Abidjan, le 23-12-2022 (lepointsur.com) Le paysage politique ivoirien, c’est peu de le dire, est en pleine mutation. En témoigne la multiplication des rencontres et des cadres de discussions entres chapelles politiques dans la perspective d’alliances et tous ordres et de toutes natures. Ces rencontres ont lieu entre les partis appartenant à la même idéologie (FPI, MGC etc.). Elles mettent en relation également des partis d’obédience différentes (FPI et RHDP) ou (PDCI PPACI). Cela qui conduit certains observateurs à parler d’alliance contre-nature.

Au-delà des faits et des rencontres avec les sourires politiques affichés, il faut essayer comprendre cette dynamique et l’inscrire dans la perspective de recomposition et de repositionnement au regard des intérêts et des agendas spécifiques chaque formation.

Le processus de recomposition de la gauche semble le plus engagé. Nombre de partis historiques de la gauche ivoirienne ont disparu ou presque de l’échiquier (USD, PIT, etc.).

L’explosion du FPI avec le départ de son leader historique et charismatique a rebattu les cartes. Affi Nguessan qui tient les rênes du Front populaire peine à rassembler. Sa récente visite à Simone Gbagbo, l’autre personnalité historique de la gauche ivoirienne est certainement de bon augure. Cette dernière semble courtisée par le PDCI RDA qui est fortement attiré à le PPACI de Laurent Gbagbo. Il faut également signaler l’attrait de Pascal Affi pour le RHDP. Il est entré ouvertement en négociation avec le parti présidentiel. Pour rappel c’est contre ce parti qu’il avait lancé le Conseil National de Transition avant de se retrouver lâché par les autres acteurs notamment Konan Bédié, Amon Tanoh et Mabri Toikeusse. En attendant, Blé Goudé est au rebond.

Aucun analyste ne peut prévoir ce qui se passera tant la situation est singulière et que la gauche semble à la croisée des chemins.

Chaque leader à son agenda personnel loin des principes idéologiques

La vie politique ivoirienne est le champ de tous les possibles. Toutes les alliances sont de l’ordre du possible. En réalité, il n’y a pas de clivage idéologique qui vaille en Côte d’Ivoire. Cela, depuis le désapparentement pragmatique du PDCI RDA à l’époque de la lutte anticoloniale sous la houlette du père de la Nation, le président Félix H. Boigny.

Il faut donc voir dans les rencontres qui occupent la vie publique une démarche normale de positionnement pour chaque acteur avec toujours un agenda personnel : exister, se donner de la visibilité et se tenir prêt à saisir toute opportunité pour se hisser au pouvoir ou à une parcelle du pouvoir.

Nanourougo Coulibaly

Professeur, auteur

Chroniqueur indépendant

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