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Entretien/Commandant Kouadio Yao Roger (Directeur de la zone Nord-est de l’Oipr) : ‘’Le parc national de la Comoé se porte bien’’


Vue aérienne du parc national de la Comoé.

CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 06-01-2017) Commandant Kouadio Yao Roger, vous êtes le Directeur de la zone Nord-est de l’Office ivoirien des parcs et réserves. Quelle est la situation du parc de la Comoé ?

Contrairement à ce que beaucoup de personnes pourraient penser, le parc est dans un état de conservation satisfaisant et nous sommes dans une bonne dynamique de conservation. Cependant, j’avoue que nous revenons de loin. Quand, je prenais service en 2013, nous étions à la fin du projet d’appui à la relance de la conservation des parcs et réserves avec pour site pilote, le parc national de la Comoé, financé par le fonds pour l’environnement mondial et administré par la Banque mondiale. Après quelques années de reprise en main, c’était l’un des objectifs principaux dudit projet, après une décennie de crise, nous avons réussi, véritablement, à asseoir l’autorité de gestion sur le parc. En 2014, nous avons connu, malheureusement, un afflux  massif de personnes venues à la recherche de l’or. Nous avons pris les choses en main en déployant toutes nos équipes avec l’appui de nos partenaires et avons pu circonscrire  ce phénomène d’orpaillage. Les rapports de nos équipes sur le terrain et les chiffres indiquent que les sites fréquentés par les orpailleurs sont en train d’être repris par la végétation et donc de reverdir. Et, on constate, par la même occasion que les animaux refont surface et sont visibles. Quand vous traversez le parc, aujourd’hui, vous voyez les animaux en grand nombre. Il y a un certain nombre d’outils que nous avons mis en place et qui ont confirmé ce bon état de conservation du parc. Il y a eu un inventaire aérien qui a été fait en Mars 2016 et qui a montré que les effectifs de faune sont en nombre stable, c’est-à-dire que pour certaines espèces comme l’hypotrague, on a une très bonne augmentation, les espèces comme le buffle, l’éléphant, l’hippopotame, la panthère ; toutes les espèces de céphalophe sont en nombre important. Ce n’est certes pas une totale satisfaction, mais on sent qu’un travail colossal a été abattu. Et avec l’appui de nos partenaires et des populations autour de ce parc, on a pu avoir un état de conservation satisfaisant. Cela dit, un braconnier ne viendra, jamais, dans une « maison » vide, un orpailleur ne viendra pas dans un espace ou il n’y a pas de richesses. Le parc national de la Comoé est un véritable joyau naturel à la disposition du monde entier, un bien national pour lequel, nous travaillons, toujours, afin d’apporter notre contribution pour bien le maintenir.

L’on peut alors dire que le parc national de la Comoé n’a pas été agressé, pénétré ? Comment expliquez-vous cet état de fait ?  Est-ce une prise de conscience écologique des populations riveraines ou la peur du gendarme ?

Effectivement, durant toute la décennie de crise que notre pays a traversée,  les populations n’ont pas infiltré le parc en termes de création de plantations, de cultures. Cela dénote, et les résultats d’enquête le montre, qu’il y avait  une conscience relativement plus ou moins élévée aux aspects de conservation et de protection. On peut même aller un peu loin pour faire en sorte qu’aucune forme d’agression n’existe comme l’orpaillage, le braconnage, les mises à feux incontrôlées ou la transhumance du bétail à l’intérieur du parc. De façon fondamentale, de façon globale, nous sentons une conscience écologique chez les populations avec lesquelles nous collaborons. Il faut continuer à développer ce comportement et ce reflexe et que toutes les populations soient leurs premières sentinelles de protection du parc ; empêcher les intrus de détruire ce bien naturel et collectif.

Comment sauvegarder durablement le parc ? Avez-vous des solutions à cet effet ?

Il y a beaucoup d’actions que nous menons dans ce sens. La réforme de gestion des aires protégées sur le plan national met un point d’honneur sur l’implication directe des populations pour la protection des parcs et réserves. Nous nous employons à le matérialiser sur le terrain à travers des séances de sensibilisation, chaque année, à l’endroit de tous les villages riverains. En 2017, les populations elles-mêmes seront en première ligne pour la sensibilisation et la prise de conscience, avec l’appui de nos partenaires, pour porter le message de la protection. Dresser un diagnostic des besoins des communautés et d’envisager des solutions idoines et adéquates. La coopération française et d’autres partenaires nous appuient, fortement, dans cette vision. Nous allons initier des actions communautaires et génératrices de revenus au profit des populations à la périphérie du parc. Toute chose qui peut freiner l’infiltration et constituer des alternatives durables à toutes les activités illégales susceptibles d’exister dans le parc. Au cours de l’année 2016, nous avons institué une saine émulation entre les villages avec les concours de prix vert dédié à la conservation de la faune et de la flore. Cinq (5) villages se sont illustrés et au premier rang, celui de Dédi qui a reçu une somme de six (6) millions Fcfa en forme de réalisation de microprojets. Nous associons les populations à l’entretien des pistes intérieures du parc, le suivi écologique  pour connaître la dynamique des populations  dans le parc se fait également avec les villageois et aussi dans la reconnaissance et la surveillance des animaux.

Quel est le taux de fréquentation  du parc national de la Comoé ?

La question touristique est au cœur de la politique que nous sommes en train de mettre en place, des actions que nous menons. La vocation première du parc est de faire en sorte que le tourisme de vision soit développé et génère des ressources aussi bien pour les populations que pour la gestion ; nous sommes dans cette dynamique là. La première étape de notre action, c’est d’assurer la conservation de notre parc, afin d’avoir le potentiel nécessaire pour le tourisme de vision. Nous sommes en passe de réussir. L’étape suivante est la mise en place des infrastructures, notamment les pistes, les hôtels et créer tous les services qui accompagnent les activités touristiques. Les questions culturelles doivent être intégrées aux questions touristiques. La région du Bounkani regorge d’énormes potentialités culturelles et artistiques. C’est la synergie de toutes ces actions qui vont permettre le décollage du tourisme. Pour visiter le parc, il n’y a pas de conditions particulières. La période favorable de visite va d’avril à mai, une période propice à la vision. 2500 Fcfa pour les adultes et 1500 Fcfa pour les jeunes et 500 Fcfa pour les enfants. En janvier et février, le parc ressemble à un parc animalier. En 2015, nous avons enregistré 200 visiteurs, essentiellement des touristes français et en 2016 nous avons comptabilisé des visites autour de 250 touristes. Ce n’est pas pour le moment un tourisme de masse, mais ce que nous faisons est l’éducation du public, faire connaître notre potentiel.

Citez-nous quelques attraits du parc national de la Comoé ?

Si vous aimez la nature, la diversité des habitats, les collines, les forêts arbustives, les savanes sèches, voir les animaux sauvages galoper en pleine nature, les gros mammifères tels que les éléphants etc…, le parc national de la Comoé fait votre affaire. Les pistes sont ouvertes.

Réalisé par Soro Djeneba Tiékoungo

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