la plus haute énergie le broutage, force est de reconnaître que nos jeunes brouteurs ont montré qu’ils ne sont pas idiots.

Enrôler des jeunes dans l’armée, leur donner un treillis militaire et mettre une arme entre leurs mains n’est pas la solution et cela n’est sûrement pas une solution d’avenir pour le pays.

J’appelle le Président de la République à avoir une action forte pour endiguer le chômage des jeunes et la rétrocession des forêts à nos parents,

 

Le Pointsur : Le Président Ouattara a-t-il échoué ou réussi son mandat ?

 

Guillaume GUEI : Son premier mandat est positif en général.

 

Le Pointsur : Appelleriez vous à voter pour lui ?

 

Guillaume GUEI : Dans l’absolu oui, mais il faut qu’il change en profondeur son équipe gouvernementale. Le rattrapage, ça suffit comme ça ! Le pays regorge d’autres Ivoiriens capables d’assurer de hautes responsabilités.

 

 

Le Pointsur : Le Président Ouattara est Président de la République et Président du Rdr. Quel commentaire?

 

Guillaume GUEI : On ne peut pas être juge et partie. Le Président Ouattara doit abandonner la présidence du Rdr et se mettre au-dessus des partis politiques. Le Président de la République est le défenseur de tous les Ivoiriens et à ce titre, il ne peut être le président d’un parti politique.

 

Le Pointsur : Comment voyez-vous 2020 ?

 

Guillaume GUEI : En 2020, l’alternance s’avère impérative. De nouvelles personnes avec de nouvelles idées pour le développement du pays émergeront et feront avancer les choses.

 

Le Pointsur : Seriez-vous en lice ?

 

Guillaume GUEI : Je ne suis pas présidentiable et tout le monde ne peut pas être Président. Il y a déjà eu trop de morts à cause des interprétations des textes de loi, ça suffit ! Je suis disponible pour mon pays à tous les postes. Je peux m’accomplir ailleurs qu’à la Présidence de la République,

 

Le Pointsur : Qui voyez-vous en 2020 ?

 

Guillaume GUEI : Rendez-vous dans quatre ans parce qu’en politique, les données changent vite.

 

 

Interview réalisée via facebook par Sériba Koné et Ke William Roger

 

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