Éthiopie : qui est Getachew Reda, nouveau chef du gouvernement civil intérimaire du Tigré
En Éthiopie, le nouveau chef du gouvernement civil intérimaire du Tigré, Getachew Reda, a présenté son programme le 25 mars 2023, au cours d’un point de presse : il a évoqué l’intégrité du territoire de la province, la justice transitionnelle et le retour des réfugiés comme priorités pour son administration. Ancien ministre, ancien porte-parole de la rébellion et membre de son comité exécutif, Getachew Reda est une figure bien connue de la politique tigréenne.
Getachew Reda, c’est depuis longtemps le visage du Front de libération du peuple du Tigré, le TPLF, le mouvement politico-militaire dominant dans la province et qui a gouverné la fédération éthiopienne de la chute de Mengistu Haile Mariam en 1991 à l’arrivée d’Abiy Ahmed Ali en 2018.
C’est lui qui, dans un anglais impeccable appris aux États-Unis, portait la parole des combattants tigréens pendant la dernière guerre, comme conseiller du président du gouvernement régional, le très secret Debretsion Gebremichael. C’est lui qui, à Pretoria d’abord, puis à Nairobi, dirigeait la délégation tigréenne aux négociations de paix d’octobre-novembre 2022. Et c’est sa signature qui figure au bas de l’accord de cessation des hostilités, aux côtés de celle du général Tsadkan Gebretensae, le stratège militaire du TPLF.
D’universitaire à ministre de la Communication du gouvernement fédéral
Getachew, c’est un civil, un politique. Il a 48 ans. Il était professeur de droit à l’université de Mekele, la capitale du Tigré, au début des années 2000, lorsqu’il est devenu l’un des cadres de son mouvement patriotique tigréen. Il avait été le ministre de la Communication du gouvernement fédéral, entre 2012 et 2016. À ce titre, c’est lui qui avait affaire à la presse internationale, notamment. Il faisait alors office de « spin doctor » du TPLF, la courroie de transmission entre son commandement pyramidal et le monde extérieur.
Il est né en juin 1974 à Alamata, une ville stratégique à la frontière entre le Tigré et l’Amhara, sur la route d’Addis-Abeba, où il a passé sa jeunesse. On ne sait pas grand-chose de son milieu familial, à part que l’une de ses sœurs s’est publiquement désolidarisée de lui pendant la dernière guerre et qu’une autre était engagée militairement dans les rangs de la rébellion.
Calme, de carrure massive, il est à l’aise aussi bien avec les combattants que dans les arcanes du comité exécutif du TPLF. Un homme d’appareil, mais aussi pragmatique, comme on l’a vu lors des points de presse qui ont suivi les séances de pourparlers de paix. Il a alors défendu ouvertement le fait de faire la paix avec ses ennemis. Et c’est ainsi qu’il a gagné ses galons, notamment auprès de la communauté internationale, mais aussi du gouvernement fédéral. C’est sans doute pour cette raison qu’il a été choisi, et non son chef Debretsion Gebremichael, qui appartient, lui, à la « vieille garde » du parti, et qui est sur une ligne plus dure, pour ne pas dire plus intransigeante.
RFI