Fêtes de fin d’année/Réveillon de la Noël : A 72 heures de la célébration, Adjamé fermée… °La population inquiète


Dur, dur de se frayer un chemin à Adjamé

Dur, dur de se frayer un chemin à Adjamé

Samedi 20 décembre 2014, Adjamé ‘’Nangui Abrogoua’’, il est 09 heures du matin. La voie principale menant à la grande Mosquée d’Adjamé est bondée de monde. Rendant le trafic difficile. Nous peinons à nous frayer un passage sur cette voie. Les populations affluent de partout. L’air ambiant devient rarissime au point où nous manquons de nous asphyxier. Les trottoirs n’existent que de nom. En lieu et place, y jonchent des articles de tous genres, envahis par des personnes en quête de jouets ou de vêtements pour leurs enfants. Les articles cadeaux, particulièrement les ordinateurs électroniques, les poupées, les voiturettes, les vélos et divers autres jouets éducatifs s’arrachent comme de petits pains.

Oui, Noël c’est bientôt et aucun parent ne veut rater l’occasion d’offrir un présent à sa progéniture. Quel qu’en soit le prix. Les magasins Chic Choc sont les plus sollicités du fait des prix pratiqués.

« Les articles cadeaux dans ce magasin sont accessibles à notre bourse. Les prix vont de 500 FCFA à plus. J’y fais mes emplettes depuis près de trois ans. Même si pour certains, ces articles sont de la chinoiserie, l’essentiel pour moi, c’est de faire plaisir à mes enfants sans trop à avoir à dépenser exagérément. Parce qu’après les fêtes de fin d’année, il faut bien gérer le quotidien », indique une dame venue faire des emplettes.

En tout cas, pour les prix pratiqués, il faut le reconnaître, ces commerces  sont une bouée de sauvetage pour les moins nantis. Des articles cadeaux, aux articles de décorations (Sapins, jeux de lumières…) en passant par ceux des ménages, les  prix sont accessibles à toutes  les bourses.

L’inquiétude de la population

Les fêtes de fin d’année riment avec bouffe et fringues. Malheureusement, la crise qu’a connue la Côte d’Ivoire continue d’influer négativement sur les bourses et les activités des populations. Les réalités pécuniaires et l’insécurité (Phénomène des ‘’microbes’’, enlèvement d’enfants, phénomène des brouteurs…) ont fini par créer une sorte  de psychose au sein des populations. Pour bien de parents, « il faut beaucoup faire attention en ces temps de fêtes. Le mieux serait de rester tranquille chez soi ; les vols d’enfants sont récurrents et il est difficile de maîtriser nos enfants », s’inquiète Sandrine Koné, une jeune dame avec qui nous avons sympathisé.

 « C’est vrai qu’il n’ ya pas d’argent. Mais cette année, c’est encore plus grave. Nous n’avons pas réceptionné assez de tissus et de pagnes cette année. Les quelques clientes  qui se présentent  à nous, nous trouvent chers. Ce n’est pourtant pas vrai. Les fournitures de couture sont très couteuses. De peur qu’elles aillent ailleurs.  D’ailleurs, il y a toujours des retardataires. Et puis, quelles que soient les difficultés, les Ivoiriens ne ratent jamais une occasion de fête »,  nous confie David Fashion, styliste modéliste bien connu à Marcory Remblais pour ses chefs-d’œuvre.

Eh oui ! Les Ivoiriens s’adaptent à n’importe quelle situation. Un tour rapide à  l’atelier de couture de Gertrude a fini par nous convaincre de ce que l’Ivoirien aime faire la fête. Situé à quelques encablures du grand marché de Treichville, l’établissement  spécialisé dans la confection des tenues typiquement féminines a déjà bouclé avec la réception des tissus et pagnes. Alors que nous nous sommes présentées comme une cliente, la patronne des lieux  a été très discourtois : « Nous ne réceptionnons plus  de pagnes ni de tissus. Nous sommes  assez débordés ; comprenez-nous. Revenez après les fêtes. » Comme quoi, les difficultés financières ne sont pas l’apanage de toutes les populations.

La ruée vers’’ le Kaolin’’ et’’ Petit Lomé’

Situés dans l’enceinte de la commune, ’’Le Kaolin’’ et ’’Petit Lomé’’ sont les commerces  les plus visités d’Adjamé. Réputés pour leurs prix pratiqués, ‘‘Le Kaolin’’ et ‘’Petit Lomé’’ ne désemplissent pratiquement pas. Tout le monde y trouve  quelque chose pour son compte et pour son goût. C’est le cas notamment de Fabienne, élève en classe de première. « Je fréquence beaucoup ces deux lieux, parce que  j’y trouve tous les articles et les prix pratiqués sont à ma portée. Le mètre de  tissus est à partir de 500 FCFA. Avec une somme de 10 000 FCFA, je peux me faire confectionner une tenue et m’acheter une paire de chaussures », dit-elle confiante.

« Nos tissus sont à de très bons prix. Contrairement aux magasins des libanais où les articles sont beaucoup  plus chers ». Même son de cloche à ‘’Petit Lomé’’ où les produits sont vendus à prix de gros.

Rivalité entre magasins de vêtements de reliques et vêtements de luxe  

Les magasins de friperie et autres étals de friperie ne manquent pas à la furia des clients. D’ailleurs, ces vêtements de relique ne sont pas seulement l’affaire des nantis. Toutes les couches sociales s’y retrouvent. D’Adjamé-Bracodi en passant  par Yopougon-Kouté et Marcory Belleville, les clients que nous avons trouvés sur place, s’évertuaient à trouver quelque chose selon leur convenance.

« Avant, on avait honte de faire nos emplettes dans les magasins de friperies, parce que ces lieux étaient destinés à nous les pauvres. Mais aujourd’hui, c’est le contraire. Les riches fréquentent beaucoup ces lieux. Surtout au marché de Marcory  Belleville où tout est devenu cher par leur faute. Allez- y également à  Yopougon-Kouté vous verrez des bosses faire des achats en compagnie de leurs enfants », soutient Mariette.

Construction, réhabilitation et toilettage de maquis et bars

Les fêtes de fin d’année riment aussi avec consommation d’alcool et bamboula. En effet, pendant  que ’’la Duchesse’’ est en  train de sortir des terres, les maquis « Le Manguier »  et « le Globe » situés à Yopougon-Attié  sont  en pleine réhabilitation. A en croire  Eva,  la gérante, « nous avons entrepris de refaire nos locaux pour le confort de notre clientèle. C’est dur, mais que voulez-vous ?  C’est la fête et les Ivoiriens sont fanas de nouveauté. Et puis, au-delà de ce fait, il est important de faire peau neuve chaque fin d’année. C’est un peu comme si on mettait de la peinture sur tous les malheurs de l’année 2014. »

Les fêtes de fin d’année avec leur cortège de difficultés avancent à grands pas. A y voir de près, elles sont diversement appréhendées et préparées par les populations par faute de moyens financiers. Mais comme le dirait l’autre, ‘’Ivoirien aime trop fête’’. Comme pour dire, argent ou pas, les ivoiriens fêteront coûte et coûte.

 Opportune BATH

 

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