Famienkro : Le roi et deux de ses notables interpellés, Duncan saisi, l’appel au calme du député #CIV
Abidjan, le 24-7-15 (lepointsur.com)-Les affrontements violents et sanglants de Famienkro dans le département de Prikro entre les forces de l’ordre (gendarmerie) et les populations opposé au projet hévéicole HPC est loin de connaître son épilogue. Joint par téléphone, 72h après les évènements qui ont fait deux morts, les réactions d’une part du commandant de la Brigade de la gendarmerie de Prikro Karamoko Ladji et celles d’un fils de la région, proche de la famille royale alimentent la polémique née de l’existence ou non de morts, des circonstances dans lesquelles cela a pu arriver…
Prikro : 72 heures après les affrontements gendarmes-villageois/Le roi de Famienkro et deux de ses notables interpellés…
Le premier ministre Daniel Kablan Duncan saisi…
En tout cas, au fil de l’évolution des faits et surtout des différentes réactions, c’est à un véritable imbroglio que l’on assiste. Tant, les positions sont tranchées et les sons discordants. En effet, le commandant de la Brigade de gendarmerie de Prikro Karamoko Ladji tout en rassurant qu’il y’a un calme relatif, confirme les deux morts, non sans faire des précisions. « C’est le calme plat. Effectivement, il y’a deux morts. Nous nous nous sommes rendus sur les lieux avec un médecin qui a fait le constat d’usage. Les résultats ont montré que des deux cas de décès, un est décédé d’une mort naturelle. C’est le second qui a succombé des suites d’affrontements sanglants et violents entre les deux camps. C’est-à-dire, des villageois qui sont pour le projet et ceux qui sont contre. Concernant, la quarantaine de personnes interpellées hier, nous continuons les enquêtes. C’est vous dire qu’elles sont encore à la Brigade de gendarmerie. »
Ces déclarations ne seront pas confirmées par un fils de la région, avec qui nous avons pris langue. Ce dernier a battu en brèche, les déclarations du commandant de la gendarmerie Karamoko Ladji quant aux circonstances de la mort des deux villageois. « Les autorités administratives et les forces de l’ordre sont en train de menacer les villageois. Ils sont en train de manigancer pour faire disparaître les corps. Je vous apprends que le roi et deux de ses notables ont été interpellés aujourd’hui. Des proches du roi ont joint le premier ministre Kablan Duncan pour l’informer de la situation qui prévaut au village. »
Au regard du flou artistique autour de la situation qui prévaut à Famienkro, l’on peut avancer que si l’on n’y prend garde, le conflit foncier entre villageois et l’opérateur économique HPC, qui prend des tournures inquiétantes au fil des jours est en passe de connaître une issue incertaine. Les circonstances et la mort de deux villageois créent une polémique qui indubitablement va déboucher sur un imbroglio aux conséquences imprévisibles. Pour toutes ces raisons, les autorités compétentes ivoiriennes gagneraient à prendre à bras le corps le problème pour prévenir l’irréparable.
EKB
Le député de Prikro rassure : « Le projet est là pour le bonheur de la région »
Suite à l’affrontement sanglant et à l’interpellation de la reine-mère et de certains villageois par la Brigade de gendarmerie à Prikro, dont nous faisions cas dans nos éditions précédentes, nous avons échangé avec le député élu de Prikro, Déby Yao Benjamin.
Dans cet entretien téléphonique, il recadre les choses et invite « ses parents au calme », et à faire corps avec le projet intégré de l’hévéaculture et des cultures vivrières dans le département de Prikro, grâce au modèle de Partenariat Public Privé (PPP) pour laquelle, la société dénommée « Compagnie Hévéicole de Prikro » (CHP) fera d’importantes réalisations.
« Le projet est là pour le bonheur de la région », rassure Déby Yao Benjamin aux populations de Famienkro, Timbo et Kofesso #Prikro
« C’est plus d’une quarantaine de personnes qui ont été arrêtées puis transférées à Prikro. En 2011, quand il y a eu ce problème, nous avons eu à faire plusieurs réunions pour expliquer à nos parents le bien fondé de l’acceptation de la société dénommée « Compagnie Hévéicole de Prikro » (CHP). Des rencontres ont eu lieu entre les cadres, élus et population des différents villages concernés par le projet. Le ministre de l’Agriculture y a envoyé plusieurs missions avant que le Premier ministre, ne s’y rende le 14 septembre 2013, pour présider le lancement du projet intégré de l’hévéaculture et des cultures vivrières. Depuis lors, je peux dire que tout était rentré dans l’ordre. Aujourd’hui, si vous rentrez à Famienkro, le village ressemble à une ville.
