Des « Fonctionnaires Ivoiriens en Danger » ont manifesté, mardi à Abidjan #Fonction publique
– La part de vérité du ministre Cissé Bacongo
Abidjan, le 8-9-15 (lepointsur.com)-Ils sont au nombre de 1231 agents fonctionnaires de l’Etat de Côte d’Ivoire virés par le ministère de la Fonction publique en janvier 2013. Las d’attendre, sans savoir s’ils sont « suspendus » ou « radiés », réunis au sein du collectif dénommé Fonctionnaire Ivoirien en Danger (FID), ils sont sortis mardi 8 septembre 2015, pour manifester devant ledit ministère, sis au Plateau.
Et pour cause. Ceux qui sont devenus des « chômeurs » ont été recrutés entre 2011 et 2012, « sans concourir pour nécessité d’agents au sein de différents ministères ivoiriens,» selon le Secrétaire général du FID, M. Koné Abdul Zié du ministère de l’Economie et des Finances. « Nous avons des numéros matricules. Des espaces fonctionnaires, nous avons été notés pendant et participé à des ateliers etc. Mieux nous avons été les premiers fonctionnaires déployés en Zone Centre Nord Ouest e(Cno). Pendant tout ce temps, nous n’avons jamais été payés par l’Etat qui a demandé nos srvice.» A précisé notre interlocuteur expliquant qu’un recours hiérarchique a été fait auprès du Premier ministre, « entre mars et avril 2015».
« L’affaire est aussi devant la Chambre administrative de la Cour suprême. Ce volet est géré par notre avocat.» Soutient M. Koné Abdul Zié, non sans brandir des notes de service de plusieurs de ces collègues du collectif.
« Notre démarche n’a aucun relent politique.» A tenu à préciser notre interlocuteur, ajoutant par ailleurs qu’ils ont déjà effectué plusieurs démarches auprès de certaines institutions ivoiriennes, notamment la rencontre avec l’un des conseillers du Premier ministre. Par ailleurs, le collectif « souhaite être rétabli dans ses droits et son intégration à la fonction publique.»
Comme version du ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative, Cissé Ibrahim Bacongo le service communication nous a renvoyés à l’interview de ce dernier dans le quotidien pro gouvernemental, « Fraternite Matin N° 15224 » du 8-9-15 dont nous vous publions un large extrait.
Sériba Koné
La part de vérité du ministre Cissé Bacongo, ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative
Fraternité Matin : On parle souvent de fonctionnaires fictifs. Comment cela est-il possible ? Ne peut-on y pas mettre fin ?
Cissé Bacongo : C’est un fait que des individus exercent frauduleusement dans notre fonction Publique. Pour mieux éclairer l’opinion publique, il faut savoir que, conformément à l’article 33 du Statut Général de la Fonction Publique, on devient fonctionnaire par deux procédés : soit, par un concours d’intégration, soit par nomination, à titre exceptionnel, par un décret du Président de la République.
Il se trouve que des personnes, qu’on découvre au fur et à mesure dans nos fichiers, n’ont aucune référence dans les archives. A titre d’exemple, nous en avons découvert un qui se promène avec un décret qui l’aurait nommée. Les recherches effectuées au Secrétariat Général du Gouvernement et dans nos archives, indiquent que le décret, dont il se prévaut, porte le même numéro qu’un décret de ratification d’une convention internationale. Le décret de nomination de cet agent est donc un faux.
Les cas les plus nombreux concernent les personnes qui sont entrées à la Fonction Publique par la fenêtre. Elles sont passées par des voies diverses pour obtenir des numéros matricules. Ces personnes ont même constitué un collectif dit ‘‘ fonctionnaires ivoiriens en danger’’. Ce sont environ 1500 personnes. Elles ont, elles-mêmes, reconnu, par voie de presse, sans s’en rendre compte, avoir remis de l’argent à des agents du ministère de la Fonction publique (200 000 Fcfa, 300 000 Fcfa, etc.) qui leur ont octroyé en contre partie des numéros matricules. Ce sont, en fait, des individus qui ne se sont pas présentés à un concours et qui n’ont pas été nommés par décret.
Un audit des fichiers de la Fonction publique a révélé que ces derniers n’ont, ni dossiers, ni décret de nomination, encore moins des documents attestant de leur admission à un concours.
Lorsque nous prenions fonction, ces fonctionnaires fictifs répertoriés étaient environ 1200. Aujourd’hui, ils sont plus de 1500 et nous continuons d’en découvrir tous les jours.
Fraternité Matin : Ces fonctionnaires fictifs seront-ils juste suspendus ? Ou des actions judiciaires seront- elles engagées à leur encontre ?
Cissé Bacongo : Le ministre Gnamien Konan, notre prédécesseur, avait décidé de porter l’affaire devant les tribunaux, sous la pression du collectif constitué par les personnes concernées, qui ont fait le tour des institutions et grands services de l’Etat, notamment la Médiature de la République et l’Inspection d’Etat. Mais, son initiative est restée au stade d’une simple menace.
Nous sommes restés dans la même posture. Mais, nous avons demandé à nos services de partir de la liste de ces personnes pour ressortir les noms, à partir des identifiants dans les ordinateurs, des agents du ministère qui leur ont attribué ces matricules.
Nous avons pu, ainsi, identifier 29 agents qui sont impliqués dans cette affaire de faux matricules. J’ai demandé que ces 29 personnes soient traduites devant le Conseil de Discipline pour répondre de leurs actes. L’organe est à pied d’œuvre pour ce faire. Nombre d’entre elles ont déjà été entendues. A l’issue de cette procédure, le conseil va proposer des sanctions.
On se trouve-là, dans un cadre purement administratif. On pourra aller plus loin en traduisant les fautifs devant les tribunaux. Car il s’agit de faux, et usage de faux et complicité de falsification en documents administratifs. On doit poursuivre, au moins, ces 29 agents, dont certains sont encore en fonction. D’ailleurs, certains d’entre eux, sentant venir le danger, se sont planqués dans d’autres ministères.
Extrait de « Fraternite Matin N° 15224 » du 8-9-15
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