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En Côte d’Ivoire, on s’émeut des effets des problèmes et on ignore les causes (La chronique de Fernand Dédêh)


Barthelemy Zouzoua Inabo: J’étais plongé ce samedi 18 mai, dans l’ambiance électrique et colorée du stade Robert Champroux de Marcory, qui est devenu par la force des choses et de nos bricolages, la cuvette du football ivoirien, attendant fiévreusement, la finale du tournoi UFOA B des Dames Côte d’Ivoire-Nigéria, quand j’ai vu passer cette interpellation: « Fernand Dédeh, comment une altercation entre deux conducteurs de taxi-motos sur la voie publique peut se transformer en conflit inter-communautaire? ».

Interpellation d’un de mes frères et amis, Adams Meité Basséssé II. Lui et moi partageons ou presque, la même vision des rapports sociaux, sommes convaincus que les Ivoiriens peuvent et doivent vivre ensemble, malgré leurs différences. Justement, nous avons la conviction que « nous sommes ensemble parce que nous sommes différents. » Nos différences sont donc des richesses et non le contraire.

’Tout le monde le sait, notre pays va mal. En Côte d’Ivoire, on s’émeut des effets des problèmes et on ignore les causes. On avance tête baissée, au rythme de nos intérêts du moment. Quand on est dans les grâces du pouvoir, on ferme les yeux, on divise pour régner, on brise les ambitions.’’

Frère Meité, je ne me déroberai pas. J’ai moi-même interpellé les sociologues et anthropologues de mon pays sur la question. J’ai eu des bribes d’informations. J’attends toujours. Je vais essayer de te répondre avec la sincérité de mon cœur et la franchise de ma langue.

‘’Dans ce pays, nous nous mentons à nous-mêmes. On déplace les problèmes. On ne les résout pas. Béoumi, comme hier, Zouan Houein, Bin Houyé, Sipilou à l’Ouest, Agboville au Sud, ne sont pas des cas isolés: ce sont des alertes ignorées.’’ 

Tout le monde le sait, notre pays va mal. En Côte d’Ivoire, on s’émeut des effets des problèmes et on ignore les causes. On avance tête baissée, au rythme de nos intérêts du moment. Quand on est dans les grâces du pouvoir, on ferme les yeux, on divise pour régner, on brise les ambitions. On s’impose leader départemental ou régional par ses fonctions. Pas par sa légitimité. Quand on perd les paillettes et les plaisirs du pouvoir, on s’improvise opposant, on devient quelque peu lucide. On découvre alors les digues.

Dans ce pays, nous nous mentons à nous-mêmes. On déplace les problèmes. On ne les résout pas. Béoumi, comme hier, Zouan Houein, Bin Houyé, Sipilou à l’Ouest, Agboville au Sud, ne sont pas des cas isolés: ce sont des alertes ignorées.

Dans la plupart de nos régions, les problèmes de cohabitation sont connus: ils sont dans l’occupation des terre, dans la vente des terrains, ils sont dans le transport, ils sont dans l’école, ils sont dans le découpage administratif, ils sont dans les mensonges des hommes politiques, dans les leaders « par nomination », la politisation des chefs coutumiers, la division des cadres, ils sont dans la haine post électorale… La réconciliation en trompe-l’œil…

Béoumi, pour ne parler que de ce cas, mais qui peut être élargi à toutes les régions du pays, n’échappe pas à cette spirale. Les populations se côtoient mais vivent en parallèle.

’Frère, au moment où tu m’interpellais, un quiconque sur place me portait cette information: « l’adversité au sein des hommes politiques se dévoile. Les ministres Jean Claude Kouassi et Amadou Koné qui roulent pour Doumbia et Yacou Traoré, deux opposants au ministre de la Communication se rendent à Béoumi ce samedi 18 mai, avec dans leur délégation Yacou et Doumbia. Obligeant Sidi Touré à y retourner…».’’

Il y a à Béoumi, depuis longtemps, un problème foncier. « En réalité, une délimitation de frontière entre Béoumi et Marabadiassa, contestée par les Baoulé de Béoumi. Le feu couvait depuis lors et les autorités locales le savaient », me souffle une source. Ajouter à cela les divisions des hommes politiques…
Frère, au moment où tu m’interpellais, un quiconque sur place me portait cette information: « l’adversité au sein des hommes politiques se dévoile. Les ministres Jean Claude Kouassi et Amadou Koné qui roulent pour Doumbia et Yacou Traoré, deux opposants au ministre de la Communication se rendent à Béoumi ce samedi 18 mai, avec dans leur délégation Yacou et Doumbia. Obligeant Sidi Touré à y retourner…».
Le calme est revenu dans la cité. Cela nous réjouit. Maintenant, il faut continuer de calmer les esprits, assister les personnes en détresse et établir les responsabilités. Au moins neuf (9) morts et 84 blessés, cela ne peut être passé de pertes à profits…

Fernand Dédeh

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