Politique

Docteur Pascal ROY à MM. Ouattara, Banny, Essy Amara, KKB…/ « Ne rusez pas avec l’esprit du peuple »


  • Pourquoi les mots et les gestes de la démocratie ne doivent pas fatiguer…!

Abidjan, le 8-9-15 (lepointsur.com)-La démocratie en Afrique est comme la musique, qui existe si peu en vertu bien que si bruyante, dont on se passe si facilement: sans elle il manquerait quelque chose, bien qu’on ne puisse dire quoi sans courage. On peut, après tout, vivre sans le je-ne-sais-quoi, comme on peut vivre sans démocratie, sans musique, sans joie et sans amour. Mais pas si bien…!!!

Période électorale en Côte d’Ivoire: Disons non à la péridémocratie…!

Pascal Roy.Ph:Dr

Pascal Roy.Ph:Dr

La Côte d’Ivoire a besoin d’agents de démocratie, de développement économicostructurel et de concorde sociale. Les bâtisseurs de haines précuites, de confusions politiques et les albatros de rêveries et des périphériques des valeurs se trompent de lectures stratégiques: ils n’ont pas compris le monde et notre temps et ils s’égareront s’ils ne réorientent pas leurs trajectoires.

En période électorale, le boulevard doit être strictement donné au réalisme: on n’hallucine pas à six semaines d’un vote! Trop de médiocrités politiciennes, trop de mépris sociaux assombrissent l’espace de débat. Halte au délestage humain et au déculottage éthique ! Neutraliser maintenant les catalyseurs de toutes dérives par la pédagogie dialogique de la politique et de la démocratie, c’est préserver la Côte d’Ivoire d’une autre fièvre électorale et post-électorale à température dramatique.

Et la solution peut venir de la sortie de la péridémocratie. Sortir de la péridémocratie, c’est accepter de mettre en valeur la caractéristique de la démocratie, en s’éloignant des manœuvres obscures et entortillées. Quittons les périphériques malicieux de la démocratie pour aller au cœur du concept, en épousant l’essence et les valeurs intrinsèques de la démocratie et l’exercer avec une détermination méthodologique. Respecter les valeurs qui permettent la démocratie revient à promouvoir un citoyen meilleur et une Côte d’Ivoire pacifique.

Le désir démocratique devient partout en Afrique, une exigence explicite et pressante. Ce n’est pas seulement la revendication du multipartisme (cela paraît dépassé aujourd’hui) et de la compétition politique, ni le simple souhait de s’affranchir des régimes autoritaires et prédateurs ; c’est d’abord la volonté clairement affirmée des populations de davantage prendre part à la gestion des affaires de leurs pays; c’est aussi la demande sans équivoque d’exercer, sans restriction d’aucune sorte, un droit fondamental des gens, le droit de savoir, de faire, de dire. L‘élan démocratique qui est en train de s’opérer ça et là autour de nous (le plus récent, au Nigeria), doit profondément modifier les attitudes et les comportements politiques de nos concitoyens ivoiriens autant que leurs modes d‘expression.

Nul ne sait de quoi sera fait l’avenir. Si le pire est à craindre (basculement dans le chaos, retour à l’autoritarisme intransigeant, guerre civile, bâillonnage de l’expression libre), le meilleur est à espérer (perfectionnement de l’outil démocratique par une meilleure gestion du processus électoral et de la libre expression, une meilleure pratique de la compétition électorale et de la méthode de consolidation et de proclamation des résultats électoraux). Cette espérance elle-même sera portée et entretenue par le seul pouvoir que le peuple peut spontanément s’octroyer : le pouvoir des mots et des urnes.

Les leaders politiques et leurs partis ou groupements doivent forger des mécanismes de réponses modernes et

Pascal Roy.Ph:Dr

Pascal Roy.Ph:Dr

pragmatiques auxdifférents défis de la société, au lieu de parader dans une incapacité de développer de véritables alternatives et de demeurer prisonniers dans des structures rigides de leurs partis aux idéaux parfois démarqués des nécessités de notre temps.

