Culture

[GADA 2024 : « Maquis’Arts »] La danse-thérapie s’invite à la Cocoteraie des Arts avec Mathieu N’dri


Mondoukou, Grand-bassam, le 28-10-2024 (lepointsur.com) La 4e édition des Grands Ateliers des Arts (GADA 2024) se déroule actuellement à la Cocoteraie des Arts de Mondoukou, à Grand-Bassam, du 21 au 29 octobre 2024. Cet événement, dédié à la promotion des arts et aux échanges culturels, s’illustre par la diversité et l’innovation de ses ateliers. Parmi eux, l’atelier animé par le danseur et art-thérapeute Mathieu N’dri a particulièrement retenu l’attention le dimanche 27 octobre, avec « Maquis’Arts », un programme visant à faire découvrir les vertus thérapeutiques de la danse, au-delà de son aspect artistique.

Une approche innovante de la danse

Mathieu N’dri, diplômé en art-thérapie et en danse-thérapie, est un passionné de l’exploration des liens entre le mouvement corporel, la musique, et le bien-être. « La danse-thérapie, explique-t-il, est une pratique qui permet d’intégrer ou de réintégrer de façon harmonieuse les registres qui constituent l’être humain, c’est-à-dire l’émotion, le social, et même le spirituel. » Contrairement aux pratiques artistiques classiques, son approche met l’accent sur les bénéfices psychologiques, corporels et sociaux de la danse, plutôt que sur la maîtrise technique en vue de performances scéniques.

Pour N’dri, la danse ne se limite pas au divertissement ou à une simple activité physique. C’est une méthode thérapeutique reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans le cadre des interventions non médicamenteuses (INM), qui sont de plus en plus intégrées dans les milieux hospitaliers. Il s’agit d’une approche globale qui permet d’harmoniser les différentes dimensions de la personne pour l’aider à retrouver un équilibre, qu’il soit physique, émotionnel, social ou même spirituel.

La danse comme thérapie : une science du mouvement

Lors de son intervention à « Maquis’Arts », Mathieu N’dri a souligné l’impact positif de la danse sur le cerveau. Selon lui, le mouvement corporel permet d’activer le cervelet, responsable de l’automatisation des tâches, et de renforcer les capacités d’apprentissage et de mémorisation. « Lorsque vous dansez, vous stimulez le cerveau de manière intensive. Par exemple, en dansant sur une musique de sept minutes, on apprend plus de 200 mouvements, ce qui booste le taux de rétention d’informations », précise-t-il.

Il s’appuie sur les travaux de chercheurs comme Lucie Vincent, auteur de Faites danser votre cerveau, pour soutenir l’idée que la danse, parmi toutes les pratiques artistiques, est celle qui engage le plus l’esprit et le corps. La motricité globale et fine est sollicitée, obligeant les participants à développer leur attention et leur capacité à s’adapter aux mouvements des autres. « En dansant, vous apprenez à être attentif à votre environnement et à éviter les collisions avec les autres danseurs. C’est un travail d’organisation et de concentration qui a des effets bénéfiques sur la santé mentale et physique », ajoute-t-il.

Une vocation au service de la santé et du bien-être

L’engagement de Mathieu N’dri dans la danse-thérapie ne s’arrête pas aux ateliers grand public comme « Maquis’Arts ». Il souhaite aussi mettre en place des formations en Côte d’Ivoire, destinées à ceux qui voudraient se spécialiser dans l’utilisation de la danse à des fins thérapeutiques. « L’objectif est de transmettre ce savoir pour que la pratique de la danse puisse être utilisée dans des milieux variés tels que les hôpitaux, les centres de rééducation, les orphelinats, ou encore les écoles. Partout où il y a un besoin de soutien pour surmonter des difficultés émotionnelles, sociales ou motrices », explique-t-il.

Au-delà des bénéfices pour les individus en difficulté, il milite pour la reconnaissance du danse-thérapeute en tant que professionnel de santé à part entière. Ce dernier, selon lui, doit posséder une formation en danse, mais aussi en psychologie, psychopathologie et psychanalyse, afin de pouvoir utiliser le mouvement corporel pour accompagner ses patients vers un mieux-être.

Une invitation à repenser la danse

L’atelier « Maquis’Arts » a permis de mettre en lumière un autre visage de la danse, moins connu mais tout aussi essentiel. Il a offert aux participants une nouvelle perspective : celle d’une discipline qui, au-delà de la scène, trouve toute sa place dans le domaine de la santé. À travers ses démonstrations et ses explications, Mathieu N’dri a montré que la danse pouvait être un outil de transformation personnelle et collective, capable de soigner les maux du corps et de l’esprit.

À une époque où la santé mentale est une préoccupation croissante, les initiatives comme celle-ci ouvrent la voie à des solutions alternatives et complémentaires. La danse-thérapie, telle que promue par Mathieu N’dri, incarne l’espoir d’un accompagnement plus humain et plus holistique, où le geste artistique rejoint la science pour le bien-être de tous.

Médard KOFFI à Mondoukou, Grand-bassam

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