Election Présidentielle 2015 et les « microbes »
L’assassinat d’une jeune étudiante, le 12 août, à Abidjan par des gangs d’enfants ultra-violents, surnommés « microbes », a ravivé les tensions autour de ceux qui agissent dans certains quartiers de la capitale ivoirienne. Notre Observateur, qui travaille dans le seul centre de réinsertion des « microbes », avoue son inquiétude devant le peu de perspectives offertes à ces mineurs délinquants
Mercredi dernier, Abidjan était sous le choc du meurtre de Claude Larissa Abogny, étudiante de 23 ans. Alors qu’elle rentrait chez elle au petit matin, la jeune femme a été dépouillée de son téléphone portable et tuée à coups de machette par une bande de jeunes enfants de la commune de Yopougon.
Les habitants du quartier ont très vite désigné les « microbes » comme responsables du meurtre. Des gangs de jeunes mineurs connus pour s’adonner à des vols et agressions sanglantes à coups de couteau. Jeudi soir, trois présumés membres d’un de ces gangs ont été tabassés en guise de représailles. Deux d’entre eux sont morts. Dès le lendemain, 300 policiers ont quadrillé Yopougon, procédant à une cinquantaine d’arrestations.
« Ces enfants ont peur que leur situation tombe aux oubliettes après les élections d’octobre »
Nous avons accueilli deux promotions, une en décembre 2014, et une autre en juin. L’intégralité des enfants ici sont des mineurs délinquants qui ont participé à un gang de « microbes « . Certains sont arrivés là après leurs arrestations, d’autres ont délaissé leurs machettes d’eux-mêmes pour venir apprendre gratuitement un métier chez nous. Ici, ils apprennent la mécanique, la couture ou la menuiserie. Nous leur donnons aussi des cours de secourisme ou d’éducation civique.
« Aucun enfant de la promotion précédente n’a trouvé un emploi »Malheureusement, notre taux de réinsertion est très faible. Seuls quelques adolescents ont trouvé une activité dans un atelier de couture à Dabou, mais ne sont pas encore rémunérés pour ça. De nombreuses entreprises sont frileuses à l’idée d’embaucher des anciens ‘microbes’. On en arrive à la situation suivante : aucun enfant de la promotion précédente n’a trouvé d’emploi. Ils sont donc toujours au centre, alors que la nouvelle promotion est arrivée en juin.
Des enfants « microbes » lors d’un cours de secourisme à Dabou. Photo de notre Observateur.
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