Sante

Grand Reportage:Plus d’un an après le décès d’Awa Fadiga/ Voici le nouveau visage des Chu, HG et ESCOM en Côte d’Ivoire #santé


Abidjan, 22-4-15 (lepointsur.com)-Suite au décès de la jeune mannequin ivoirienne Awa Fadiga le 25 mars 2014, dans des conditions troubles, au centre hospitalier et universitaire (CHU) de Cocody, le gouvernement ivoirien a décidé de donner un nouveau visage aux CHU, hôpitaux généraux (HG) et des établissements sanitaires à base communautaires (Escom). Dans le souci d’apporter des éléments de réponses aux multiples préoccupations des populations, quant au respect des engagements du gouvernement ivoirien, suite à cette scabreuse affaire,  notre équipe de reportage a fait une incursion dans les CHU de Cocody,  Treichville,  Yopougon, l’hôpital général d’Adjamé et de l’Escom de Yopougon-Wassakara. Dans des conditions où déficit de communication se dispute à la rétention de l’information, elle  a pu, après moult difficultés se  frayer  un chemin dans  le très complexe et tumultueux univers  des établissements sanitaires de Côte d’Ivoire. Reportage…

L'entrée du Chu de Yopougon.

L’entrée du Chu de Yopougon.

Située dans le nord  du district d’Abidjan (capitale économique de la Côte d’Ivoire), la commune cosmopolite de Yopougon, reconnue comme la plus grande du pays, abrite l’un des 4 CHU que compte la Côte d’Ivoire. Sollicité pour un reportage au sein de cet établissement sanitaire, où il occupe les fonctions de sous-directeur de la maintenance et de la gestion du patrimoine, Konan Orthenci, reçoit notre équipe de reportage le vendredi 17 avril 2015 dans la matinée. Après les échanges de civilités et autres modalités relatives au règlement en vigueur dans cet établissement sanitaire, des échanges pouvaient commencer dans un environnement très détendu. Notre hôte du jour se réjouit et affiche son satisfecit quant au respect des engagements du conseil des ministres du mercredi 9 avril 2014, qui avait pris la décision de la réhabilitation des services des urgences dans les CHU d’Abidjan, et des formations sanitaires périphériques de la ville d’Abidjan, érigées en hôpitaux généraux (HG).

Le scanner réhabilité  au CHU de Yopougon

Le sous-directeur de la maintenance et de la gestion du patrimoine Konan Orthenci du Chu de Yopougon nous montre le scanner

Le sous-directeur de la maintenance et de la gestion du patrimoine Konan Orthenci du Chu de Yopougon nous montre le scanner réhabilité.

Au terme de l’entretien et de la visite guidée dans le service des urgences, où des patients sont soignés couchés à même le sol, nous avons pu nous rendre compte que certaines mesures parmi celles annoncées, étaient une réalité, notamment, la réhabilitation du scanner du CHU de Yopougon et l’acquisition d’équipements médicaux et d’appareillages divers. Les travaux achevés, le scanner a été mis en activité en janvier 2015 après le premier test effectué le 31 décembre 2014.

Le sous-directeur de la maintenance et de la gestion du patrimoine ne cache pas sa satisfaction. « Les travaux sont achevés en décembre, et le premier test s’est effectué le 31 du même mois, avant de le mettre en activité en janvier 2015« , indique-t-il d’un air comblé, non sans nous faire découvrir  ce scanner.

Toutefois, si le remplacement du matériel hors service, ainsi que l’eau de refroidissement et les câbles-hautes tensions d’alimentation du tube de l’ancien scanner réjouit le responsable du service,  force est de constater que des difficultés demeurent. L’une d’elle est la commande des films qui se fait depuis la pharmacie de la santé publique de Côte d’Ivoire (PSP-CI), et qui, souvent, prend du temps. « La majeur partie des consommables dont les films sont exprimés par les différents services et la commande est faite« , soutient notre interlocuteur pour attirer l’attention du gouvernement sur cet état de fait.

En outre, le sous-directeur de la maintenance et de la gestion du patrimoine est tout aussi fier de brandir les preuves de l’acquisition d’équipements médicaux et d’appareillages divers, de certains besoins en urgence acquis depuis 2014. « Des livraisons de fournitures ont été faites et d’autres sont en cours d’être livrées au fur et à mesure« , insiste-t-il, pour affirmer l’importance que le gouvernement accorde aux soins des populations. Le satisfecit du sous-directeur Konan Orthenci est-il partagé par ses pairs de  Cocody et de Treichville ? Pour en savoir plus, notre équipe de reportage s’est tourné vers ces deux centres hospitaliers et universitaires du district d’Abidjan.

