Entretien/Touré Moussa (Conseiller spécial du PAN) : ‘’Le destin de Guillaume Soro n’est pas scellé’’ #civ
Abidjan, 16-11-15 (lepointsur.com)-Au cours d’un entretien qu’il a accordé à lepointsur.com, Touré Moussa, le Conseiller Spécial du Président de l’Assemblée Nationale chargé de la Communication a battu en brèche l’implication de Guillaume Soro dans une quelconque déstabilisation du Burkina Faso. Pour lui, en effet, les voix que l’on lui prête dans une conversation avec Djibril Bassolé ne sont pas les siennes. Ci-dessous, l’intégralité du contenu de l’entretien.
Commentaire à chaud, dès l’écoute
Pour tout vous dire, nous n’avons pas été surpris par cette attaque. Nous avons juste été surpris du moment choisi. Toujours est-il que nous étions en possession d’informations selon lesquelles des attaques seraient en préparation contre le Président de l’Assemblée Nationale. Evidemment, nous avons pensé que les auteurs auraient eu la décence d’attendre que le projet de réforme constitutionnelle dont a fait cas le Président de la République soit mené à son terme, que le parti unifié devienne une réalité avant que se déclenchent les hostilités.
Malheureusement, nous sommes surpris que cela survienne deux semaines après la prestation de serment du Président de la République. Je trouve que c’est indécent et c’est surtout manquer de respect au Président de la République de Côte d’Ivoire. Ceci étant, il y a une bande sonore qui a circulé depuis mercredi 11 novembre 2015. Elle a été mise en ligne sur la page Facebook d’un militant du Fpi. Il est évident que des consignes claires ont été données de descendre Guillaume Soro, de tout faire pour qu’il ne se relève jamais de cette attaque.
En quelque sorte, de comploter pour mettre fin à sa carrière politique. Evidemment, l’élément diffusé le mercredi nuit n’a pas généré le buzz espéré. C’est le lendemain jeudi, à force de le partager qu’il a fini par atteindre un certain nombre d’internautes pour devenir une affaire. Intéressons-nous maintenant au timing choisi pour comprendre qu’il n’est pas innocent. C’est une affaire qui parle de la situation au Burkina Faso. Dans ce pays, c’est la période de la campagne présidentielle. Comprenez que pour la première fois au Burkina Faso, il y a de vraies élections avec des enjeux véritables. Ce qui focalise tout le peuple burkinabè. En Côte d’Ivoire, le débat plutôt est cristallisé autour de la réforme constitutionnelle qui doit ouvrir la voie au renouvellement des institutions. Avec à la clef, le projet de création d’un poste de vice-président. Lequel aurait en charge la responsabilité de terminer le mandat en cours en cas de vacances du pouvoir et d’organiser des élections auxquelles il pourrait être candidat. Bien entendu, lorsque le projet du Président de la République a été connu, certains ont cru nécessaire d’éliminer celui qu’ils considèrent comme l’un des potentiels candidats à ce poste. D’autant que malheureusement pour le Président Guillaume Soro, par sa posture de dauphin constitutionnel il attire toutes les jalousies et suscite beaucoup d’inimitiés.
Beaucoup de personnes, certainement de bonne foi, ont indiqué que le PAN pourrait être un candidat valable pour ce poste. Dès lors, d’autres ont entrepris de l’abattre politiquement. Mais c’est Dieu qui a le destin des hommes. Je pense qu’en agissant ainsi, des gens veulent tordre le bras au Président de la République, l’obliger à aller dans un sens qui est celui souhaité par les auteurs et commanditaires de cet acte. Imaginez, on fait sortir alors un enregistrement qui dure 16 minutes 35 secondes. On y entend Guillaume Soro qui parle tout seul pendant environ 15 minutes. Dans un échange où deux personnes sont censées discuter pendant 16 minutes et curieusement, c’est un seul qui parle. Et pour bien faire accréditer leur complot, un des interlocuteurs insiste pour se nommer, en disant: « moi Guillaume Soro ». Et pour qu’on se convainque bien de l’identité de l’autre interlocuteur, il dit : « toi Djibril ».
A-t-on besoin de rappeler les noms au cours d’un dialogue entre deux individus qui se connaissent ? Le plus choquant dans cette affaire c’est de vouloir faire admettre que le Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire parle de façon aussi légère sur une ligne non sécurisée. Le Guillaume Soro qui a secrètement préparé le plan d’opération sur Abidjan, qui a organisé l’offensive militaire pour contraindre Laurent Gbagbo à rendre le pouvoir au Président démocratiquement élu, qui a dirigé et animé les Forces nouvelles pendant huit ans, peut il être aussi naïf ? Lui qui depuis 2002 sécurisait ses communications avec ses chefs militaires par le canal de téléphones satellitaires Thuraya, peut-il se permettre d’avoir un entretien d’une telle importance sur un téléphone non sécurisé ? Quiconque connait Guillaume Soro sait que s’il a survécu à huit années de rébellion, aux assauts des troupes pro-Gbagbo et aux différentes tentatives d’assassinat, c’est parce qu’il avait un don particulier pour sécuriser son environnement, ses communications et sa personne. Vous imaginez le Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire assis à Abidjan et qui donne des plans de guerre au Burkina Faso et qui plus est, à un général de la gendarmerie, le premier de sa génération dans ce pays ?
