Point Sur

[Fadal Dey à ‘’Matin Bonheur’’] « Nous avons les preuves de la mauvaise gestion de la DG du Burida» (Voir vidéo)


-« L’audit accable Mme Vieira »

C’est une histoire de plusieurs dizaines de millions FCFA qui secouent depuis un bon moment, le Bureau ivoirien de droits d’auteurs (Burida). Plusieurs artistes ivoiriens réclament, la tête d’Irène Assa Vieira, la directrice générale, qui est accusée de vider les caisses du l’institution. Dans une interview accordée à l’émission ‘’Matin Bonheur’’ de la radiotélévision ivoirienne (RTI 1), le porte-parole du Collectif d’artistes pour le changement au Burida, Fadal Dey, dit sa part de vérité et explique pourquoi après sa révocation lors de l’Assemblée générale ordinaire, le 28 septembre 2018, madame la directrice générale est toujours en poste. Interview.

Bonjour Fadal Dey…

Bonjour.

Bien, alors le Collectif des artistes pour le changement au Burida (Cacd), c’est quoi ? Que fait exactement ce Collectif des artistes ?

C’est un collectif qui se bat pour le droit des artistes. C’est un collectif  qui se bat surtout pour qu’il y ait un réel changement profitable à tous les artistes de Cote d’Ivoire. C’est pourquoi ce collectif est né et j’en suis le porte-parole tout simplement, parce que nous avons remarqué sur quelle base se font les répartitions. Nous souhaiterions savoir et nous avons compris beaucoup de choses.

D’accord, vous avez compris beaucoup de choses. Et c’est pour cette raison que depuis des mois, dans ce collectif-là, certains artistes demandent le départ de Irène Vieira à la tête du Burida,  nous voulons savoir pourquoi ?

Non, parce que dans nos textes, il est dit que quand une faute lourde est dûment constatée, il n’y a que le ministre de la Culture qui peut mettre fin aux fonctions du DG, après avoir été saisi par le Conseil d’administration. Alors, nous avons effectivement découvert que la nomination de Mme Vieira est basée sur du faux, parce que le ministre, non seulement a pris trois arrêtés, juste pour sa nomination, mais dans le dernier et 3e arrêté du ministre, il est dit que chaque candidat doit déposer une caution de 200.000FCFA. Ce que Mme Vieira  n’a pas fait, alors que le ministre n’avait pas pris un 4e arrêté pour abroger le 3e arrêté. Et voilà !

D’accord, donc Mme Vieira, elle a fait du faux. Voilà, c’est ce que vous dites. Alors, vous savez que pour la gestion du Burida, Mme Vieira pour être nommée là où elle est, il y a eu d’abord un décret pris en conseil des ministres sur proposition du ministre de la Culture et après avis du Conseil d’administration. Alors, comment se fait-il que vous dites qu’aujourd’hui Mme Vieira a été nommée et que cette nomination est fausse ?

‘’A la deuxième rencontre, il nous a dit quand vous tuez mal un animal, il faut savoir le dépecer’’

Bon, nous nous sommes membres de l’assemblée générale. C’est comme nous sommes les députés des artistes. Alors, dans nos textes, il est dit que quand un membre de l’assemblée générale découvre une faute lourde, non seulement, il peut convoquer une AG extraordinaire, mais aussi il peut porter plainte. Alors, nous n’avons pas encore découvert. Cela fait 11 ans  que Mme Vieira est au Burida, mais ça fait 5 ans qu’elle est revenue, nous n’avons rien découvert. C’est maintenant que nous avons découvert que sa nomination n’a pas respecté les normes. Et ensuite, il y a eu beaucoup de fautes lourdes de gestion.Comme «Solidartiste»par exemple. Tous les Ivoiriens sont témoins de cela. «Solidartiste»,  a été organisé à l’Hôtel du Golf. Et elle-même l’a reconnu à l’AG. Nous, on avait dit qu’elle a dépensé au moins 150 millions FCFA pour cela. Et elle-même a avoué à l’AG que c’est plutôt 120 millions FCFA qu’elle a dépensé pour récolter 35 millions. Alors quand vous faites le calcul, il y a une perte de 85 millions FCFA.

