« Nous, les gens du Nord… Faisons en sorte que le pouvoir ne quitte pas le Nord. Toi, tu es du Nord et puis… »
Moi je dis ô, tu es né(e) à Abidjan, tu n’as jamais vu ton village, tu ne sais même pas où se trouve la route… C’est toi qui ronronnes dans nos oreilles, « nous, les gens du Nord »
Toi, tu as construit quatre maisons à étages, à Abidjan ou à Daloa ou à Bassam, tu n’as jamais posé une brique dans ton village ou ta sous-préfecture ; si tu meurs, tu seras enterré(e) à Williamsville ou Yop ou Abobo… C’est toi qui chantes dans oreilles des gens « nous les gens du Nord »... Patati patata.
Toi, tu es né(e) à Daloa, tu n’es jamais allé(e) dans aucune ville du Nord… C’est toi qui viens proclamer ta nordititude.
Toi, tu es élu(e) député(e) ou maire dans la région du Sud… C’est toi qui vas nous dire  » notre pouvoir du Nord- là , on doit tout gérer et bien boucler pour le conserver. « 
Toi, tu ne manges plus de kabato, quand tu manges l’attieké de la femme ébrié, de la femme adjoukrou ou le foutu banane de la femme agni, que tu es rassasié(e), tu viens t’arrêter pour proclamer ta nordititude.
Toi, tu as des amis dans toutes les autres ethnies de la Côte d’Ivoire et c’est toi qui fatigues les oreilles des gens avec tes litanies « nous, les gens du Nord… »
Chers frères et sœurs, cessez ça là. Quand un vocabulaire est désuet on le jette. Laissez » nous les gens d’ici, de là, d’ailleurs « . On ne fait plus rien avec ça. Le vocabulaire est d’une époque.
Moi, j’ai fait le cycle secondaire de la 6^ème à la terminale dans la capitale du centre avec Dosso, Koné, Yéo, Mambo, Assouan…
Alors, vous pouvez vous défaire de vos étiquettes ou catalogues ? Ça m’indispose. Sauf si toute la Côte d’Ivoire est le Nord.

(Par Pascal Kouassi)

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