[Football/Candidat à la présidence de la Fif] Idriss Diallo se livre, ce qu’il dit du comité de normalisation et de la visite Fifa-Caf en Côte d’Ivoire (Interview)
Abidjan, 06-05-2021 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo: Une erreur technique n’a pas permis de diffuser la réaction du candidat Idriss Diallo, suite à la visite des présidents de la FIFA et de la CAF à Abidjan, les 3 et 4 mai 2021. Et surtout après l’appel à l’unité, au rassemblement lancé aux acteurs du football ivoirien et aux candidats à la présidence de la FIF par Gianni Infantino et Patrice Motsepe. Les propos de Sory Diabaté et ceux de Didier Drogba ont été diffusés le mercredi 5 mai 2021. Séance de rattrapage avec Idriss Yacine Diallo. Interview.
Président Idriss Diallo, pendant 48 h, la Côte d’Ivoire (3 et 4 mai 2021), la Cité d’Ivoire fut le centre du monde du football. Le président de la FIFA, Gianni Infantino et celui de la CAF, Patrice Motsepe ont séjourné en Côte d’Ivoire. Comment avez-vous apprécié cette visite ?
Idriss Diallo : La première des choses et vous l’avez bien située, c’était un honneur de recevoir le président de la FIFA et le président de la CAF en même temps. Et, ils l’ont bien signifié eux-mêmes dans leurs interventions, la Côte d’Ivoire était pendant ces deux jours-là, le centre du monde, en termes de football. Je pense que c’est un bel hommage aussi pour le président Alassane Ouattara qui a accepté d’organiser la CAN 2023. Vous avez vu les investissements réalisés. J’ai suivi une émission du ministre de la Promotion du Sport et du développement de l’Economie sportive le lundi 3 mai 2021, à la télévision nationale. Il révélait le volume des investissements avec ce que cela entraîne comme ruissèlement dans tout l’écosystème économique, avec les plateaux techniques, au niveau des routes, au niveau des hôtels, du tourisme… C’est une décision importante que le président Ouattara avait prise en s’engageant dans l’organisation de la CAN 2023. Que les sommités du football viennent en Côte d’Ivoire le saluer, c’est pour moi, un moyen de reconnaître l’œuvre qu’il a entreprise.
“ Le premier acte que nous devons tous poser, c’est aider le comité de normalisation à faire sa mission. Parce que les membres de ce comité n’ont pas demandé à être là. ’’
Après ça, la Côte d’Ivoire a été malheureusement, ces derniers temps, secouée par des courants de violences verbales dans le cadre des élections à la Fédération ivoirienne de football. Donc, c’est mieux que l’on retrouve la Côte d’Ivoire sous son vrai visage, le visage de l’unité, la reconnaissance de ce qui a été fait dans notre pays. Les deux personnalités du football sont également venues pour un projet d’une importance capitale.
Je souriais d’ailleurs quand je lisais le projet. En me disant que la Côte d’Ivoire est vraiment en avance. Il me souvient en effet, pendant notre jeunesse, le championnat OISSU (Office ivoirien des Sports scolaires et universitaires), était même plus disputé que les compétitions de football sur les stades. Il me souvient que tous les joueurs de l’Asec Mimosas ou du Stade d’Abidjan étaient des élèves du lycée classique d’Abidjan, du lycée technique d’Abidjan, du lycée Garçons de Bingerville, du lycée de Daloa… C’est clair, à l’époque, le football scolaire était l’embryon du football professionnel. Aujourd’hui, c’est une opportunité qui nous est donnée et je pense que la Côte d’Ivoire devrait briller assez facilement.
Vous qui êtes un proche parmi les proches de l’ex-Premier ministre, Hamed Bakayoko, pendant la cérémonie au lycée municipal d’Abobo, il vous est arrivé de penser à votre frère ?
I.D: Oui, systématiquement ! Vous savez, quand j’ai été informé de la tenue de cet événement à Abobo, j’ai été heureux, parce que je sais l’importance que Hamed Bakayoko accordait à la jeunesse en général et à celle d’Abobo en particulier. Je sais aussi les projets qu’il nourrissait pour ces jeunes gens-là. Donc, le fait d’aller lancer cette initiative à partir d’Abobo, est un hommage qui lui est rendu à juste titre. Et je pense qu’il faut remercier le ministre de la Promotion du Sport et du développement de l’Economie sportive et toutes les autorités qui ont choisi Abobo pour accueillir les présidents de la FIFA et de la CAF. Nous avons eu une annonce exceptionnelle : le président de la CAF et sa fondation offrent 10 millions de dollars US, je pense c’est une symbolique forte. Pour dire aussi que la gestion du football doit maintenant évoluer. Il ne faut pas que les gens viennent au football pour se remplir les poches. Qu’ils viennent au football pour donner. Pas forcément de leurs deniers mais de leurs compétences et de leurs énergies.
Faire le lancement de la compétition à Abobo, c’est rendre hommage au travailleur, à cet amoureux de la jeunesse, à l’Abobolais qui était Hamed Bakayoko.