Au CHU de Cocody, en dépit des avancées notables, des imperfections demeurent…

Une vue de la réhabilitation des urgences du Chu de Cocody

Une vue de la réhabilitation des urgences du Chu de Cocody

Il était environ 15 h30 GMT, lundi 20 avril  2015 quand notre équipe de reportage franchit le pas du service des urgences du centre hospitalier universitaire(CHU) de Cocody. Comme d’ordinaire, ces lieux étaient bondés de monde. Les couloirs,  eux, étaient tout aussi passants qu’avant la fermeture pour réhabilitation le 1er mai 2014. Parents et amis de patients circulaient dans les différents couloirs de ce service, dans l’anxiété et surtout  l’impatience d’avoir des nouvelles de proches qui y sont  internés. Approchées, pour en savoir davantage sur la qualité des soins, ainsi que les innovations annoncées  par le gouvernement ivoirien et  les autorités compétentes du ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida, les quelques personnes, qui ont bien voulu se prêter à nos questions, ont souligné qu’il y a effectivement eu des avancées notables concernant à la qualité du matériel médical. Toutefois, elles dénoncent le fait que l’accueil souffre encore de quelques imperfections liées à la lenteur dans les soins apportés aux patients. «  Nous sommes là, depuis ce matin pour les soins de ma nièce qui a été victime d’un accident. C’est vrai que dès notre arrivée, elle a été prise en charge par les services de l’hôpital présents sur place. Seulement, depuis, nous attendons et nous n’avons pas de  suite quant à son état de santé. Comme si les conditions pour une prise en charge rapide et efficiente n’étaient pas réunies», a souligné Madame Fatou Kamagaté, qui a, par ailleurs,  ajouté que le nombre de lits a augmenté par rapport à la période d’avant fermeture du CHU de Cocody.

Une incursion  à l’intérieur des locaux dudit service, permet de noter des changements palpables et majeurs au niveau des infrastructures. Toutefois,  les  efforts de notre équipe de reportage pour échanger avec les premiers responsables du service sont restés vains, à cause de leur  indisponibilité évoquée par certaines personnes ressources rencontrées sur place. Pour pallier ce déficit de communication de la part des responsables, nous nous  sommes tournés vers un jeune en blouse blanche qui, quelques minutes plus tôt avait prêté attention à nos échanges avec dame Kamagaté. « Nous  n’avons pas  le droit de nous adresser aux journalistes. Seuls nos patrons ont ce droit. Seulement,  comme vous êtes là, je peux vous dire que sans parti pris, en ma qualité de technicien de laboratoire, je cotoie ce service qui est très sollicité. Depuis l’atelier sur « l’organisation et le fonctionnement des nouvelles urgences », tenu récemment, et auquel nous avons pris part, les choses sont allées très vite. L’objectif principal qui était une  prise en charge de  qualité des patients est en passe d’être  atteint. Il suffit de voir le nombre de lits qui a été augmenté pour s’en convaincre… », a révélé notre interlocuteur M. A.A, le jeune technicien de laboratoire.

Sur la question relative à la réhabilitation des services des urgences de Cocody,  de l’acquisition d’équipements médicaux et de  l’extension des urgences, notre interlocuteur a été on ne peut plus clair. «  La capacité d’accueil s’est améliorée avec l’augmentation du nombre de lits; les urgences ont connu une extension. Les travaux, disons-le, avaient été suivis de bout en bout  par Madame le ministre de la Santé et de la Lutte contre le Sida, Raymonde Goudou Coffie,  le premier ministre Daniel Kablan Duncan et le Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD). Je peux donc vous dire que même s’il existe encore des imperfections, on peut toutefois  affirmer qu’un bond qualitatif a été fait… », a précisé M. A.A.

Le nombre de morts par jour a baissé aux urgences du CHU de Treichville, mais…

L'entrée du Chu de Treichville

L’entrée du Chu de Treichville

La moisson ayant été très maigre au CHU de Cocody, nous avons espéré mieux ailleurs.  Ainsi, avons-nous mis le cap sur Abidjan-Sud, précisément au centre hospitalier universitaire de Treichville, l’un des 4 plus importants centres universitaires  que compte le pays. Là-bas également, après moult tractations, le constat est presque le même: personne ne voulait parler à la presse. Seulement, selon un vigile en faction en ces lieux,  à la différence de l’ambiance qui avait prévalu après  la fermeture des  urgences du CHU de Cocody, suite à l’affaire « Awa Fadiga », la mannequin ivoirienne de 23 ans décédée dans ledit service, et qui avait entrainé une forte affluence vers le CHU de Treichville,  semblait désormais désengorgé. Tant les couloirs étaient dégagés, facilitant une relative fluidité dans les mouvements des personnes qui y allaient et venaient.

