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Devoir de mémoire : Construction des Universités et écoles/Alassane Ouattara, à l’heure du bilan…


Abidjan, le 11-6-15 (lepointsur.com)-65000 salles de classes par an, l’école gratuite et obligatoire jusqu’à 16 ans, 5 universités en 5 ans… n’enfonçons pas le clou, sinon… Faisons preuve de logique. Soit ces chiffres ont été avancés parce que ton oncle pensait qu’en sa qualité d’ex-maçon, le mur comportait moins de béton (situation mal analysée avant d’avancer ses chiffres), ou encore qu’une fois au pouvoir, le système éducatif n’a plus été  la priorité, enfin, on pourrait penser que juste pour obtenir nos voix, il a fait preuve de démagogie. Et comme l’heure n’a jamais été au regret du choix, jetons un coup d’œil sur ce qui a été réalisé, et attirons l’attention sur certains manquements.

Construction des Universités et écoles, Alassane à l’heure du bilan (La lettre à Colette de Omar Samson) #La Lettre à Colette

Quel avenir pour des élèves dont les écoles ne sont pas équipées (Ph:Dr)

Quel avenir pour des élèves dont les écoles ne sont pas équipées (Ph:Dr)

Des arbres poussant dans une classe du Lycée d’Odienné, au cœur d’une broussaille impénétrable en 2009. Cette image à elle seule résumait l’état de délabrement et la phase terminale dans laquelle se trouvait le système éducatif. Aussi bien au niveau  des infrastructures que de la qualité de la formation, 6 ans  après et comme par miracle, l’école existe dans la zone ex-Centre Nord Ouest (CNO). Nous avons constaté les faits de visu, en 2014. Et renseignement pris, à défaut d’avoir répondu exactement aux attentes et promesses, 160 milliards FCFA avaient été éjectés dans le primaire et le secondaire. Malgré l’avarice de la Direction des Stratégies, de la Planification et des Statistiques (DSPS) en chiffres, et suite à la rencontre avec l’ Inspecteur Général de L’Education Nationale,  en février 2015, nous apprenons que 15300 salles de classes ont été  construites ou rénovées, ce qui correspond à 2180 écoles primaires, 3 CAFOP, 170 écoles secondaires, plusieurs dizaines de milliers d’enseignants et personnels d’encadrement recrutés, plus de 40 milliards de fournitures. Tous les élèves sont enfin immatriculés, recensement CODIPOST (c’est le nom donné à une plateforme à laquelle on accède avec son matricule et un mot de passe fourni par le MENET), des milliers de cantines scolaires ayant contribué à l’augmentation du taux de scolarisation en milieu rural… et quel impact de toutes ces réalisations sur le rendement ? Au niveau du CEPE, de 2011 à 2014, nous sommes passés de 58,22  à  55,91 ; 67,03  puis à 79,13% en 2014. Pour le BEPC : 16,68 ; 17,14 ; 40,17 et enfin 57,43% en 2014. Pour le Baccalauréat, 20,25 en 2011, et 36,23% en 2014. A l’analyse, l’on peut avancer que  tout cela est bien beau.

Oui beaucoup a été entrepris et fait. Il faut vraiment avoir un compte particulier à régler avec ce pouvoir pour prétendre qu’absolument rien n’a été fait. Mais de la même manière,  M. Ouattara fait goutter à plusieurs reprises à Mme Ouattara  les soupes succulentes, juste pour s’assurer de la qualité et la fiabilité de ce qu’elle confectionne, il devrait aussi faire un sondage. Combien parmi ses collaborateurs qui lui vantent chaque jour la fiabilité du système éducatif ivoirien, ont leurs progénitures dans nos écoles publiques ? Seule la réponse à cette question déterminera le réel impact de ses milliards éjectés dans le système.  Papa, notre école est malade. Et la gangrène cancéreuse a plusieurs tentacules.  

15300 salles de classes, mais que vaut une salle sans matériels didactiques ? Une bibliothèque sans livres, ou des labos sans produits d’expérience, nous connaissons aujourd’hui des écoles publiques où en l’absence du contrôleur financier, le matériel didactique est resté emballé dans le bureau de l’économe toute l’année, et la structure n’a fonctionné qu’avec « les moyens de bord ». Ainsi, des professeurs de physique ont tenu un tube à essai en expliquant que normalement, il devait verser de l,’acide chlorhydrique sur le zinc, pour qu’on observe un précipité rouge brique. Mais comme depuis 2011, nous attendons l’équipement des laboratoires (pas d’acide, pas de zinc), le précipité rouge brique sera abstrait… « Mettons tout en œuvre pour que le maximum d’apprenants restent au sein du système »  dixit Madame la ministre. D’ailleurs, l’école a été rendu obligatoire à cet effet, et le passage en 6ème dévalué à 85 points. Mais avez-vous prévu des tables bancs à cet effet ? Allez voir à Madinani, au collège moderne II d’Odienné (mitoyen au CAFOP), ou de passage à Bassam pour vos week-end à Assinie, faites une halte au Collège moderne, les enfants prennent les cours à même le sol.