Pendant leur visite, le président de la FIFA et le président de la CAF ont fait allusion à la division dans la famille du football ivoirien. « Nous avons appris qu’il y a trois groupes. Nous ne sommes pour aucun groupe. Nous demandons que tout le monde se mette ensemble pour travailler pour la grandeur du football ivoirien. », ont-il dit. Comment avez-vous perçu ce message ?
I.D : De mon point de vue, c’est un message qui est le bienvenu. Vous savez, moi, depuis le début de la campagne à la FIF, j’ai toujours dit qu’il fallait considérer cette élection comme un match de football qui va se dérouler pendant 90 mn. Les adversaires vont s’affronter à la loyale et à l’issue du match, il y aura un vainqueur ou un vaincu. Il peut même y avoir des prolongations, c’est ce que nous vivons maintenant avec le comité de normalisation. Mais à la fin, il y aura un vainqueur et un vaincu. Mais une fois que cela est fait, la vie continue. Je pense qu’aucun d’entre-nous, en tout cas de ceux qui veulent diriger la fédération, n’attend d’être président de la fédération pour vivre. Donc, nous devrions avoir une compétition juste. Une compétition fair-play pour être vraiment dans l’esprit du football. Malheureusement, il y a beaucoup de passion, beaucoup de violences verbales, des violences verbales inouïes. Vous savez, à l’ère des réseaux sociaux, on ne sait plus qui dit quoi, qui ne dit pas quoi. C’est clair que l’appel des présidents de la FIFA et de la CAF est un appel à la retenue, dans un premier temps. Parce que, si nous sommes tous candidats, c’est parce que nous comptons apporter quelque chose au football. Quelqu’un qui doit apporter quelque chose au football ne doit pas être vilipendé par ses adversaires ou par ceux qui ne croient pas en son programme. La deuxième chose, c’est que c’est un appel aussi, je pense, à exprimer l’amour que nous avons pour le football ivoirien. Parce que, si nous nous déchirons, si nous partons divisés, à l’arrivée, qui sera perdant ? C’est le football ivoirien. Parce que, dans chacune de nos équipes et dans chacun de nos groupes, nous avons des compétences avérées qui veulent servir le football. Donc, cet appel est une occasion pour tous, de saisir l’opportunité de mettre en avant le football, s’asseoir et voir s’il y a des formules à trouver. Ce que nous devons garder à l’esprit, la division n’a jamais payé. Par contre, quand on est uni, quand on est dans l’unité, on est capable de bâtir des choses beaucoup plus importantes. Nous avons des échéances à très court terme. La première des échéances, c’est la CAN 2022, après, la coupe du monde 2022, dans la foulée, la CAN 2023 que nous organisons pour ce qui concerne les compétitions sportives. Nous avons aussi des enjeux nationaux, comme la relance des compétitions nationales, comme reconquérir les annonceurs parce que nous avons donné un spectacle lamentable ces derniers temps. Pour faire tout ce travail, il faut avoir un environnement apaisé. Cela fait partie de mes valeurs. Je considère que l’appel des présidents de la FIFA et de la CAF est le bienvenu. Il faut que nous le prenions à bras le corps pour avancer.
Quand vous dites « il faut que nous prenions cet appel à l’unité à bras le corps pour avancer », ça signifie quoi pour vous ? Quels sont les schémas qui défilent dans votre esprit, qu’est-ce qui va se passer maintenant ?
I.D : La première des choses, c’est déjà aider le comité de normalisation. Le premier acte que nous devons tous poser, c’est aider le comité de normalisation à faire sa mission. Parce que les membres de ce comité n’ont pas demandé à être là. S’ils ont été envoyés, c’est que la FIFA a estimé qu’ils avaient un travail à faire. Donc, nous devons les aider pour que leur mission sport soit faite, bien faite et dans les délais. Déjà, je salue la présidente du comité de normalisation, Mme Mariam Dao Gabala qui a donné un timing. Par rapport à cela, elle a déjà fait rouler le ballon. La prochaine étape pour moi, ce sont les textes. Il faut commencer à regarder les textes le plus tôt possible. Ça peut prendre du temps. Il faut éviter de nous retrouver trop près de la date des élections avec les discussions sur les textes. Donc, ensemble, nous commençons à regarder ce qui doit faire l’objet des modifications. Le premier acte de pacification, c’est d’avoir des textes qui ne peuvent faire l’objet d’aucune interprétation et d’aucune déviation. Rapidement, il faut valider les textes. Ce qu’il faut dire et la FIFA a même dit dans sa décision, qu’il n’y a pas grand-chose à modifier. La FIFA a même donné une orientation. Donc, ça devrait se faire rapidement. Il faut aider le comité de normalisation à réussir. Une fois que le comité aura réussi, nous allons passer à la phase électorale elle-même. Nous aurons des textes de qualité, des candidats qui ont saisi l’appel lancé par la FIFA et à la CAF. Ma porte est ouverte pour tout ce qui est de nature à apaiser, je suis preneur. Quels que soient les scenarii, je serai disponible. Le seul objectif, que le football ivoirien se porte bien à travers une gouvernance de qualité pour éviter les polémiques et avoir une organisation efficiente pour permettre à toutes les catégories de football, les jeunes, les femmes, les amateurs, les professionnels, chacun doit avoir sa place.
Interview réalisée par Fernand Dédeh