Disposition pour rétablir la vérité
Connaissant le PAN et sa manière de fonctionner, lorsque l’élément est sorti, j’ai pris sur moi le soin d’appeler un expert en vue de l’authentification des différentes voix posées sur l’élément sonore. Après avoir effacé tous les effets sonores, il est apparu que l’élément comportait plusieurs enregistrements des voix du Président Soro auxquels on a rajouté une autre voix. Il y a certes deux voix bien perceptibles, mais il y a une troisième qui est une imitation de sa voix.
Dès lors, j’ai fait appel à un avocat membre du collectif des avocats du PAN et devant lui, l’expert a refait sa démonstration. Evidemment, l’homme de Droit a exigé un rapport d’expertise, de sorte que lorsque l’action judiciaire sera engagée, il y ait un élément de preuve à présenter. Cet élément sonore est de manière manifeste, une volonté malsaine de manipuler la voix de Guillaume Soro. Il y a effectivement eu un échange entre le Président de l’Assemblée Nationale et Djibril Bassolé. Mais de quoi s’agit-il ? En effet, le général Bassolé a sollicité son ami Guillaume Soro, en vue d’obtenir des moyens pour aller se reposer hors du Burkina Faso. Comme vous le savez, le général faisait l’objet d’une mesure de gel de ses avoirs, venait de voir sa candidature à la présidence rejetée et faisait l’objet d’une procédure pénale relativement à sa gestion du ministère des Affaires étrangères. Il avait donc des moyens limités. Le PAN a accepté de donner un coup de main à son ami. Malheureusement, leur conversation qui n’a été que de courte durée a été interceptée et utilisée à d’autres fins.
A la vérité, il apparaît évident que la personne de Guillaume Soro dérange des intérêts voilés. Et pour que sa carrière politique prenne fin, cet élément a été monté de toute pièce pour essayer de le briser. Evidemment, il est important que les auteurs de la diffusion de cette bande mensongère sachent que le Président Guillaume Soro aura une réaction à la mesure de l’offense qui lui a été faite. Sa réaction sera de deux ordres. A savoir politique et judiciaire. Le premier se fera en accord avec le Président de la République qui a rapidement compris que cette affaire n’est qu’un pétard mouillé. Vous savez, avant tout, dans cette affaire, c’est l’Etat de Côte d’Ivoire qui est visé. C’est la deuxième personnalité de l’Etat de Côte d’Ivoire qui a été diffamée. C’est pourquoi nous n’entreprendrons rien en dehors du cabinet du Président de la République. Ensuite s’en suivra le volet judiciaire. Comprenez qu’une grave atteinte a été portée à l’honneur du Président de l’Assemblée Nationale. Nous n’allons pas rester les bras croisés face à cette tendance à tout se permettre grâce aux TIC. Il y aura une procédure pénale que nous allons engager.
Juste une grossière manipulation
(…) S’il y a une chose que les gens ignorent, c’est bien le fait que le Quartier général des écoutes téléphoniques au Burkina est situé au Palais présidentiel de Kosyam. Et lorsque cette prétendue écoute a été interceptée, ce palais était aux mains du Général Diendéré. Et pensez-vous que c’est celui-là qui intercepterait une conversation téléphonique pouvant le compromettre ? En plus, l’élément diffusé présente une conversation déjà entamée. Pour quelle raison le début a été délibérément caché ? Qu’est-ce qui a été dit avant ? Pourquoi ne nous fait-on pas écouter le début de la conversation ? Qu’est-ce qui était dit dans cette partie qui a été occultée? J’aimerais bien rencontrer les auteurs pour leur poser la question.
Perquisition au domicile burkinabè de Guillaume Soro
Il n’y a jamais eu de perquisition à un domicile ouagalais du Président Guillaume Soro, parce que le PAN n’a jamais eu de résidence privée à Ouagadougou. Ce sont juste des résidences d’Etat qui lui sont allouées au cours de ses passages dans la capitale burkinabè. Il a déjà répondu à cette préoccupation. Mieux, les autorités burkinabè se sont excusées car elles ont dit que ce n’était pas Guillaume Soro qui était visé par la perquisition. Si vous voulez le savoir, face à toutes ces manœuvres, le Président de l’Assemblée Nationale se trouve dans un état d’esprit très offensif. Il s’était mis dans une posture de ne point gêner le Président de la République et se tenir loin de toutes les luttes intestines.
Mais là, je pense que le Rubicon a été franchi et il saura se défendre vigoureusement, en rendant coup pour coup si nécessaire. Je peux dire à tous que le destin de Guillaume Soro s’accomplira selon ce que Dieu aura prévu. C’est vrai qu’en politique ce genre de coup bas existe. J’en veux pour preuve l’exemple du Président Alassane Ouattara. Pendant seize ans il a connu toutes les pires formes de méchanceté dans son pays, la Côte d’Ivoire. Pis avant d’être candidat, le corps de sa mère, fraichement inhumé, a été exhumé la nuit même de son enterrement. Il a survécu à tout cela et il est devenu Président la République, accomplissant ainsi son destin. C’est pour dire que personne ne peut entraver le destin d’un individu. Guillaume Soro a survécu à l’attaque contre son avion. Son cortège a été mitraillé, il a été encerclé à la RTI et piégé dans un bâtiment dans lequel on a mis le feu. Mais il a survécu à tout cela. Que tous comprennent que ce ne sont pas les hommes qui écriront le destin de Guillaume Soro. Dieu seul à ce pouvoir. Et comme Alassane Ouattara il échappera à la haine, et aux machinations des malfaisants.
Réalisé par Idrissa Konaté et EKB
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