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[Football/Processus électoral à la CAF] « Cette histoire prend des proportions dégoûtantes… »


Ville du 6 octobre, 12-01-2021 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo

: La Confédération africaine de football s’est consciemment installée dans une zone de turbulences. L’irruption du comité d’urgence de la CAF dans le processus électoral pour changer les règles du jeu en plein match, crée un dysfonctionnement et des grincements de dents.

Grosse colère d’un dirigeant sportif africain. « Cette histoire du processus électoral de la CAF prend des proportions dégoûtantes avec cette décision du comité d’urgence du Comité Exécutif. Les dirigeants n’ont pas le niveau et rabaissent l’Afrique en cherchant toujours à contourner les textes. C’est une honte ».

“ La décision du comité d’urgence lie les mains et les pieds de la CAF et l’offre sur un plateau d’argent à la FIFA (…) C’est une immixtion flagrante dans la gestion de la CAF. Une infantilisation de la Confédération Africaine de Football. ’’

Le comité d’urgence de la CAF réunie par visioconférence le 9 janvier 2021, a en effet décidé que « La Commission de gouvernance de la CAF devra soumettre, à la Commission de contrôle de la FIFA, les candidatures reçues pour le poste de Président de la CAF, étant entendu que le Président de la CAF a vocation à devenir le Vice-Président de la FIFA » et « la Commission de gouvernance de la CAF devra déterminer, avec la Commission de contrôle de la FIFA, une date d’officialisation dans les plus brefs délais, de la liste définitive de tous les candidats à toutes les élections à savoir : membres du Comité Exécutif, membres Conseil de la FIFA et Président de la CAF ». 72 h plus tôt, la commission de la bonne gouvernance avait fait connaître les conclusions de la séance de validation des candidatures. L’ivoirien Jacques Anouma et le sénégalais Augustin Senghor sont déclarés éligibles. Les candidatures du sud-africain Patrice Motsepe et du mauritanien Ahmed Yahya, jugées recevables mais les deux hommes devront fournir des informations complémentaires, sur des questions essentiellement éthiques. Ils ont été convoqués par le comité d’éthique, le 28 janvier 2021.

Les statuts de la CAF encadrent le processus électoral

La décision du comité d’urgence lie les mains et les pieds de la CAF et l’offre sur un plateau d’argent à la FIFA. Tout au plus, l’instance internationale peut s’assurer du respect des textes et des procédures, de la sincérité et la transparence du processus électoral mais, elle ne peut pas décider en premier ressort des candidatures. C’est une immixtion flagrante dans la gestion de la CAF. Une infantilisation de la Confédération Africaine de Football.

Les statuts de la CAF indiquent clairement que la publication de la liste des candidats est du ressort du secrétariat général. Après analyse des dossiers, la commission de la bonne gouvernance transmet ses conclusions au comité exécutif. Il ne revient donc pas à ladite commission « d’officialiser dans les plus brefs délais, la liste définitive de tous les candidats à toutes les élections ». Méprise. Les dispositions de l’article 18 (paragraphe sont claires à cet effet : « Le secrétariat général doit communiquer les noms des candidats à toutes les associations nationales et ce, en même temps que la lettre de convocation de la réunion et de l’ordre du jour de l’assemblée ».

“ Beaucoup de questions. L’eau de la CAF est trouble. À tous les niveaux. ’’

Convocation de l’Assemblée générale élective 60 jours avant la date fixée

L’article 17 des statuts de la CAF, paragraphe 6, règle la question de la communication de la date de l’assemblée et la communication des noms des candidats retenus aux associations nationales. « La convocation formelle se fait par écrit, au moins 60 jours avant la date fixée de l’Assemblée générale ». Étant donné que la date l’Assemblée générale élective est prévue le 12 mars 2021, la communication des noms des candidats doit se faire impérativement le 11 janvier 2021.

Des questions sans réponses…

Dans ces conditions, pourquoi la commission de la bonne gouvernance a-t-elle placé les auditions des deux candidats en ballotage au 28 janvier 2021 ? Pourquoi n’a-t-elle pas les précautions pour entendre Patrice Motsepe et Ahmed Yahya sur les faits qui leur sont reprochés ou les suspicions nourries et transmettre les conclusions définitives au comité exécutif ? Si le Secrétariat général doit impérativement publier la liste des candidats retenus le 11 janvier 2021, les deux candidats pourront-ils y figurer en attendant leurs auditions ? Comment peuvent-ils valablement faire campagne alors qu’une suspicion de violation de l’éthique sportive plane sur eux ? Et si les faits qui leur sont reprochés sont vérifiés, on les retire ?

Beaucoup de questions. L’eau de la CAF est trouble. À tous les niveaux.

Fernand Dédeh

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