Alors, est-ce que vous avez les preuves de ce que vous avancez. C’est trop facile ici de venir là ce matin de porter une accusation pareille sur la gestion de Mme Vieira. Qu’est ce qui vous fait dire que Mme Vieira est celle-là dont vous parlez ce matin ?

Je vous dis que j’ai le PV de l’huissier qui est venu travailler à l’assemblée générale avec nous. Et voila, c’est son PV qui est là (il brandit le PV en question). Et Madame Vieira a parlé. Voila, contrairement aux accusations portées, « Solidartiste » a couté 120 millions FCFA au lieu 150 millions FCFA pour 35 millions récoltés. Et voila, ça c’est le PV, c’est ce que dit Mme Vieira(le ton monte)…ce n’est pas nous qui l’avons inventé. C’est une preuve, c’est elle même qui a parlé.

Svp, Mme Vieira est intervenue dans la presse comme vous l’avez dit. Elle a dit aux artistes d’être vigilants. Justement, elle a dit : «On veut enlever le directeur général jugé par certains trop rigoureuse et installer la mal gouvernance, parce qu’aujourd’hui le bilan du Burida est reluisant», alors qu’est ce que vous en pensez ? Et c’était le 28 septembre 2018 à l’assemblée générale.

Rires (…)  non, non et non, qu’elle arrête ! Et quand elle dit ça, elle doit être capable de dire aux Ivoiriens que les artistes ont abandonné au moins 4,500 milliards FCFA pour qu’aujourd’hui le Burida soit là ou il est. Donc, il ne faudra pas qu’on nous dise qu’elle travaille bien.

Effectivement, il y a certains artistes qui pensent que son travail est excellent. Il y a le ministre de la Culture et de la Francophonie qui a publié un communiqué à cet effet. Il a loué les mérites de Mme Vieira. Et son bilan est positif. Nous avons les chiffres M. Fadal Dey…

Vous ne pouvez pas dire que le bilan de Mme Vieira est positif tant que cela ne profite pas aux artistes de Côte d’ivoire. Est-ce qu’on peut dire que le bilan de Mme Vieira est positif avec les artistes qui perçoivent 12.000 FCFA et 850 FCFA comme droits d’auteurs. Le bilan est positif pour qui ? Pour elle, pour le ministre ou pour les artistes ? C’est d’abord nous. Voila, quand on dit que vous travaillez bien, il faudrait que cela se ressente dans les poches des artistes.

Le Groupe Sakoloh avec Loudy ont perçu 850 FCFA comme droits d’auteurs. Son bilan n’est pas positif.

Alors, voila, selon les chiffres que nous avons reçus de Mme Vieira, la collecte des redevances a quadruplé de 75 millions repartis entre les artistes en 2011. Le Burida est passé à 950 millions FCFA en 2017. Qu’en pensez-vous ?

Je viens de vous dire que des artistes comme Fadal Dey, Loudy de Sakoloh et comme Gbi de Fer continuent de percevoir comme droits d’auteurs 8.000 francs CFA. Le grand Gbi de Fer. Loudy de Sakoloh perçoit 850 FCFA comme droits d’auteurs. Il y a des artistes qui reçoivent 15.000 FCFA comme droits d’auteurs, 12.000f FCFA comme droits d’auteurs (…). Je ne peux pas accepter qu’on nous dise qu’il y a autant d’argent qui sont répartis. Sur 12.000 sociétaires, combien d’artistes au Burida qui perçoivent au moins 500.000f CFA ou bien 1 million FCFA.

Dans le même temps, il est dit qu’un artiste qui n’est plus en vogue ou un artiste qui ne produit presque plus, excusez-moi, je ne voudrais pas pour vous offenser. Mais, un artiste qu’on n’entend plus sur les antennes, qu’on ne voit plus à la télé ou sur les scènes, cet artiste ne peut pas recevoir de royalties conséquentes : voilà ?

