Politique

Echec par-ci, haine par-là/ La sortie honteuse de Banny de la politique ivoirienne


Abidjan, le 24-10-15 (lepointsur.com)-Après avoir longtemps entretenu le flou et tout un mystère autour de sa personne et de ses ambitions et projets, ainsi que de ses intentions réelles, Banny Konan Charles, candidat déclaré à la présidentielle de 2015  a fini par cracher le morceau. Non pas dans le sens de faire avancer la démocratie en Côte d’Ivoire, mais plutôt de la faire reculer, en attisant la flamme de la haine et de la division au sein des populations. Décryptage.

« Les élections présidentielles qui sont sensées se tenir dans quelques jours, sont déjà entachées indubitablement de graves irrégularités, qui achèvent de convaincre que ce scrutin ne sera pas sincère, que ce scrutin ne sera pas transparent. Ce scrutin ne sera pas inclusif. Après avoir mené jusqu’au bout le combat pour amener nos responsables à épargner à la Côte d’Ivoire de nouvelles souffrances et de nouvelles frustrations, j’ai donc décidé de me retirer de ce processus inique », a déclaré Charles Konan Banny lors d’une conférence de presse à Abidjan,  vendredi 23 octobre 2015.

CKB2Ces propos,  diversement interprétés par  l’opinion, finissent par convaincre quant à l’immaturité  politique du natif de Divo et surtout  confortent  ceux,  des Ivoiriens qui soutiennent mordicus que Banny Konan Charles est un éternel abonné aux échecs dans leur position. En effet, de son entrée en politique, à sa candidature à la présidentielle en Côte d’Ivoire, en passant par la présidence de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), le frère cadet de Jean Konan Banny a montré à maintes reprises qu’il n’avait pas le coffre nécessaire, encore moins la carrure  pour assumer de hautes responsabilités au sommet de l’Etat. En témoigne ces quelques exemples.

Du scandale du probo koala et des conditions de sa démission

A la suite de la crise ivoirienne, qui a consacré la partition du pays en deux, et après moult tractations, l’ex-gouverneur de la Banque Centrale  des Etats de L’Afrique de l’Ouest (Bceao), Charles Konan Banny , sous l’impulsion  de la communauté internationale (ONU) est nommé, premier ministre de la République de Côte d’Ivoire le 4 septembre 2005. Il demeurera à ce poste  jusqu’au  29 mars 2007. A la différence de son prédécesseur, Seydou Elimane Diarra, qui a subi le courroux de Laurent Gbagbo et des « jeunes patriotes »,  Banny jouit de pleins pouvoirs pour exercer cette fonction de chef de gouvernement.

 En dépit de cet avantage, l’homme va se retrancher dans un pseudo « concomitance », selon ses propres termes, pour d’une part justifier son échec et d’autre  part,  qualifier ses relations avec Laurent Gbagbo, alors Président de la République de Côte d’Ivoire, divisée en deux par la rébellion armée. Incapable de tenir ce gouvernement, constitué de « crabes et de serpents », comme aimait le dire Laurent Gbagbo, survint , le plus scandale  sociodramatique  et  humanitaire de la jeune nation ivoirienne avec l’affaire du Probo koala, relative au déversement  de 400 tonnes, du moins, en partie, de déchets toxiques contenant de l’hydrogène sulfuré, un produit cancérigène et dangereux dans la capitale économique du pays (Abidjan) par le « Probo Koala », un navire russe, battant pavillon panaméen.

Ce drame écologique a secoué et continue de secouer la Côte d’Ivoire, avec son corollaire de morts en cascade depuis plusieurs années. Ledit scandale, va obliger Banny Konan Charles à déposer sa démission, curieusement à Laurent Gbagbo, qui le considérait plus comme  un adversaire, plutôt que  collaborateur. Banny qui avait été investit des pleins pouvoirs de la communauté internationale, sous le couvert des Nations Unies, venait de donner les signes palpables de son incapacité à prendre ses responsabilités quant à la gestion des biens et des personnes. Evidemment, cela, va lui valoir d’être évincé quelque temps après par son « concomitateur » Laurent Gbagbo. La suite est connue de tous. On peut le dire. Le drame du « Probo Koala » consacrait le premier échec de celui  qui plus d’une décennie après (2015) manifestera  le désir de présider aux destinées  de la République de Côte d’Ivoire.

Du balbutiement et errements  à la CDVRCKB3

Après cette première sortie ratée en politique, nombreux sont les observateurs qui ont pensé que l’ex-gouverneur de la Beceao, allait rectifier le tir, en se servant  des erreurs de son passage à la tête du gouvernement ivoirien (2005-2007) pour rebondir. Que nenni ! Bien au contraire. Lorsque la crise postélectorale qui a fait officiellement plus de 3000 morts, selon la communauté internationale  prend fin en 2011, le Président de la République de Côte d’Ivoire, fraichement investit  crée la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr), sensée réconcilier les Ivoiriens, meurtris et divisés par plusieurs années de crises militaro-politiques.

 La présidence est alors  confiée à Konan Banny Charles par le tenant de l’exécutif  ivoirien Alassane Ouattara. Là encore, « l’enfant terrible » de Morofê était très attendu par l’ensemble des Ivoiriens et l’opinion internationale. Malgré les importants moyens financiers et humains mis à sa disposition et la confiance, placée en lui, Banny Konan Charles va une fois de plus, non seulement  faire  preuve de son immaturité politique, mais aussi essuyer son second échec à  la satisfaction de ses détracteurs. D’ailleurs,  se prononçant, sur l’immaturité politique de celui qui voulait  diriger les Ivoiriens, un observateur sous le sceau de l’anonymat soutiendra : « comment comprendre que quelqu’un qui a des ambitions politiques, peut-il accepter un cadeau  aussi empoisonné  que  celui de la présidence de la Cdvr ? » S’est-il interrogé.

