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Deux morts et plusieurs blessés dans un affrontement à Famienkro #CIV


lepointsur.com (Abidjan, le 22-7-2015) Depuis septembre 2011, un litige foncier oppose des villages de la sous-préfecture de famienkro (Timbo, Koffesso-groumania et famienkro) à un opérateur privé, propriétaire de la compagnie hévéicole du cavally (CHC). Ce dernier, selon des indiscrétions serait appuyé par des responsables administratifs et des élus locaux. De sources proches de certains habitants du village de Famienkro, joints par téléphone, mercredi 22 juillet 2015 des affrontements violents entre villageois et gendarmes auraient fait 2 morts et de nombreux blessés du côté des habitants dudit village.

Prikro : Affrontement gendarmes-villageois à Famienkro : 2 morts et plusieurs blessés

Le Préfet et le sous-préfet injoignables

Des grenades lacrymogènes utilisées par les gendarmes. (Ph d'archives à titre d'illustration)

Des grenades lacrymogènes utilisées par les gendarmes. (Ph d’archives à titre d’illustration)

« Pour l’heure, nous ne pouvons pas vous dire le nombre exact de morts. Toutefois, au moment où je vous parle, nous avons enregistré deux morts dans nos rangs. Il s’agit des nommés Amara Kramo et Amidou, deux habitants de Famienkro qui sont tombés sous les balles réelles tirées par les gendarmes. Nous pouvons vous dire qu’il peut y avoir d’autres morts, compte tenu de l’ampleur de la barbarie, dont ont été victimes les villageois… »

Ces propos sont ceux de M.Almamy, un habitant du village de Famienkro présent sur les lieux, le mercredi 22 juillet aux environs de 14h. Selon lui, les gendarmes à bord de 10 cargos militaires sont arrivés à Famienkro tôt le matin. C’est ainsi qu’ils ont mis à exécution les menaces proférées contre les villageois quelques jours plus tôt. A savoir, leur imposer l’opérateur économique par la force au cas où, ils s’opposeraient.

« Les gendarmes étaient appuyés par le Sous-préfet de Famienkro, M Kouamé Yao Innocent et le préfet de Prikro, Mme Marie Guédé Sibailly ». A soutenu notre interlocuteur, visiblement traumatisé par la présence des forces de l’ordre. De sources concordantes, les gendarmes auraient mené une expédition punitive à Famienkro. D’ailleurs, un fils du village, par ailleurs, neveu du roi qui a joint notre rédaction par téléphone sous le sceau de l’anonymat précise : « Dès que j’ai été informé vers 8h ce matin, vu la gravité de la situation, j’ai aussitôt saisi l’Organisation des nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI aux fins qu’elle intervienne.»

Des villageois confirment les 2 morts

Un blessé parmi les villageois gazés par les gendarmes. (Ph d'archives à titre d'illustration)

Un blessé parmi les villageois gazés par les gendarmes. (Ph d’archives à titre d’illustration)

Au demeurant, M. Almany a rappelé que  les gendarmes ont tiré à balles réelles. « Face à la détermination des populations, les forces de l’ordre ont dû replier pour revenir à la charge, cette fois avec du gaz lacrymogène pour disperser les populations qui sont sorties nombreuses pour protéger leurs terres. » A-t-il précisé.

Toujours selon le neveu du roi Nanan Akou Morou II que nous avons joint par téléphone, il est formel : « Je suis entré en contact avec l’Onuci pour qu’elle s’enquiert de la situation qui prévalait dans mon village, étant donné que je ne suis pas au village actuellement. L’Onuci m’a informé qu’elle a effectivement pris langue avec le commandement supérieur de la gendarmerie qui nie en bloc les faits, relatifs à un affrontement entre gendarmes et villageois qui a enregistré la mort de deux villageois.

Toutefois, elle a promis continuer les investigations pour faire la lumière sur cette affaire. Nous sommes tous en attente. Je pu vous dire par contre que vous pouvez entrer en contact avec un villageois sur place qui se trouve actuellement près du corps d’un des morts… » A dit le neveu du roi Nanan Akou Morou II.