Et de façon significative, ils souffrent tous d’excès de zèle péridémocratique. Aujourd’hui, la crise de la péridémocratie est un fait et il nous faut retourner à la démocratie pour redynamiser la confiance des peuples en leurs hommes politiques et conforter la paix sociale.

La vie en société, nous impose bien de faire avec les particularités de chacun : tolérer les goûts et les dégouts des uns, les rêves ou les idées des autres. La diversité d’idées n’a jamais été un problème tant qu’elle ne tombe pas dans le fanatisme ou l’excès. La diversité est l’expression à la fois de la liberté et de la culture et cette expression doit être tolérée, c’est-à-dire acceptée et respectée tant qu’elle ne constitue pas une atteinte à la morale universelle, c’est-à-dire cet ensemble de règles régissant des rapports de bonne cohabitation et de convivialité entre humains dans les sociétés. Tolérer devrait donc renvoyer au respect de la différence et du droit à la différence ou constituer une plate-forme de compromis sociaux afin de toujours contribuer à un équilibre social.

Hegel est un philosophe pour lequel je voue, il est vrai, une certaine admiration. Réduire sa pensée au simple tryptique : thèse, antithèse, synthèse, donne une fausse image de l’érudit allemand. Mais notre démarche argumentative invite sur la tribune, ce tryptique hégélien. La thèse permet d’expliquer, l’antithèse ouvre le débat et la synthèse permet de critiquer, de faire le point. Arcésilas et Jaurès ne sont pas loin. Tous les deux sont favorables au débat d’idées et au respect de la pensée des adversaires. Un peupleprogresse dans sa propre réalité et le mot culture apparaît comme étant à la base de sa formation.

L’homme cultivé est celui qui sait donner à tout aspect de son activité la marque de l’universalité. Il est celui qui a renoncé à sa particularité et agit selon des principes universels. La culture manifeste la pensée. Cela signifie donc que l’homme sait se contenir, qu’il n’agit pas seulement sous l’impulsion de ses tendances et de ses désirs, mais qu’il se prend en charge. Il peut considérer l’objet dans son indépendance et acquérir l’habitude de la théorie. L’homme cultivé ne fait rien d’autre que chercher ce qui est, c’est-à-dire la vérité.

Arcésilas et Jaurès, encore une fois, ne sont pas loin. Finalement, et c’est un peu ce que fait le philosophe, l’homme cultivé cherche à comprendre sans forcément juger, sans nécessairement repousser la pensée d’autrui. Or, que font certains politiciens aujourd’hui ? Ils repoussent la diversité d’opinions, le débat d’idées, l’esprit critique et donc la démocratie qui, en réalité, leur fait peur. Ils donnent l’impression de vouloir une chose et son contraire.

La Côte d’Ivoire veut repasser au vote pour aller au développement accéléré et non cheminer de la morgue au cimetière. Sans la paix, une vraie paix durable, la réalisation du projet d’émergence socio-économique de la Côte d’Ivoire pourrait être retardée ou stoppée. Il faut éviter une ambiance démocratique de façade. Il nous faut un véritable cessez-le-feu politico-citoyen qui mette en mission tous les ivoiriens comme les ouvriers sur le chantier de la consolidation de la démocratie et du développement accéléré. Ne sommes-nous pas toutes et tous, la Côte d’Ivoire…? Que les valeurs imbriquées dans ce concept d’ « UBUNTU », cette notion africaine et magique qui a guidé la vie entière de Nelson MANDELA, visitent et aident les ivoiriens à « purger » toutes les incohérences haineuses individuelles et collectives pour construire ou réaménager une société-nation et démocratique…!

