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Désignation d’un chef pour l’opposition politique ivoirienne/Difficile consensus


Abidjan-12-07-16 (lepointsur.com)Le 4 juillet dernier les députés, toutes obédiences politiques confondues ont rejeté du revers de la main, le projet de loi, relatif à la désignation d’un chef de l’opposition politique ivoirienne. Et ce, au moment même où le ministre de l’intérieur et de la Sécurité Hamed Bakayoko était devant les parlementaires pour défendre ledit projet.

Les parlementaires ivoiriens ont rejeté le projet de loi portant désignation du chef de l'opposition ivoirienne. Ph.Dr

Les parlementaires ivoiriens ont rejeté le projet de loi portant désignation du chef de l’opposition ivoirienne. Ph.Dr

De fait, le projet de loi ivoirien cache, et c’est un secret de polichinelle, des calculs politiciens. En effet, pour nombre d’observateurs bien avertis de la scène politique ivoirienne, alors même que le cadre permanent de discussion (Cpd) proposait un statut de l’Opposition de nature à sécuriser et garantir les activités des militants et animateurs des partis de l’opposition en leur garantissant un accès libre et équitable aux médias de service public, une liberté de réunion et un financement transparent, le gouvernement a choisi de rejeter en bloc cette disposition. Toute chose qui suscite des interrogations au sein de l’opinion.
« Le chef de l’opposition doit-il  être nécessairement consulté avant que le gouvernement ne prenne certaines décisions importantes ou ne procède à certaines nominations importantes? » S’interroge cet observateur qui rejoint El hadj Mbodj, professeur de droit constitutionnel à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui indiquait sur Rfi, «il faut éviter que cela débouche sur un statut de façade qui soit destiné seulement à donner le change. Je constate que dans certains pays, où l’opposition est censée avoir un statut, l’opposition n’est pas vraiment considérée comme elle devrait l’être».

Affi N'GUESSAN BONAu demeurant, le titulaire de ce poste, tel qu’adopté en conseil des ministres bénéficie d’avantages, non négligeables (véhicule de commandement avec chauffeur, accès au Salon d’honneur à l’aéroport, indemnités de représentation…). A l’analyse, le texte en lui-même  renferme bien  des imperfections. D’une part en son article 22 qui stipule « le chef de l’opposition politique est le candidat ou le chef du parti ou groupement politique arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle ». A y voir de près, l’on peut avancer que  ce texte a été taillé sur mesure pour permettre à X ou Y d’être désigné patron de l’opposition politique ivoirienne. Dans le cas d’espèce, c’est le président Affi N’Guessan arrivé second à la dernière élection présidentielle. Ce poste apparaîtra comme une juste récompense pour avoir accompagné le président Alassane Ouattara au scrutin de 2015. Or il apparaît clairement que Pascal Affi N’Guessan arrivé en second ne peut pas prétendre être plus représentatif qu’un autre candidat qui,  pour diverses raisons  n’a pu prendre part au scrutin comme cela a été le cas en 2000 avec les candidats Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, écartés.

D’autre part, il est pratiquement impossible au futur patron de l’opposition de s’exprimer bruyamment, vu qu’il est soumis à l’obligation de « proscrire l’usage de la violence comme mode d’expression politique », tel que décrit dans le texte. Autant dire que le prochain chef de l’opposition ivoirienne  ne pourra donc pas organiser des mouvements de rue comme cela a été le cas lorsque la candidature d’Alassane Ouattara, avait été rejetée lors de la présidentielle et des législatives de 2000. Le Rassemblement des républicains (RDR), sa formation politique avait énergiquement manifesté pour réclamer justice et réclamation.

Dans un cas comme dans l’autre, celui qui sera choisi pour  représenter l’opposition politique ivoirienne a l’obligation  de respecter la Constitution, les lois et les institutions de la République. L’article 26 du projet de loi est sans appel et  lui rappelle qu’il risque de perdre « par déchéance » ce statut en cas de « non-respect des obligations de sa charge ou violation des lois de la République…». Ce sont là des interrogations qui demeurent, qui fâchent et qui bloque le consensus.

 

EKB

 

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