Pour rappel, depuis le 1er mai 2014, prises d’assaut par plusieurs malades,  les urgences médicales de Treichville  étaient  surchargées, ce qui exposait personnel, visiteurs et patients à toutes sortes de maladies et d’infections, telles celles qualifiées de nosocomiales ( des infections contractées, lors d’un séjour à l’hôpital), des avancées sont notables. « Les choses se sont considérablement  améliorées. Après la fermeture du CHU de Cocody, nos urgences étaient  débordées. On pouvait enregistrer au moins une vingtaine de  décès par jour. Parce que les conditions d’accueil n’étaient pas bonnes. Certains malades étaient obligés de rester à même le sol, en attendant de recevoir les  soins. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Vous pouvez vous-même constater sur place. Du nouveau matériel a été réceptionné, les lits ont été augmentés… », dixit un agent  du service qui, pour  des raisons diverses a refusé de décliner son identité, évoquant le droit de réserve. D’ailleurs,  l’incursion dans les locaux a permis de constater qu’effectivement du nouveau matériel était disponible. Une fois encore,  le  désir ardent de notre équipe de reportage était de savoir si les grandes décisions prises par le gouvernement ivoirien pour la dotation des urgences des CHU en matériels adéquats ont été appliquées  restera en partie  vain. Car, en dépit du courrier adressé à la Direction du CHU de Treichville pour avoir de plus amples informations, les services compétents n’ont pas donné de suite favorable à notre requête. C’est donc la mort dans l’âme que nous sommes repartis des urgences sans pouvoir  rencontrer les responsables du CHU de Treichville.

Quelques difficultés à l’hôpital général d’Adjamé

La façade de l'Hôpital Général d'Adjamé

La façade de l’Hôpital Général d’Adjamé

L’hôpital général sis à Adjamé, quartier commercial en plein coeur du district d’Abidjan, rencontre des difficultés au plan financier. Mais le directeur général Daniel Yéo n’attend pas baisser les bras, malgré  les maigres moyens financiers dont il dispose. « Nous allons procéder à l’ouverture très prochaine du bloc chirurgical, des urgences, de la salle d’accouchements et celle des hospitalisations, » a soutenu notre interlocuteur pour traduire son engagement à sortir l’établissement qu’il dirige des sentiers battus. Aussi, entend-il signer des contrats avec l’institut de cardiologie du Chu de Treichville ou de transfusion sanguine, les seules structures sanitaires à être équipées d’incinérateur dans le district d’Abidjan. Peu bavard sur la question s’en remet au projet qu’il rétend soumettre à des partenaires pour atteindre un bond qualitatif. La marge de manoeuvre financière est grande et doit relever ce défi.

En effet, sur 700 millions FCFA sollicités par la direction auprès du ministère de la Santé et de la Lutte conte le Sida, seuls 66 millions lui ont été octroyés par la tutelle. « Il faut noter que cet hôpital demeure avant tout (et surtout) un hôpital général, et que son budget ne peut qu’être conforme à celui-ci. C’est d’ailleurs, le coefficient qu’on applique à tous les hôpitaux généraux pour fonctionner. Et Adjamé ne peut pas faire exception (…), » se défend en substance Mme le ministre de la Santé et de la Lutte contre le Sida.

Conséquence, l’hôpital travaille à 30% de ses possibilités, selon une source proche de la comptabilité. « Ce centre sanitaire que le Président de la République souhaite qu’il soit un hôpital numérique est loin de l’être, même si cela fait partie de ses priorités, » coupe court notre interlocuteur. L’Etablissement sanitaire communautaire (Escom) de Yopougon-Wassakara, n’est pas  en reste quant aux nouvelles dispositions prises par le gouvernement ivoirien pour le  renforcement des capacités d’accueil et autres qualités de prestations.

La construction d’un bloc opératoire et d’une nouvelle maternité à l’Escom de Yopougon-Wassakara au cœur des entretiens

Dans l'enceinte de la Fsucom de Wassakara

Dans l’enceinte de la Fsucom de Wassakara

Pour l’établissement sanitaire communautaire (Escom) de Yopougon-Wassakara, les nouvelles dispositions prises par le gouvernement ivoirien pour renforcer la capacité de cette formation sanitaire ne sont plus un secret pour les riverains.  Les vendeuses installées de façon anarchique aux abords sont interpellées par la communauté sanitaire de leur déguerpissement. « Nos époux ont été informés que nous devions quitter les abords de l’hôpital. Cela est au cœur des entretiens entre commerçantes et vendeuses». Celle qui nous entretient sur cet état de fait vend des beignets et du riz. Juste à côté d’elle, d’autres vendeuses et des commerçants de divers articles donnent un visage hideux à cet Escom, dont l’intérieur et la devanture sont le jour et la nuit.