La démocratie, en effet, repose sur un certain nombre de valeurs, d’attitudes et de pratiques qui peuvent prendre différentes formes et expressions selon les cultures et les sociétés du monde: la tolérance, la solidarité, le compromis, l’égalité et l’équité, le respect… Ces valeurs sont aussi celles que l’on retrouve dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Apprendre à connaître et respecter ces valeurs et ces règles de fonctionnement de la démocratie permet de lutter contre les discriminations de toutes sortes, les abus sociaux et les dévoiements politiques.

Il est certain que chaque personne a ses idées, sa manière de voir, des intérêts à défendre et il faut trouver les moyens de vivre ensemble en paix. La démocratie implique donc aussi des discussions, des confrontations, des conflits d’opinion. Le conflit est un processus normal et n’est pas négatif s’il est géré autrement que par la discrimination et la violence. Dans une démocratie, des convictions divergentes voire opposées, peuvent coexister pourvu que chacun respecte la liberté d’opinion d’autrui. Sur le plan politique, les systèmes démocratiques permettent d’élaborer des compromis les plus équitables possibles qui sont ensuite acceptés par un vote au parlement ou un vote des citoyennes et citoyens.

Rappelons-le, la naissance de la démocratie peut être considérée par rapport à un horizon politique au sens large du terme qui va rendre cette réforme possible et nécessaire, une crise politique et sociale totale, la stasis. Les citoyens qui régissent leurs affaires sont amenés à réfléchir au meilleur système politique, à la meilleure politeia, c’est-à-dire la meilleure façon de s’organiser pour surmonter cette crise multiple.La démocratie trouve son origine dans la grave crise de la cité grecque et les mutations propres à Athènes. C’est en 507 avant J.C. qu’est née la démocratie dans la cité. Les grands principes de ce régime politique (littéralement « gouvernement par et pour le peuple ») n’ont pas encore changé même si aujourd’hui sa pratique est foncièrement rusante, délibérément viciée et dévoyée par endroits dans le monde et, amplement et particulièrement en Afrique.

Aujourd’hui, la pratique de la péridémocratie, en lieu et place de la démocratie authentique, a remplacé la politique par la gouvernance et réduit le pouvoir du peuple à un mirage. C’est pourquoi, il nous faut remettre le peuple au cœur des problématiques républicaines en lui redonnant le pouvoir: ça s’appelle l’exercice de la démocratie. Contribuons à une relance du thème de l’émancipation humaine dont on ne parle plus guère, un peu dans la perspective des thèmes développés par  Bernard Vasseur, Professeur de philosophie et directeur de la maison Elsa Triolet-Aragonlors d’une conférence donnée en mars 2010 : Culture et société aujourd’hui.Benard Vasseur invitait à une pensée critique et radicale capable de fournir quelques points de repères nouveaux aux militants voire les citoyens dans le combat politique.

On ne peut plus accepter pour longtemps encore de voir des peuples se soumettre à des systèmes, des comportements et projets broyeurs de vies et d’avenir. La liberté c’est aussi, comme le dit Hannah Arendt, avoir la possibilité de « vouloir que ceci ou cela soit autrement« . Au-delà de l’amoncellement des textes et des décisions de justices, il y a un impact juridique des valeurs de liberté et d’égalité qui fondent véritablement la démocratie. En principe, le pouvoir porte atteinte à la liberté comme à l’égalité. Une certaine aversion pour le pouvoir apparaît alors comme le cœur même de l’idéal démocratique. Le moyen privilégié de toute réduction du pouvoir est le droit lui-même. Il apparaît clairement que le droit trouve son sens et sa valeur lorsqu’il s’efforce de limiter les pouvoirs publics et privés. Et la clef d’une démocratie plus intense, plus aboutie, est bien dans la meilleure réduction, par le droit, de ces pouvoirs.