Je suis désolé. De quelles royalties, parlez-vous? La durée de vie d’une œuvre au Burida est de 70 ans. Alors, on ne dira pas que la durée de vie de votre œuvre est de 70 ans et puis 2 ans après la sortie de votre œuvre, on vous dit que vous ne pouvez pas percevoir quelque chose. Ça ne sonne pas bien. Ce n’est pas une question de vogue. C’est une question de tour de maquis, toutes les pharmacies, tous les hôtels, tous les salons de coiffure, tous les magasins qui sont rackettés au nom de tous les artistes de Côte d’Ivoire. C’est de cela qu’il est question.

Alors, vous avez lors de l’assemblée générale du 28 septembre 2018, révoqué Mme Vieira de ses fonctions. Est-ce que c’est à vous sociétaires, de juger de sa gestion et de la révoquer, alors qu’on sait qu’il y a un Conseil d’administration ?

On ne l’a pas révoquée comme certains le pensent. On a pris la décision de sa révocation et nous avons demandé au Conseil d’administration de mettre notre décision en application conformément à l’article 37, qui dit quand une faute lourde est dûment constatée, le ministre peut mettre fin à sa fonction. Au fait, quand nous avons saisi le Conseil d’administration, le Conseil d’administration s’est mis au travail, il a décidé de statuer sur le cas Mme Vieira. Le PCA  a convoqué une réunion et 4 fois le Conseil d’administration a été empêché de travailler. Les représentants du ministre, Mme Wêrê-Wêrê Liking, O’Rentchi et Niamkey ont fait de l’insubordination. Et à chaque fois que le PCA convoque une réunion, les représentants du ministre font de l’insubordination, ils ne viennent pas. Vous avez compris. Quatre fois, le Conseil d’administration n’a pas pu travailler. Mais, l’Assemblée générale est l’organe suprême du Burida. C’est-à-dire qu’après l’Assemblée générale, il n’y a rien d’autre. Donc, nous avons pris notre décision.

Donc, vous avez pris votre décision. Vous avez vu le ministre de la Culture, Bandaman Maurice, alors, on ne comprend pas pourquoi elle est toujours en poste ? Si vous dites que la gestion de Mme Vieira est décriée, et comme vous le dites que la gestion de Mme Vieira n’est pas saine, alors opaque, comment se fait-il que malgré cette décision de révocation, elle est toujours en poste ?

Je vais vous parler de façon claire. Nous avons effectivement été reçus par le ministre et il nous a dit que tout ce que nous disons est vrai. Le ministre nous a dit que les revendications sont vraies et que quand vous êtes en guerre et que vous encerclez votre pire ennemi, il faut lui donner une sortie honorable. Cela voudrait tout dire. A la deuxième rencontre, il nous a dit quand vous tuez mal un animal, il faut savoir le dépecer. C’est le ministre qui nous le dit en nous demandant pardon.

C’est le ministre qui nous le dit. En même temps, il a fait sortir un communiqué et vous avez pris connaissance de ce communiqué là.Il a loué le travail de Mme Vieira. Il dit qu’elle fait un travail assez excellent…

Il a dit dans ce communiqué et je l’ai bien écouté. Il a dit que c’est une partie des artistes qui dit qu’elle travaille bien et qu’il y a une autre partie qui dit qu’elle ne travaille pas bien. Mais, je souhaite revenir sur ce communiqué.

‘’Dans l’audit, il est dit de façon claire que Madame Vieira donne de l’argent main à main aux agents du ministère’’

Un autre point justement, le ministre a proposé un audit des comptes du Burida. Et là, vous criez à la manipulation. Qu’est-ce qui se passe ?

C’est à cela je voulais en venir. Dans votre introduction, c’est nous le Cacd qui avons saisi l’Inspection générale d’Etat, c’est nous qui avons saisi la Haute autorité pour la bonne gouvernance et non le ministre. Alors, nous trouvons que le ministère de la Culture est partie prenante dans la crise au Burida. Alors, nous considérons que l’Inspection générale d’Etat est une institution neutre et qui peut nous faire un travail propre.