Contacté, suite aux instructions du neveu du roi, le nommé Kotta, habitant de Famienkro a effectivement confirmé la mort de Hamed Kramo : « Actuellement, je suis près du corps de Hamed Kramo. On nous parle d’autres morts et de nombreux blessés. Nous n’avons pas encore eu le temps de vérifier. Seulement, on nous a recommandé de rester à côté du corps et surtout de ne pas le porter en terre. Parce qu’il y’a des gens qui vont venir constater… » A dit Kotta

Le Commandant de Brigade de la gendarmerie confirme les affrontements et récuse les morts…

Il y a bel et bien eu affrontement entre les gendarmes et les villageois. (Ph d'archives à titre d'illustration)

Il y a bel et bien eu affrontement entre les gendarmes et les villageois. (Ph d’archives à titre d’illustration)

« Il ya eu effectivement une intervention de mes éléments. Alors que les autorités ivoiriennes ont autorisé la société hévéïcole du cavally (CHC), une frange de la population s’est opposée à la décision. Empêchant même, l’opérateur économique de mener ses activités. Des jeunes du village ont poussé l’outrecuidance jusqu’à incendier les machines de ladite compagnie hévéicole. En tant qu’autorité et représentant l’Etat nous avons exécuté notre mission de maintien de l’ordre sur ordre de notre hiérarchie. » A soutenu l’homme de loi.

Non sans ajouter qu’il n’a pas de preuves quant aux présumés morts. Toutefois, il dit être à disposition pour toutes les informations complémentaires. Nos tentatives pour prendre langue avec le sous-préfet, M Kouamé Yao Innocent et le préfet Mme Marie Guédé Sibailly sont restées vaines. Parce qu’impossible de rentrer en contact avec eux sur leurs téléphones mobiles.

A toutes fins utiles, face aux proportions inquiétantes que prenait ce conflit foncier, de passage dans la région, pour ramener les populations à la raison et les rassurer quant au bien-fondé de ce projet intégré d’hévéaculture à la base du conflit foncier, le ministre en charge de l’Agriculture Sanganfowa s’est rendu dans ladite localité pour rencontrer les populations. En dépit des assurances données par le ministre, une issue heureuse n’a malheureusement pas été trouvée. Pour preuve, une source révèle que la demande d’immatriculation formulée par le ministre de l’Agriculture (réquisition 139) en 2014 a été  refusée par la conservation foncière de Bouaké.

Le préfet et le sous-préfet accusés de collusion avec l’opérateur économique

« Ayant constaté peut-être que l’opérateur économique va perdre le procès, (personne ne peut signer un bail emphytéotique avec un opérateur privé s’il n’est pas capable de faire immatriculer la terre en son nom, selon la loi foncière de 1998), ce qui sous-entend que les deux responsables administratifs vont également perdre leurs intérêts, ces derniers ont décidé d’utiliser la force. En effet, Mme Marie Guédé Sibailly (préfet de Prikro) et M Kouamé Yao Innocent (sous-préfet de Famienkro) ont choisi la voie de la force.

Pour autant, dans le souci d’imposer la société CHC, ils ont choisi de s’attacher les services de la brigade de Gendarmerie pour dégager de force les cultivateurs au profit de l’hévéaculture de la société susmentionnée. » A dénoncé la même source. Non sans ajouter «  ces deux personnalités qui font savoir aux populations qu’elles défendent les intérêts de l’Etat seraient plutôt à la solde de la société CHC. Une réunion s’est tenue jeudi 16 juillet à Famienkro avec les commandants de brigade de la gendarmerie de Daoukro et de Prikro, il a été décidé du remplacement des cultures vivrières des villageois par l’hévéa de l’opérateur économique. »

Les évènements de ce jour, confirmeraient-ils les propos qu’auraient tenus le sous-préfet de Famienkro et du commandant de brigade de la gendarmerie de Prikro M Karamoko Ladji qui seraient allés dire aux villageois dans la cour du chef du village de Koffesso-groumania, M Ndjoré Yao Kassoum lundi 13- juillet 2015 « qu’ils enverront des cargos de commandos mâter les villageois ».

Naturellement, n’ayant désormais d’autre alternative, que celle de protéger leurs intérêts, les villageois ont donc décidé de se défendre par tous les moyens. Ce qui justifierait le lever de boucliers des habitants des trois villages (Timbo, Koffesso-groumania et famienkro) qui ont décidé de défendre par tous les moyens leurs terres au risque de leurs vies. Depuis le déclenchement de ce conflit foncier, plusieurs blessés ont été enregistrés.

Le refus des villageois de céder leurs terres pour l’exploitation de l’hévéa s’explique selon certains fils de la région par le fait entre autres que la culture de d’hévéa indispose le sol durant plusieurs décennies, bouleverse l’écosystème de la forêt, la royauté incarnée par le roi des Andoh Nanan Akou Morou II préfère la culture vivrière et maraichère qui préserve la forêt, la forêt abrite le patrimoine ancestral, la Président de la République n’a nullement notifié dans le journal officiel que cette parcelle est la propriété de l’Etat de Côte d’Ivoire.

EKB

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