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[Football/Le visage de Marcus Rashford tatoué dans les rues de sa ville natale] En voici les Raisons


Dans les premiers mois de la crise sanitaire, son combat pour la distribution de repas gratuits aux enfants britanniques défavorisés avait fait du héraut Marcus Rashford un héros national. Alors que la crise économique s’aggrave, l’attaquant de Manchester United poursuit avec son succès son engagement hors terrain et fait des émules dans les vestiaires d’Angleterre ou d’ailleurs.

En football, on parlerait de doublé. Quand le gouvernement britannique annonce, cet automne, la suspension du programme de repas gratuits pendant les vacances scolaires, Marcus Rashford utilise, comme plus tôt dans l’année, son arme fatale : la pétition. Soutenu par l’opinion publique, le pressing du jeune attaquant mancunien paye quelques semaines plus tard. Le dispositif d’aide alimentaire, destiné à plus d’un million d’enfants du royaume, est reconduit jusqu’aux vacances de Noël 2021. Coût de l’opération : 188 millions d’euros. Cette volte-face du gouvernement, le joueur de United l’apprend en avant-première, dans la foulée d’un match gagné par son équipe à Everton, de la bouche de Boris Johnson himself. Car, oui, le Premier ministre appelle directement Marcus Rashford, ancien gamin d’une banlieue pauvre de Manchester devenu footballeur international (déjà 39 capes avec la sélection anglaise) et membre de l’ordre de l’Empire britannique (MBE), distinction honorifique décernée par la reine. Last but not least, le visage de l’enfant prodige est maintenant tatoué sur les murs de sa ville, dans le quartier de Withington.

Et maintenant : la lecture !

Une fresque murale, des décorations prestigieuses et la cote de popularité qui va avec son engagement et ses performances sur le terrain : à 23 ans, la (double) vie de Marcus Rashford est déjà riche et bien remplie. Peut-être pas assez, en tout cas le jeune attaquant en garde sous le pied. Son dernier projet : encourager la lecture chez les enfants défavorisés. « J’ai seulement commencé à lire à 17 ans, et cela a complètement changé ma mentalité, ma façon de voir les choses », explique Rashford dans un communiqué. Selon lui, plus de 380 000 enfants au Royaume-Uni n’ont jamais possédé un livre. « Cela doit changer », ajoute-t-il. Cette nouvelle campagne doit aboutir à la création d’un club de lecture, qui fournira dès l’année prochaine une liste de titres recommandés, mise au point avec un éditeur de livres pour enfants. Et la collaboration ne s’arrête pas là : le footballeur va aussi créer sa propre collection, destinée à promouvoir la lecture et l’alphabétisation. Marcus Rashford va même mettre la main à la plume : un premier ouvrage, Tu es un champion, co-écrit avec une psychologue et un journaliste sportif sortira en milieu d’année prochaine. D’autres livres, toujours pour le jeune public, devraient suivre.

Un cas emblématique, mais pas isolé

Salué par les entraîneurs de Chelsea et de Liverpool, Frank Lampard et Jürgen Klopp, l’engagement du joueur de Manchester United transcende les rivalités entre clubs et fait des émules. Mesut Özil, le milieu de terrain allemand d’Arsenal, s’est lui aussi engagé dans la distribution de repas gratuits aux écoliers. En France, l’attaquant de Sochaux (Ligue 2), Bryan Soumaré a offert 300 paniers repas à des familles dans le besoin de Saint-Quentin, sa ville natale, suite à une annonce passée sur Twitter. Le joueur s’est même déplacé pour remettre les vivres en mains propres. Les stars de l’équipe nationale du Gabon Pierre-Emerick Aubameyang, Didier Ndong, Denis Bouanga (entre autres) ont appelé à soutenir les footballeurs professionnels locaux, qui pour beaucoup ne sont plus payés. Avec Mario Lemina (Fulham), Aubameyang s’investit aussi au sein de l’ANFGP, l’association nationale des footballeurs, dont les actions ont permis de lever 150 000 euros d’aide, selon son président, interrogé par le quotidien L’Équipe. À rebours du cliché du footballeur égoïste et autocentré, ils sont plusieurs, partout, à donner du temps ou de l’argent pour aider ceux qui en ont besoin. Le phénomène s’est peut-être accentué en cette période, mais il n’est pas nouveau. Le précurseur le plus emblématique est un autre joueur de Manchester United, Juan Mata. En 2017, l’Espagnol lançait son mouvement « Common Goal », avec l’objectif ambitieux « d’aider à changer le monde ». Il appelait alors ses pairs à reverser 1% de leur salaire dans un fonds commun destiné à soutenir diverses ONG. Trois ans plus tard, près de 140 joueurs, joueuses et entraîneurs se sont engagés, parmi lesquels Jürgen Klopp, Serge Gnabry, Paulo Dybala ou Megan Rapinoe.

Source : Rfi

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