Alors, quand vous dites que le ministère de la Culture est partie prenante dans la crise au Burida. Expliquez-vous ?

Nous n’arrivons pas à comprendre qu’avec toutes les preuves que nous avons déposées sur le bureau du ministre, c’est-à-dire l’audit sur le travail de Mme Vieira, les FSCCA (Fonds de soutiens à la Culture) qui ont déclenché cette situation dont Pat Sako a parlé. Dans l’audit, il est dit de façon claire que Madame Vieira donne de l’argent main à main aux agents du ministère.

Vous dites que l’audit commandité par le ministre de la Culture est une manipulation. Répondez à la question…

Tout simplement parce que ce n’est pas le ministre qui a commandité l’audit. C’est nous qui avons commandité l’audit, c’est nous qui avons demandé l’audit. C’est le CACD qui a demandé l’audit et non le ministère. Nous avons demandé à l’Inspection générale de faire l’audit, alors nous ne comprenons pas pourquoi cet outil est confié aux inspecteurs du ministre de la Culture et non les inspecteurs de l’Inspection Générale.

C’est maintenant que le ministre a adressé un courrier au Président du conseil d’administration pour dire que l’Inspection générale d’Etat a décidé de reprendre en main le dossier.

Vous dites que le ministère de la Culture est partie prenante dans cette crise. Nous voulons bien comprendre la partie ou le ministère de la Culture est partie prenante. De quoi s’agit-il ? Qu’est ce que vous avez comme preuves pour dire cela ?

La première des preuves, c’est que nous avons donné toutes les preuves à M. le ministre de la mauvaise gestion de madame. Et nous ne comprenons pas pourquoi aujourd’hui madame est toujours à son poste. Nous ne comprenons pas lorsque le Conseil d’administration doit travailler par rapport à la révocation de madame et que les représentants du ministre refusent de venir au Conseil. Nous ne comprenons pas. Il y a une manipulation qui ne dit pas son nom. C’est en cela que l’assemblée générale qui est l’organe suprême a pris sa décision.

Il est normal que le ministre de la Culture à un moment donné, qui est votre ministre de tutelle, intervienne pour trouver une solution. Donc, ce n’est pas parce que le ministre ait intervenue dans cette institution qu’il est partie prenante ?

En temps normal, un ministre quand il y a eu une telle situation, où on vient vous dire qu’il y a malversations, vous devez taper du poing sur la table et vous révoquez la personne. Mais, pourquoi vous nous faites asseoir et vous nous dites ‘’quand vous tuez mal un animal, il faut savoir le dépecer’’. Je vous dis que c’est nous qui avions déposé l’audit sur le bureau du ministre. C’est nous qui avons donné la signature falsifiée lors de la nomination de madame.

Donc, à qui profite cette crise là, selon vous ? Visiblement, personne ne semble résoudre…

La crise ne profite pas aux artistes de Côte d’Ivoire.

Est-ce-que vous voyez derrière cette crise-là, une volonté politique ou une volonté de politiser ?

En tout cas, nous voyons que derrière la crise, surtout derrière la résolution de l’assemblée générale, de fait que Mme Vieira soit encore au Burida, un soutien du ministère de la Culture, parce que la décision de révoquer Mme Vieira vient effectivement du ministre. C’est ce que dit le texte. Le ministre peut mettre fin à sa fonction après avoir été saisi par le Conseil d’administration. Le mécanisme qui est mis en place est fait en  sorte que le Conseil d’administration ne puisse pas saisir monsieur le Ministre.

Nous vous avons dit tantôt que Mme Vieira est nommée par décret pris en Conseil des ministres sur proposition du ministre de la Culture et après avis du Conseil d’administration qui fait partie des artistes.

Je vais vous dire une chose avant de finir. Pour être candidat en Côte d’Ivoire à l’élection présidentielle, la CEI demande que chaque candidat verse au moins 20 millions FCFA. Si vous ne versez pas cette somme, vous ne pouvez  pas être candidat à plus forte raison être président de la République. Madame Vieira, sa nomination est faite sur du faux !

Propos retranscris par Médard Koffi

Commentaires

commentaires