Le point de vue général de l’histoire philosophique n’est pas abstraitement général, mais concret et éminemment actuel parce qu’il est l’Esprit qui demeure éternellement auprès de lui-même et ignore le passé. Semblable à Mercure le conducteur des âmes, l’Idée est en vérité ce qui mène les peuples et le monde, et c’est l’Esprit, sa volonté raisonnable et nécessaire, qui a guidé et continue de guider les évènements du monde. Apprendre à connaître l’Esprit dans son rôle de guide : tel est le but que devraient s’assigner les hommes politiques et les leaders d’opinions. Selon les mots mêmes de Rousseau, la volonté crée le «droit politique », dans la théorie comme dans la pratique, ce même droit que l’auteur « Du contrat social » reproche à Montesquieu de n’avoir pas fondé, lui qui s’occupe dans « De l’esprit des lois« , selon Rousseau, des «gouvernements établis». Si, comme on le pense ici, le droit politique, à proprement parler, est le système cohérent des concepts généraux de l’État historique, système organisé autour du principe de souveraineté, alors il s’agit du droit politique de la volonté. Par suite, il faut considérer que le temps de la volonté s’achève avec la souveraineté même, dans le sens où le droit politique cède alors la place à un droit cosmopolitique, qu’il y a lieu de définir. Une tâche qu’il reste donc à accomplir. Mais on voit déjà que la catégorie du droit cosmopolitique, ordonnateur de la res publica européenne – cette république des nations constituées – n’est pas la volonté générale, mais l’esprit général.

La démocratie doit se vivre donc sous le régime de la raison. De cette manière, le citoyen retrouve l’accord et l’unité avec ses semblables, pour parodier Spinoza. Ainsi, l’Etat doit être conçu rationnellement : seul l’Etat rationnel ouvre la voie à la liberté, selon les lois de la nature humaine, c’est-à-dire, conscient de la nature infinie. Spinoza est un démocrate. La démocratie désigne un régime où nul ne transfère son droit à un autre et où tous sont égaux, une cité dans laquelle la liberté d’opinion est totale.

Pascal Roy.Ph:Dr

Pascal Roy.Ph:Dr

Ainsi se dessine le destin des hommes libres, vivant sous le régime de la raison, dans une cité libre. En accédant à la connaissance vraie, l’homme redevient un Dieu pour l’homme. La politique de Spinoza se confond avec son « Ethique » et l’achève. Ce qui permet à l’homme de se libérer de ses illusions et d’accepter sa place dans la Nature. Mais la philosophie de Spinoza n’est pas seulement intellectualiste, elle comporte un volet pratique très puissant : la sagesse s’acquiert par connaissance, la joie se maintient par la recherche des bonnes passions. Ainsi l’homme peut-il persévérer dans son être et dans son existence sociale.

C’est à cette sagesse politique et démocratique que j’appelle messieurs OUATTARA, AFFI, KOULIBALY, BANNY, ESSY, SANGARÉ, KKB…, RHDP et CNC afin d’assainir cette période de consultation populaire du peuple ivoirien. N’ayez pas peur de la démocratie! Sortez de la péridémocratie! On ne ruse pas avec l’esprit du peuple, le destin d’une Nation et la trajectoire républicaine.

La Côte d’Ivoire, notre belle nation à capacité d’agilité,  doit rester dans la recherche constante de la consolidation de la démocratie, de l’épanouissement individuel et collectif de ses concitoyens, en donnant du temps à l’action transformative des comportements et des perceptions qui garantissent la coexistence pacifique. Ne manquons pas ce rendez-vous de notre histoire. Œuvrons pour traverser ce défi électoral avec le sentiment que nous savons où nous allons. Ivoiriennes, ivoiriens, amis de la Côte d’Ivoire, sortons ensemble de l’immersion pour aller à des élections apaisées et démocratiques…!

Docteur Pascal ROY

PhilosopheJuristePolitisteCoach politiqueAnalyste des Institutions, expert des droits de l’Homme et des situations de crisesMédiateur dans les OrganisationsEnseignantà l’UniversitéConsultant en RHÉcrivain-Chroniqueur

 

Commentaires

commentaires