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[Entretien exclusif avec Yves KODIBO, Secrétaire Général de l’UNATR-CI] Analyse rétrospective, challenges actuels et perspectives à l’horizon 2024


Abidjan, le 26 décembre 2023 (lepointsur.com) Dans le cadre de notre série d’interviews exclusives, « Spécial fin d’année », nous avons eu l’occasion de rencontrer Yves KODIBO, le Secrétaire Général de l’Union Nationale des Travailleurs de Côte d’Ivoire (UNATR-CI), dans ses locaux à Yopougon. Au cours de cet entretien, le dynamique Secrétaire Général a jeté un regard sur l’année 2023, évoquant ses réussites marquantes, les défis relevés avec détermination, et les perspectives ambitieuses qui dessinent l’avenir prometteur de cette centrale syndicale.

LPS : En tant que leader syndical, comment évaluez-vous l’année 2023 en termes d’activités et de dynamiques au sein de l’UNATR-CI ?

Yves KODIBO : L’année 2023 a été très positive pour la centrale syndicale, marquée par un renforcement de l’unité syndicale et une intensification des formations. L’accent a été mis sur la sensibilisation sur la trêve sociale, qui a généré des retombées significatives, avec plus de mille cent milliards de FCFA engrangés au bénéfice des travailleurs. L’année a été dédiée à la formation syndicale et à la communication autour de cette trêve, soulignant son importance pour tous les acteurs de l’entreprise et au-delà.

LPS : Quelles sont les principales projections de l’UNATR-CI pour l’année 2024 en termes de revendications syndicales, d’amélioration des conditions de travail et de négociations avec les employeurs ?

Yves KODIBO : Notre perspective se concentre sur la révision du statut général de la fonction publique, considérée comme la boussole guidant toutes les activités de celle-ci. Des engagements ont été pris pour discuter de son application lors d’un atelier à Yamoussoukro. Nous travaillons à finaliser ce document, essentiel pour l’État, en vue de son application. Parallèlement, nous mettons l’accent sur la formation des syndicats et des secrétaires généraux, ce qui souligne l’importance de la prévention des dangers liés au manque de formation.

Un autre point crucial est la relance de la sensibilisation dans les ministères, visant à informer les fonctionnaires sur la trêve sociale. Cette trêve favorise non seulement l’attractivité du pays, mais aussi un environnement propice à la croissance.
En 2024, notre centrale célèbrera ses 20 ans, nécessitant des préparatifs et la mise en place de commissions dédiées. En parallèle, nous anticipons la fête du travail et la préparation de la Conférence Internationale du Travail (CIT), tout en cherchant à accroître le nombre d’adhérents et de syndicats au sein de l’Union Nationale des travailleurs de Côte d’Ivoire.

LPS : L’UNATR-CI célèbre ses 20 ans en 2024. Pouvez-vous partager les moments marquants de ces deux décennies de lutte syndicale et les réalisations dont l’organisation est particulièrement fière ?

Yves KODIBO : Je suis extrêmement heureux de vous dire simplement que ces 20 ans ont permis non seulement d’unifier l’UNATR-CI, d’inculquer sa méthode de travail à nos adhérents, mais aussi de diffuser son idéologie à chaque travailleur. Aujourd’hui, prononcer le nom de l’UNATR-CI dans n’importe quelle entreprise évoque son engagement marqué par l’unité, la solidarité, l’entraide, la persévérance, et une présence constante aux côtés des travailleurs.

Au cours de ces deux décennies, nous sommes passés de 12 à 304 syndicats, avec plus de 5 femmes en tant que secrétaires générales et plus de 18 femmes en tant que déléguées du personnel. Cette croissance démontre la maturité de la centrale qui mène ses actions avec la même vigueur depuis sa création. En 2023, la centrale a élargi ses relations internationales, renforcé sa présence dans divers conseils nationaux et commissions, et a attiré davantage de femmes à des postes clés.

L’année 2023 a également été marquée par l’adhésion de nombreux nouveaux membres et syndicats, enrichissant ainsi notre organisation. En somme, ces années ont constitué une expérience importante et enrichissante pour la centrale syndicale.

LPS : Parlons de la trêve sociale. Comment cette démarche a-t-elle été comprise par l’ensemble des travailleurs, et quel impact a-t-elle eu sur les relations entre les employeurs et les travailleurs ?

Yves KODIBO : On peut constater que la trêve sociale a été comprise par certains, mais d’autres n’ont pas saisi pleinement ses contours. Malgré les efforts de sensibilisation déployés par la centrale syndicale à travers le pays, certains travailleurs, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, n’ont pas totalement assimilé la signification réelle de la trêve sociale.

Il est essentiel de revenir sur le terrain pour sensibiliser ces travailleurs qui n’ont pas encore compris la trêve sociale. Bien que des mouvements de mécontentement aient émergé tout au long de l’année 2023, la concentration des travailleurs portait sur les acquis financiers, le bulletin de paie, mais surtout sur la satisfaction des questions sectorielles. Le calme apparent observé pourrait être lié à une partie des travailleurs ayant compris la trêve, mais il est clair que de nombreux individus méritent d’être davantage sensibilisés.