Même tous nos frères qui se débrouillaient moyennant des sommes dérisoires à Abidjan sont retournés au village et c’est eux qui tirent profit de cette société. Tout allait très bien. L’année dernière, si je ne me trompe, la société a fait 300 hectares. Au conseil des ministres du 15 septembre 2014, le gouvernement a pris la décision d’octroyer la totalité des 11.000 hectares qui ont été purgés par la Sodesucre au temps du Président Félix Houphouët-Boigny, la superficie de 5.000 hectares à la Compagnie Hévéicole de Prikro (CHP) pour créer une plantation d’hévéa en vue de créer de la richesse dans la zone et 1.800 hectares pour la sécurité alimentaire au compte du Pnia.
Donc, les travaux se déroulaient très bien, jusqu’au 11 juillet 2015, où il y a eu une réunion de l’UPCI à Prikro. Après cette réunion, au cours de laquelle ceux qui étaient opposés au projet étaient nombreux. Je ne sais pas ce qui s’est réellement pas passé ce jour là, mais au lendemain les gens sont allés détruire les pépinières de la société. Le lendemain, les résistants au projet des trois villages sont sortis nombreux comme s’ils s’étaient donné le mot d’ordre la veille, et ont commencé à poursuivre les gens dans les champs.
Dans le cadre de la délimitation de cette parcelle en vue de signer avec l’Etat le bail emphytéotique, l’Etat avait commis des géomètres experts. Au cours de leur travail, ces derniers ont été interpellés par les populations puis soumis à n interrogatoire musclé, tels des bandits, une fois au village. Il a fallu l’intervention du sous-préfet et de la gendarmerie pour que ces géomètres puissent faire leur travail. Avant-hier, le sous-préfet m’a joint par téléphone pour m’informer qu’il a été victime de jets de pierres et qu’il doit son salut à la protection de certains villageois.
Cette région a longtemps été dans la boucle du cacao. Mais, avec les feux de brousse la région est devenue très pauvre et nos parents se sont déplacés vers Soubré (Sud- Ouest de la Côte d’Ivoire). A Méaguy, où la majorité est installée par exemple, les Andôh sont environ 16.000 habitants. Dans le cadre du développement de la région, le chef de l’Etat Alassane Ouattara décide de créer des richesses. Aujourd’hui, la société a électrifié le village, réhabilité l’école du village, le centre de santé. La société est en train de préparer la construction de certaines écoles et d’un collège. Elle a reprofilé toutes les voies du village. Moi, j’ai toujours soutenu que la terre appartient d’abord à l’Etat et c’est une portion qui a été purgée en 1972, au temps du ministre Sawadogo.
En tant qu’élu je peux vous dire que sur 80 villages andôh, il y a 77% qui sont à 100% d’accord pour le projet. Il y a trois villages dans lesquels, ceux qui sont contre le projet n’atteignent même pas 1%. C’est cette minorité qui attaque les autres et la société hévéicole, c’est décevant tout cela ! En termes de propositions concrètes faites aux villageois, il a été proposé à la CHP par le ministre de l’Agriculture de « créer des richesses pour les villageois.» Chaque village devrait avoir des plantations villageoises. Ensuite l’installation d’une antenne de l’Anader à Famienkro, ce qui est fait. Le choix de la culture vivrière que les villageois proposent est pris en compte par la société. Elle la crée et la remet aux villageois (lire l’extrait du discours du ministre ci-dessous).