Non sans ajouter,  en tout cas, il faut s’appeler Banny Konan Charles, pour ne pas comprendre, que  les conditions, dans lesquelles,  il a hérité de cette présidence, le prédisaient à un échec cuisant avant même le terme de sa mission, parce qu’il fonçait droit dans le mur,  vers son suicide politique. Comme si, cette erreur grossière d’amateur ne suffisait pas, le président (sic) de  la Coalition nationale pour le changement (CNC), avant même, d’avoir rendu compte des résultats de la mission à lui confiée, annonce ses intentions de briguer la magistrature suprême de la République de Côte d’Ivoire.

Evidemment, cela le positionne désormais  comme un potentiel adversaire de son mandataire Alassane Ouattara  qui entretemps, avait déjà et clairement  affiché officiellement son intention de briguer un second mandat à la tête du pays. A cela, il faut ajouter que Banny, tel un nigaud est tombé dans le piège tendu par Alassane Ouattara  et Henri Konan Bédié,  qui en fins hommes politiques  avaient anticipé sur les   ambitions de l’ex-premier ministre ivoirien. Pourquoi, n’a t-il pas attendu de rendre les résultats de ses travaux, avant de manifester sas ambitions pour la Présidence de la République », s’est une fois de plus  interrogé ce proche collaborateur de Banny Konan Charles à la Cdvr, actuellement à la Conariv, l’institution qui a remplacé  la Cdvr, après sa dissolution par le Président de la République.

Comment la CNC a consacré l’échec programmé de Banny

Si le drame social et humanitaire du « Probo Koala » et les balbutiements et autres errements à la Cdvr  ont défriché les pistes  de l’échec programmé de Banny Konan Charles en politique, son passage inopiné à la Coalition nationale pour le changement (CNC), cette plate-forme hétéroclite de partis politiques  de l’opposition ivoirienne, a assommé définitivement le soldat Banny Konan Charles. Et pour cause, aussi curieux que cela puisse paraître, ce qui semblait être le parapluie (CNC) de celui qui caressait  le secret espoir de restaurer la démocratie en Côte d’Ivoire, par « la signature d’un nouveau pacte de confiance » avec le peuple,  a au contraire  sonné le glas de l’ex-pensionnaire de la primature ivoirienne.

Car, en s’alliant à des acteurs politiques de l’opposition ivoirienne, dont il n’a jamais maîtrisé et su les réelles intentions, Banny venait une fois de plus d’ouvrir grandement la voie à une autre trahison, aussi, grotesque que les précédentes. De fait, le frère cadet de l’avocat Jean Konan Banny , n’a jamais été accepté par ses pairs de ladite coalition. En témoigne,  le refus d’une frange de certains membres de la coalition, conduite par Bah Enoch  de le reconnaître comme le président, en dépit du fait qu’au cours d’une conférence de presse, il a été présenté comme  le leader de la plate-forme.

Cette fronde, plutôt que de l’interpeller, l’a au contraire entrainé dans les méandres de l’échec et de la désillusion. A l’analyse, l’on peut affirmer que Banny a une fois encore été roulé dans la farine par ses compagnons de la CNC. N’est-ce pas une des raisons qui l’ont poussé à jeter l’éponge comme un boxeur groggi à quelques  heures de l’ouverture du scrutin ?

Des vraies raisons du retrait de Banny

Essoufflé et ayant perdu tout repère, après avoir parcouru une partie du territoire ivoirien, le candidat indépendant Konan Banny Charles et son équipe de campagne ont sorti de leurs manches leur dernière carte. Celle-là même qui est considérée comme le joker. L’étonnante histoire « des doublons » sur le fichier électoral. Cette nouvelle trouvaille, sensée ébranler la Commission électorale indépendante (CEI), la structure en charge des élections en Côte d’Ivoire et le candidat-président a bien plus enfoncé son auteur.

 En effet, sommé par le mis en cause (CEI),  de produire des preuves palpables pour étayer ses propos et lesdites accusations,  Banny Konan Charles a plutôt  versé  dans les invectives et autres diatribes, empreintes de haine et de division. Selon des informations, dignes de foi, après avoir parcouru plusieurs localités à la pêche d’électeurs, le candidat indépendant s’est rendu à l’évidence. A savoir,  son incapacité, d’une part de glaner au moins 1 ou 2 millions de voix sur les 6.300.142 votants pour le scrutin du 25 octobre 2015, et d’autre part, de mobiliser au moins 50 scrutateurs dans chaque bureau de vote sur les 19.841 bureaux de vote et les 10.335.000 lieux de vote.

Au demeurant, au-delà, de toutes ces réalités, tout au long de la campagne, le candidat Banny n’a véritablement rien proposé de concret aux populations, si ce n’est des propos de suffisance, de haine et autres divisions, susceptibles de fissurer davantage le tissu social. Car, à l’instar de nombre de candidats, le candidat indépendant Banny Konan Charles, en lieu et place d’un programme de société cohérent  a fait d’un fonds de commerce et de la libération du l’ex-président Laurent  Gbagbo détenu à la Haye pour crimes contre l’humanité son programme de société, au détriment d’une  véritable panacée pour la société ivoirienne. On peut le dire, Banny ne peut que s’en prendre à lui-même, s’il a définitivement brisé sa carrière. Car en faisant fi de la pensée du président français qui disait «La démocratie, c’est s’adresser à l’intelligence des citoyens  plutôt qu’exciter leur peur » le candidat Banny, a lui-même creusé sa tombe, Dommage qu’il n’ait plus d’avenir, mais plutôt  des souvenirs !

EKB     

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