États-Unis: quand l’entraide communautaire passe par les réseaux sociaux au Texas
Aux États-Unis, l’entraide communautaire est l’un des piliers de la société. Elle repose notamment sur l’Église, mais en période de Covid-19 et de grand froid, comme l’a connu le Texas la semaine dernière, elle s’appuie sur les réseaux sociaux et les applications. Comment cette aide s’est-elle concrétisée ?
Quand l’électricité a sauté pour au moins 4,5 millions de Texans, cela a signifié plus d’Internet pour les ordinateurs. Seuls les smartphones étaient fonctionnels. Et encore, quand ils étaient chargés. Mais habitués des ouragans, la plupart des foyers ont des batteries rechargeables toujours pleines.
L’entraide au Texas s’est donc d’abord concentrée sur la communauté, les voisins, la famille, les amis, par téléphone interposé : WhatsApp, Facebook et Twitter ont été en tête de pont pour demander de l’aide ou offrir des gîtes, des repas ou eau chaude. Les pages de chaque quartier de villes, ou villages texans, affichent où trouver des plats chauds et quels supermarchés sont ouverts. Beaucoup ont fermé par manque d’électricité ou à cause de dégâts des eaux.
L’application OurCalling développée par une ONG à Dallas permet de localiser les centres d’hébergement dans tout le Texas, et de dire où se trouve une tente d’une personne sans abris afin d’aider une des 100 000 organisations dans sa base de données à venir distribuer de la nourriture, de l’eau, de proposer un hébergement ou juste de voir si tout va à peu près bien.
Aides financières fédérales
Avec la reprise du courant et le retour de températures moins frigorifiques, les Texans ont eu un autre problème : le manque d’eau, car les canalisations ont explosé ou parce qu’elle n’est plus potable.
Avec 14 millions de personnes affectés par des soucis d’eau courante, des listes de plombiers ont vite tourné sur les groupes WhatsApp et sur les pages Facebook. Rapidement, Facebook et Twitter ont relayé les sites de distributions d’eau et de nourritures, leur localisation, leurs horaires. Des milliers de personnes en ont profité et en profitent encore.
Les élus municipaux partagent sur Twitter l’adresse du site où les Texans peuvent s’inscrire pour toucher l’aide financière fédérale, mais aussi les sites où l’on peut dénoncer des prix exorbitants constatés dans des magasins ou lors de réparations et ou trouver de l’aide juridique… Car augmenter les prix en période de pénurie est un délit. Déjà plus de 500 cas ont été reportés avant ce week-end, rien qu’à Houston.
Des applications ville par ville
Des applications spécifiques existent pour de très nombreuses villes, comme Austin, Dallas ou Houston. On peut, en temps normal, y reporter qu’un feu de circulation ne fonctionne pas. Désormais, elles servent à trouver les endroits où il y a de l’eau, où l’on peut prendre une douche chaude, mais aussi comment demander une collecte de déchets, quand son appartement ou sa maison a été inondée.
Des récoltes d’argent
Les réseaux sociaux sont aussi le lieu où l’on récolte de l’argent. En effet Alexandria Ocasio-Cortez, une des représentantes de l’aile progressiste du Parti démocrate américain, a lancé la semaine dernière une campagne de récolte de fonds sur Twitter auprès de ses 12,5 millions d’abonnés. Elle a dépassé la barre des 4 millions de dollars de dons pour les associations texanes d’aide aux plus démunis.
Les dons affluent du pays entier. L’organisme Mutual Aid à Houston a reçu tellement de dons que sur son fil Twitter elle a demandé au gens d’arrêter un temps de donner afin que ses neuf membres permanents puissent redistribuer ce qui a déjà été récolté.
La banque alimentaire de Houston, où elle est venue se porter volontaire ce week-end pour distribuer eau et nourriture, a également reçu des fonds par textos. Elle a distribué plus de 200 000 repas rien qu’avec l’aide d’un présentateur de télé américain, Jimmy Kimmel, qui avait demandé sur ABC de l’aide du pays entier.
RFI