Que les gens retiennent que le peuple Andôh soutient le projet de la CHP. Ce sont quelques individus mal intentionnés qui n’ont encore rien compris qui se braquent. Aujourd’hui, la majorité des jeunes qui sont retournés au village n’ont rien à envier à ceux de la ville. Certains ont des fauteuils, des télévisions écran plasma etc. Je demande à mes parents d’accepter le projet afin que des richesses soient créées pour eux et leurs enfants. L’Etat veut créer de la richesse dans notre région, il faut l’accompagner. Il faut que les parents ne se laissent pas tromper, distraire par des individus restés à Abidjan. Le projet est là pour le bonheur de la région ; il faut que toute la population se l’approprie. »
Propos recueillis par téléphone par Sériba Koné
Extrait du discours du samedi 14 septembre 2013, du ministre de l’Agriculture, Coulibaly Sangafouwa
« Le projet intégré de l’hévéaculture et des cultures vivrières dans le département de Prikro un modèle de Partenariat Public Privé (PPP) qui innove par l’association des cultures pérennes avec les cultures vivrières où les ressources tirées de l’hévéaculture permettront de financer la production des vivriers.
Il apporte une réponse à plusieurs préoccupations à la fois. Il s’agit :
– de promouvoir le développement de l’hévéa ;
– d’apporter un appui à la production vivrière à travers la mise à disposition de matériels et d’intrants agricoles ;
– d’aménager les bas-fonds pour la riziculture et le maraichage ;
– de réhabiliter les pistes de desserte agricoles pour faciliter l’accès des productions au marché ;
– de promouvoir la transformation des produits agricoles au niveau local ;
– d’améliorer l’accès aux infrastructures sociales et communautaires (école, centres de santé, etc.).
Avec ce projet la pauvreté reculera dans le département de Prikro et particulièrement dans la Sous Préfecture de Famienkro.
Nous sommes fiers de l’aboutissement de la conjonction des efforts et des bonnes volontés de l’administration publique, du secteur privé, des élus locaux et des populations qui a permis de rendre ce projet concret. Nous prenons le pari de continuer sur cette lancée pour un investissement agricole productif, créateur d’emplois et de richesses pour les populations d’ici. »
Extrait du Communiqué du conseil des ministres du 15 septembre 2014
Le lundi 15 septembre 2014, un Conseil des Ministres s’est tenu de 10h00 à 13h30, à la Préfecture de Daoukro, sous la présidence effective de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République, Chef de l’État.
Le Conseil a adopté une communication relative à l’état de mise en œuvre du projet intégré d’hévéaculture et des cultures vivrières de PRIKRO.
Ce projet, d’un montant de trente et un milliards (31 000 000 000) de francs CFA, est basé sur une vision de partage de la richesse générée par un acteur privé, la Compagnie Heveicole de Prikro (CHP), avec les populations locales. Un an après son lancement, le projet enregistre 399 bénéficiaires, dont 247 femmes identifiées pour le programme vivrier. Le projet permettra, à terme, la production de 26.000 tonnes de caoutchouc naturel et 8.000 tonnes de produits vivriers par an. Il créera 8000 emplois directs, et permettra la réalisation d’infrastructures diverses (écoles primaires, hydraulique villageoise, pistes rurales…).
Le Conseil des Ministres a salué l’important rôle joué par les chefs traditionnels, le corps préfectoral et les cadres de la région, dans la mise en œuvre du projet, et autorisé la conclusion d’un bail emphytéotique au profit de la CHP pour une surface de 5.000 hectares.
D/-Divers
Au titre du Ministère d’Etat, Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité
Le Conseil a entendu une communication du Préfet de la Région de l’Iffou, Préfet du Département de Daoukro.
Le Préfet de la Région de l’Iffou, Préfet du Département de Daoukro, a présenté, à la demande du Chef de l’Etat, une communication en Conseil des Ministres relative à la situation administrative et socio-économique dans la Région de l’Iffou.
Le Préfet de Région, après avoir présenté sa circonscription administrative, a dressé un état des lieux des infrastructures et des activités socio-économiques de la région de l’Iffou, avant d’évoquer les difficultés auxquelles la Région est confrontée, ainsi que les attentes des populations.
Le Conseil a noté avec un grand intérêt ces préoccupations et s’est engagé à y apporter les réponses appropriées dans les meilleurs délais.
Fait à Daoukro, le 15 septembre 2014
Bruno Nabagné KONE
Ministre de la Poste et des TIC
Porte-parole du Gouvernement
porteparoledugvt@egouv.ci
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