Bienvenu Neba, l’un des pionniers du théâtre ivoirien.

CIV lepointsur.com (Abidjan, 3-11-2015) De plus en plus, l’humour est entrain de voler la vedette au théâtre sur les planches en Côte d’Ivoire. Plusieurs festivals humoristiques contribuent à cette primauté. Las d’attendre de réelles opportunités d’expression, les comédiens sont obligés de se tourner vers la création d’œuvres destinées à garantir leur quotidien.

Est-il possible de parler encore de théâtre en Côte d’Ivoire, vu que les principaux comédiens ont emprunté le chemin de l’humour ? Elle semble bien loin cette époque glorieuse du théâtre ivoirien, animée alors par des talents tels feux Atchori Memel, Gondo Topa Pierre et bien d’autres comédiens de cette génération qui a valu à cet art ses lettres d’or !

A cette époque-là, certains espaces tels que le festival du théâtre scolaire permettaient de déceler des talents naissants pour en faire de bons comédiens. Parmi eux, Gbizié Zoumana, Armand Assirifix et bien d’autres ont su saisir leur chance pour se hisser au sommet de l’art théâtral. A cette époque également, des dramaturges de talent, dont Thiam Abdul Karim, par la richesse de leur texte offraient de belles opportunités aux comédiens tels Alexis Don Zigré de se surpasser pour donner le meilleur d’eux-mêmes.

A ceux-là, il faut ajouter la vieille garde composée de Sidiki Bakaba et Bienvenu Neba qui, dès leur retour de l’Hexagone ont su tracer les sillons du théâtre ivoirien. L’essor théâtral à cette époque a bénéficié de l’expertise et du grand intérêt accordé par des animateurs de la trempe de Geoges Taï Benson, grâce à qui, les téléspectateurs de la chaîne publique de Télévision étaient régulièrement gratifiés de pièces à succès tels que ‘’Adama champion’’ qui a révélé feu Gondo Topa Pierre et ‘’Les mains vides’’, merveilleusement interprétées par la bande à Adjé Daniel.

Aujourd’hui, impuissantes, des personnes ressources dont Bienvenu Neba, assistent à la mort programmée du théâtre en Côte d’Ivoire. Plus aucun espace ne veut recevoir les pièces théâtrales, car selon des promoteurs de spectacles, le théâtre ne draine plus de monde comme dans le passé. Les comédiens se sont alors tous tournés vers la production de sketchs télévisés, s’ils ne se détournent pas entièrement de cet art qui a permis leur initiation dans le monde culturel.

C’est le cas d’Adama Dahico qui, après s’être détourné du théâtre, a su se refaire un nom dans le milieu de l’humour. Il s’est entièrement consacré à l’art humoristique, où il est seul à prester sur scène. Ce qui lui réussit d’ailleurs très bien. En témoigne le Festival international du rire d’Abidjan (Fira) qu’il a institué et qui se tenait à Abidjan tous les deux ans, mais aussi la mise à disposition de ses fans, plusieurs œuvres littéraires à forte coloration humoristique.

Grâce à l’humour, ce talentueux comédien sorti tout droit de la troupe théâtrale d’Abobo, donne l’opportunité à plusieurs jeunes talents de s’exercer. Toute chose qui semble bien plus rentable que le théâtre qui a du mal à se frayer un chemin dans l’actuel monde culturel ivoirien.

Malgré quelques opportunités données çà et là à des comédiens, très vite, pour des besoins de survie et surtout de renommée, ceux-ci retournent leur casquette pour embrasser une carrière cinématographique ou humoristique, ne laissant ainsi aucune chance au théâtre de sortir son nez du naufrage, où il est désormais plongé.

Ephraïm Aboubacar

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