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L’école ivoirienne toujouurs perturbée par des soulèvements (Ph:Dr)

En outre, pourquoi  ce pays qui se veut émergeant, est  incapables de mener à bien une année scolaire ? Cette année 2014-2015, seul le premier trimestre (11 semaines/31) mérite d’être inscrit dans les rapports annuels comme parfait. Et pour cause, depuis la dernière semaine du mois de février, le programme a été comateux, et une tentative de résurrection est en cours depuis votre intervention du 1er mai 2015. Vos collaborateurs et vous avez opté pour les ponctions. C’est ce qui était légal. Mais entre ce qui est légal et légitime, nous préférons la légitimé. Il y’a sûrement quelqu’un qui trompe l’oncle de Colette. La grève reviendra encore l’année prochaine encore et encore. Car le réel problème, c’est le paiement des arriérés de reclassement qui date de 2009, c’est la rémunération des 3000 contractuels qui de décembre 2013 au 10 Juin 2014, date de la signature du décret d’intégration ne sont pas rentrés en possession de ladite rémunération. De fait, ce sont ces inspecteurs pédagogiques chargés de la titularisation des instituteurs qui monnaient leur signature contre cabris et espèces sonnantes et trébuchantes, c’est aussi cette guerre que se livrent les présidents de COGES et chefs d’établissement dans la gestion des ressources additionnelles, enfin ces fondateurs d’établissements privés qui ont des coûts annuels très salés, et plus grave, ces derniers imposent aux parents : tenue scolaire, flute, canson, T-shirt, badges, souvent même toutes les fournitures au sein de l’établissement, et même si votre père est dans le textile et maman dans la papeterie, seuls ceux achetés au sein de l’école sont valables sinon pas d’accès au cours. Pays libéral, c’est vrai, mais le rôle du pouvoir c’est de nous protéger.

Enfin, Coco, dit à ton oncle de Président qu’il y’a le chômage au pays. Mais cet état de fait ne prend pas forcement sa source dans le manque d’emplois : formation au rabais, chiffres relatifs à l’efficacité interne discutables, système appliqué ne coulissant pas avec les besoins des entreprises. Nous, nous nous  sommes bien marré à l’époque,  lorsque les arrêtés indiquant la diminution de la moyenne exigée pour l’entrée en 6ème  (85points), et l’uniformisation de coefficients (1) ont été publiés. C’est parce que cette stratégie a ouvert les Collèges à tous les moins bien formés des EPP, incapables  jusqu’en 4ème de faire  une phrase correct, les coefficients uniformisés sans avis de tous les acteurs, mettent l’EDHC, la musique, et l’EPS au même niveau que les maths, la physique, la composition française,  l’anglais et le LV2. Il suffit donc d’avoir 19 en EDHC, 17 en EPS… pour « boucher le trou » des 00 en maths et 1 en LV2. Et à la fin de l’année, on nous martèle que nous sommes passés de 50 à  90%. Que dire de ce fameux système APC ? Abrutissant pour nos enfants. Aucun acquis. « On a vu çà chez les blancs et on vient le plaquer chez nous ».  Et c’est conscient de toute cette situation macabre que les chefs d’entreprises qui suivent de très près la situation affichent une grande méfiance vis-à-vis des produits issus de l’école ivoirienne. Qui est fou pour embaucher quelqu’un qui est incapable de lire son propre nom écrit ?

Puisque le grand médiateur n’existe que de nom dans ce pays, et de même que ton Oncle est prompt à accorder des audiences aux chefs d’entreprises, aux émissaires… qu’il laisse tomber tous les intermédiaires de négociateurs et prenne la peine de recevoir les structures syndicales des enseignants. Cela ne serait en aucun cas se rabaisser.  Bien au contraire, aller soi-même à la source est signe de volonté manifeste d’accorder une chance à nos enfants. M. Ahoussou Jeannot, alors  premier ministre a affirmé que les arriérés de reclassement étaient une dette farfelue de M. Gbagbo, le juriste ignorant du coup que l’Etat était une continuité. Si vous êtes aussi dans cette logique, libérez les enseignants de leur rêve, dites leur clairement que vous ne paierez pas les arriérés et on avance.

L'université FHB en proie à des grèves répétée (Ph:Dr)

L’université FHB en proie à des grèves répétée (Ph:Dr)

Au lendemain de son investiture, et discutant avec une ami journaliste, celle-ci exprima sa grande joie de constater que les Ivoiriens avaient enfin opté pour M. Ouattara. Renchérissant, elle nous exhorta à ne pas trop rêver, car :

« Un économiste au pouvoir consacre plus de temps à centraliser les structures productrices de fonds, (CEPICI, impôt, guichet unique du foncier, inscription en ligne…) et à la construction d’infrastructures rapportant gros à court terme (Péage par ci, péage par là), au détriment de celles primordiales à une émergence calquée sur le modèle asiatique (éducation, recherche et formation) plus coûteux hélas rentables à long terme. »

Et  moi de lui répondre. «  Mais il nous a promis 5 Universités en 5 ans et il les fera ».

Et  elle de conclure «  rendez vous dans 4 ans, si M. Ouattara livre une seule de ces 5 Universités promises, je renonce à ma foi chrétienne ».

Prési, aide-moi à amener cette amie à fausser compagnie au « fils » du charpentier de Nazareth. Tu as 4 mois. Sinon , je serai encore traité de menteur. Comme je l’ai été la semaine dernière.

 

La lettre à Colette de Omar Samson

 

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