Une fois, le portail franchi, c’est un vrai contraste que l’on découvre. Des gazons bien taillés aux fleurs bien entretenues; l’accueil des patients aux deux entrées est assuré par des jeunes filles habillées d’un haut blanc et d’une jupe verte, pour faire la différence entre elles et le personnel soignant. L’hôpital a refait sa toilette avec une nouvelle couche de peinture. C’est dans ce décor que le président du conseil d’administration (PCA) de la Fuscom de Yopougon-Wassakara, par ailleurs, porte-parole des 37  Escom d’Abidjan, Ouattara Clément, a convié le comité de gestion et la communauté sanitaire  à une séance de travail, au sein dudit établissement sanitaire.

Après avoir passé au peigne fin les activités 2014 et  du premier semestre 2015, il a annoncé la construction d’un laboratoire d’hospitalisation et d’une nouvelle maternité. « Lorsque vous m’avez confié toutes ces responsabilités, vous m’avez dit que je pouvais compter sur votre soutien. Grâce à vos prières  et bénédictions, nous sommes arrivés là où nous sommes aujourd’hui. En m’accordant votre confiance, vous m’avez dit que vos attentes étaient entre autres que je fasse en sorte que nous ayons  le maximum de  services, afin de mieux subvenir aux besoins des populations. Nous sommes sur la bonne voie, parce que le gouvernement, ayant reconnu le travail abattu a décidé de nous accompagner», a précisé d’entrée M Ouattara Clément.

Aussi, a-t-il annoncé la construction d’un bloc opératoire avec 2 salles d’opérations. « Ces 2 salles d’opérations seront  équipées  de matériels ultramodernes. Les différentes salles d’hospitalisation seront climatisées, dotées de douches et de WC. La particularité sera aussi que les patients  seront suivis avec rigueur. Pour atteindre nos différents objectifs, une fois de plus, je compte sur vous pour faire appliquer cette rigueur», a-t-il renchéri. Par ailleurs, l’orateur a annoncé la  construction d’une seconde maternité.

« A la différence de la première maternité, cette nouvelle sera dotée de 2 boxs pour les attentes, 4 boxs d’accouchements, 1 bureau de gynécologie et 8 lits. Il est également prévu la construction d’un préau, d’une  salle de couveuse, d’une buanderie et surtout d’un parking et l’achat d’un groupe électrogène  estimé à 14 millions fcfa. Je tiens à faire une précision de taille sur la construction du parking. On ne peut pas faire d’omelettes, sans casser les œufs. Pour vous  dire que nous serons obligés de dégager les bordures du centre de santé. C’est une des exigences du gouvernement pour nous accompagner… », indique-t-il fièrement devant ses pairs et tous les représentants de la communauté sanitaire des 11 quartiers que compte le centre de santé communautaire de Yopougon Wassakara-Attié.

                                                                                                                                                                              Sériba Koné

 

Encadré

La confiscation de l’information au sommet

Lorsqu’il prenait l’engagement de réhabiliter les différents centres hospitaliers universitaires (CHU) et des établissements sanitaires périphériques du pays, le gouvernement ivoirien prenait rendez-vous avec l’histoire. Car, ces réformes sont perçues par nombre d’observateurs et surtout les populations  comme une panacée au récurrent problème de santé des populations ivoiriennes qui sont encore victimes de la vétusté des infrastructures sanitaires. S’il est vrai que des efforts ont été consentis, force est, cependant, de noter que beaucoup reste à faire, au regard des besoins et attentes des populations. Au demeurant, les  difficultés relevées par notre équipe de reportage, qui s’est heurtée à un mur hermétique quant à l’accès à l’information  tout au long de ce travail, interpellent les autorités compétentes ivoiriennes sur la volonté manifeste de certains responsables de l’administration ivoirienne,  d’une part, de ne pas faciliter la tâche aux hommes de médias dans l’exercice de leur fonction, et d’autre part,  de « plomber » les travaux entrepris par le gouvernement ivoirien. Une volonté délibérée pour ces derniers de se dresser comme des obstacles sur le chemin de l’émergence à l’horizon 2020. Cette retention de l’information de certains responsables de l’administration ivoirienne est une entrave grave sur la chemin de l’émergence à l’horizon 2020.

Sériba K. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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