Point de Vue

Du Livre de Tiburce Koffi suite à l’appel de Daoukro de Henri Konan Bédié : Salut au courage intellectuel de l’ancien Dg de l’Insaac


Diarrassouba Abdoul Kader Stéphané, Directeur général de lepointsur.com (Ph: Dr)

Diarrassouba Abdoul Kader Stéphané, Directeur général de lepointsur.com (Ph: Dr)

lepointsur.com (Abidjan, le 3-2-2015) Parcourant le livre critique de Monsieur Tiburce Koffi portant sur l’appel, très critique, depuis la ville de Daoukro par l’ex président de la République, Monsieur Henri Konan Bédié, appelant à soutenir l’actuel Président de la République, SEM Alassane Ouattara, pour un deuxième mandat, au sein du RHDP, lors des prochaines élections présidentielles d’Octobre 2015,nous en avons tiré  deux observations.

  • Le Courage de l’Intellectuel,

Monsieur Tiburce Koffi, avec qui, il y a quelques années, nous avons entretenu une correspondance, par emails interposés, a posé la question qui fâche, posant la problématique sur un angle purement intellectuel.

La prise de position de ce Monsieur, au verbe haut, riche et varié ne peut pas être évacuée par des positions partisanes politiques ou mercantiles.

Dans un environnement où les intellectuels et les êtres de pensée sont de plus en plus légion, peut-on et doit-on laisser prospérer la pensée unique, faisant de la volonté et de la parole du chef incontesté et incontestable, une parole non discutable, une parole de la Bible ou du Coran ?

Notre réponse est non et nous pensons que depuis le discours de la Baule prononcé le 20 juin 1990 par François Mitterrand dans le cadre de la 16e conférence des chefs d’État d’Afrique. En effet, ce discours marquera une date importante dans les relations entre la France et l’Afrique. Ce mémorable discours fut largement inspiré par la Perestroïka qui entraîna l’affaiblissement de l’Union soviétique et la chute, le 9 novembre 1989, du mur de Berlin. En fin politicien, François Mitterrand avait très vite compris que le vent de liberté qui avait soufflé à l’Est devait inévitablement souffler un jour en direction du Sud et les Africains allaient eux aussi réclamer la démocratie.

Dès lors, l’Afrique entière, surtout cette Afrique intellectuelle, tétanisée et amnésique par les régimes totalitaires, autocratiques, à partis uniques, parfois sanguinaires, a compris que le seul combat qui vaille la peine d’être mené est le combat pour la Liberté, le combat de la Liberté et le combat pour plus de droits pour tous et pour chacun.

Si hier, avant 1990,s’exprimer contradictoirement représentait un crime de lèse-majesté sous les tropiques, il faut admettre que depuis ce discours mémorable, les temps et les données ont changé pour féconder plus de liberté individuelle, personnelle et collective dans nos pays pauvres, éternellement empêtrés dans la corruption, où la mauvaise gouvernance, le népotisme, la gabegie et l’exclusion ont été la pratique systématique pendant environ 30 années après les indépendances.

Quand un intellectuel se tait face à ce qui heurte sa conscience, ce qui prive le peuple d’avoir un large éventail de choix, il refuse lâchement d’assumer son rôle central et moteur d’éveilleur des consciences.

S’il ne s’agissait que de remplir son ventre et sa poche et avaler et accepter tout ce que dit et fait le prince, le gouvernant, un Président de la République ou un Roi, disons le tout net, la révolution française de 1789 et la déclaration universelle de l’O.N.U sur les Droits de l’Homme, n’auraient aucun sens. Or, tous nos préambules constitutionnelles puisent leurs sources de la sève nourricière des révolutionnaires de 1789 et de la déclaration Universelle des droits de l’homme.

Si nous faisons de ces principes universels nos torches et nos lampes pour donner plus de liberté et de droit à la personne humaine, nous ne voyons pas la raison pour laquelle tout ce tollé général se déchaîne contre Mr Tiburce Koffi, l’intellectuel.

Est-ce parce que tout le monde regarde dans le même sens, aujourd’hui, avec le pouvoir Alassane Ouattara, qu’il faut vouer Mr Tiburce Koffi aux gémonies ? Vu sous l’angle sartrien (Jean-Paul Sartre) et Descartien ou cartésien (relatif au philosophe et mathématicien René Descartes (1596-1650), le terme « cartésienne » étant plutôt réservé à la logique développée par ce philosophe   ),il est difficile de donner tort à Tiburce Koffi et par conséquent, de lui faire payer le prix de son audace à avoir osé porter la contradiction au cœur de notre pays en ce qui concerne ce fameux «  Appel de Daoukro ».