Notamment, des tensions ont émergé dans des secteurs tels que l’éducation et la santé, avec des menaces de grève. Cependant, en tant que signataires de la trêve sociale, nous assumons la responsabilité de garantir le respect des règles énoncées dans cette trêve. Les dialogues engagés ont évité des grèves potentielles, démontrant l’importance de la compréhension et de la sensibilisation continue sur cette question cruciale.

LPS : Abordons le programme des 20 ans de célébration. Quel sera le programme pour marquer cette occasion importante ?

Yves KODIBO : Certainement, le programme sera riche en divers éléments et activités. Nous prévoyons la réalisation de projets de films retraçant l’histoire de l’UNATR-CI, depuis sa création, son évolution, jusqu’aux moments marquants de joie et de célébration de cette centrale syndicale. Des projections de films seront organisées pour permettre une compréhension approfondie.

En plus des défilés, la décoration jouera un rôle important pour honorer ceux qui ont dédié leur énergie, leur savoir-faire et leur intelligence à l’UNATR-CI. Ces individus fidèles seront publiquement décorés et récompensés. Les femmes qui ont contribué à cette croissance seront également honorées.

Des stands seront mis en place pour permettre aux entreprises de présenter leurs produits, et les organisations syndicales auront l’opportunité de partager leurs expériences et de discuter de la défense des droits des travailleurs. Le programme accueillera également des invités de renom en provenance de l’étranger, des camarades syndicalistes partageant leurs expériences. En résumé, le programme sera varié et promet de nombreuses activités passionnantes.

LPS : Quels sont les principaux défis auxquels l’UNATR-CI est actuellement confrontée dans la défense des droits des travailleurs et la promotion de meilleures conditions de travail ?

Yves KODIBO : En tant que centrale syndicale, nous faisons face à des difficultés, notamment liées à une incompréhension de la notion même de syndicat. Certains chefs d’entreprise et individus pensent que la centrale est créée pour s’opposer à l’autorité, ce qui peut entraîner des blocages et des correspondances fermées. Cependant, grâce à la patience et à la méthode de travail de l’UNATR-CI, qui consiste à ouvrir les portes fermées, la plupart de ces difficultés trouvent des solutions relativement simples.

Bien que certaines situations nécessitent des actions plus marquées, telles que l’utilisation de banderoles rouges, une méthode distinctive de l’UNATR-CI. Ces banderoles signalent au patron que des problèmes doivent être résolus, incitant ainsi à trouver des solutions. En fin de compte, notre approche privilégie le dialogue, mais en cas de nécessité, des préavis peuvent être envisagés pour résoudre les problèmes persistants.

LPS : Quelles sont les thématiques prioritaires que l’UNATR-CI souhaite mettre en avant en 2024 pour améliorer la situation des travailleurs de Côte d’Ivoire ?

Yves KODIBO : Les thématiques prioritaires ont déjà été définies.

1. La recherche du statut général de la fonction publique est une priorité. Les deux chambres, à savoir le parlement et le sénat, ont déjà adopté le document, et les modalités particulières et communes ont été élaborées lors des séminaires auxquels nous avons participé. Nous mettons en avant la mise en application de ce statut général de la fonction publique comme une priorité.

2. La rentrée syndicale constitue un autre élément essentiel. Cette rentrée syndicale nous permettra de préparer les festivités des 20 ans d’existence de la centrale. C’est une thématique prioritaire sur laquelle nous allons réfléchir et travailler pendant la rentrée syndicale.

En outre, la mise en place de programmes est indispensable pour le fonctionnement d’une organisation. Nous allons travailler sur notre programme, renforçant ceux déjà existants, afin de favoriser la croissance continue de la centrale. Ce sont les thématiques que nous aborderons.

LPS : En conclusion, un message à l’ensemble des travailleurs en cette fin d’année ?

Yves KODIBO : Merci beaucoup. Ce que je souhaite transmettre à tous nos camarades, c’est que beaucoup d’entre eux ont déjà constaté comment l’Union nationale des travailleurs de Côte d’Ivoire a su les défendre et a réussi à signer une trêve sociale qui représente plus de mille cent milliards de FCFA. Nous leur demandons simplement de rester à l’écoute de leur centrale syndicale. Il est essentiel de ne rien entreprendre sans informer l’Union nationale des Travailleurs de Côte d’Ivoire. Notre rôle est de les orienter, de les former de telle manière qu’à chaque représentation, la centrale et eux-mêmes soient fiers. Il est donc crucial de rester concentré sur leur centrale et de suivre la trêve sociale.

La trêve sociale est un engagement des deux parties. Leur parti est l’Union nationale des travailleurs de Côte d’Ivoire, donc tous les travailleurs sont engagés. Il est impératif de respecter la trêve sociale, à condition que l’État respecte ses engagements, tant financiers que ceux liés à la liberté syndicale et autres. Je les invite à anticiper la célébration des 20 ans de notre centrale prévue pour le dernier semestre de 2024. Mes vœux chaleureux accompagnent leurs festivités, agrémentés de souhaits de bonne santé. Que l’année 2024 leur réserve promotion et succès dans toutes leurs entreprises à venir.

Entretien réalisé par Médard KOFFI

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