Sans une prise de position forte, courageuse, quelques fois en avance sur son temps, souvent dans le sens contraire du vent et de la pensée unique, le penseur, l’écrivain, l’intellectuel perdrait le sens et l’essence de son existence de la société.

Monsieur Tiburce Koffi, nous pensons qu’on peut être un pro-Ouattara, un Pro-Bédié, un Pro-Soro, un Pro Hamed Bakayoko, un Pro- opposition et se féliciter d’avoir crevé l’abcès en disant haut et fort ce que beaucoup de cadres et décideurs, de leurs salons, disent chaque jour. Mais la peur de perdre son poste ferme la gueule à tous ceux-là et ils abdiquent, trompant à la fois leur conscience et le peuple qu’ils sont sensés servir. Heureusement que Dieu nous voit, même si ces hypocrites, dans les mosqués, églises, temples, synagogues et lieux de cultes, n’ont en réalité aucune notion et aucune crainte de Dieu. Ce Dieu qu’il craint sur terre n’est autre qu’un être humain qui incarnerait la fonction d’empereur, de roi, de Président de la République ou de Premier-ministre.Dommage !

Mais, Monsieur Tiburce Koffi, à votre place, je n’aurais pas attendu qu’un ministre me démette de mes fonctions de Directeur Général de l’INSAAC (Institut National des Arts et de l’Action Culturelle).

D’où une autre question qui surgit de notre esprit.

LA PRISE EN COMPTE DE LA REALITE POLITIQUE

Monsieur Tiburce Koffi a été nommé et confirmé par le ministre de la Culture qui dépend du chef de l’Etat, du Président de la République. Le Président de la République étant le plus grand chef de l’administration publique.

Comme Directeur Général de l’INSAAC, Mr Tiburce Koffi occupe une position hautement politique. Et sa prise de position ne peut pas être exclusivement comprise dans une logique exclusivement intellectuelle. Ce qui a expliqué l’intervention du ministre de la Culture le suspendant de ses fonctions.Dès lors, Monsieur Tiburce Koffi en citoyen libre, peut et doit s’exprimer, en dehors de toute obligation de réserve.

Afficher son désaccord avec la politique du Président de la République pendant qu’on est en même temps le chef d’une branche de cette administration centrale, c’est prendre le risque de vous faire débarquer de vos fonctions. C’est malheureusement ce qui est arrivé à Monsieur Tiburce Koffi qui n’a pas été assez courageux pour rendre sa démission.

Ce que nous observons est qu’après avoir écrit une telle dénonciation du système Ouattara, et tout n’est pas faux, Monsieur Tiburce Koffi aurait dû démissionner de ses fonctions de Directeurs Général d’une institution qui est du domaine de l’administration publique.

On ne peut pas porter un tel coup rude au chef de l’administration publique, devant les opinions publiques nationales et internationales et prétendre demeurer au sein de cette même administration, surtout, en l’espèce, que Monsieur Tiburce Koffi, comme Directeur Général de l’INSAAC, est un maillon, voire central, essentiel du ministère de la Culture.

Nous aurions souhaité, comme Jean-Paul Sartre, comme Albert Camus, en Hommes d’idées et de valeurs,qui ont renoncé au prix Nobel, que Monsieur Tiburce s’eusse démis, eusse renoncé à ses fonctions de Directeur Général.

Toute la limite et on pourrait dire la PEUR de la pensée et de l’acte de Monsieur Tiburce Koffi se limite là.Ne démissionnant pas, attendant que l’administration d’Etat dont il critique le chef, le démette, Monsieur Tiburce Koffi a manqué l’occasion de prendre date avec l’Histoire et d’être un Grand Homme.

Quand on a le courage d’idées fortes, quand on a l’audace de critiquer le pouvoir et les gouvernants, il faut avoir un esprit de sacrifices, de combat et de renoncement au risque de voir l’opinion émettre des doutes sur la sincérité de vos prises de position.

En homme libre, personne ne doit condamner le choix de Tiburce Koffi pour soutenir la candidature de l’ex-Gouverneur de la Bceao, le Premier-ministre Charles Konan BANNY.C’est un choix de liberté, un choix libre que nous respectons.

Je vous remercie.

Par D.A.K.S (DIARRASSOUBA Abdoul Khader Stéphane)

Directeur Général du journal en ligne, exclusivement sur internet : www.lepointsur.com

Notre page facebook : Point Sur

Notre email : info@lepointsur.com

Commentaires

commentaires