–      Le cri du cœur du Rédacteur en chef de www.lepointsur.com

L’étudiante Fadiga Awa (Ph: Dr)

Madame la Ministre, si ce communiqué est vraiment le votre alors (ce que je ne doute pas), nous avons de nobles raisons de nous inquiéter de la manière dont vous appréhendez le niveau de connaissance et compréhension intellectuelle des Ivoiriens. Mais loin d’en être offusqué, nous vous exhortons à nous appréhender autrement.

Madame la Ministre, voici une jeune fille dont selon vos propos, est retrouvée dans un état « boueux baignant dans une marre de sang, éjectée d’un véhicule après avoir été violentée« . Une jeune fille de 23 ans admise aux urgences d’un hôpital public, dans un état comateux et agitée qui va recevoir des premiers soins que nécessitait son état sans qu’il nous soit donné de savoir la nature et le volume de ses soins. Une jeune fille dont le traumatisme crânien et la détresse respiratoire suggèrent, ne serait-ce par mesure de prudence et de conscience professionnelle, des diligences médicales pour établir clairement le diagnostic et prendre les mesures idoines pour la maintenir en vie va attendre jusqu’à 16h 33 mn pour qu’il soit décidé qu’elle passe au scanner.

Raymonde Goudou Coffie, ministre de la Santé et de la Lutte contre le Sida (Ph: Dr)

Et là, pour un pays aux prétentions même légitimes, d’émergence, et dont l’année 2013 fut consacrée à la santé, apprendre que le scanner du Centre Hospitalier Universitaire de Cocody, la commune présidentielle est en panne, est une nouvelle aberrante qu’effrayante. Toutefois, il faudra aller ailleurs. Et, ce n’est qu’après ce périple qui vraisemblablement sera coûteux pour son pronostic vital que nous saurons aux environs de 18 heures, soit 19 heures d’horloge après son admission qu’elle souffre d’« un traumatisme méningo encéphalique sévère avec engagement occipital, temporal et sous faltoriel, et contusion oedémato hémorragique multifocale, avec fracture de la base du crâne ». Madame la Ministre pour autant de traumatismes aux caractéristiques et manifestations aussi évidentes pour des professionnels de la médecine d’urgence, ne valait-il pas agir plus tôt pour tenter de lui sauver la vie ? Où alors, attendait-on que se présentent aux urgences les parents de « Madame X » pour qu’on daigne agir pour sauver une vie humaine, celle d’une jeune fille, votre concitoyenne dans un état d’urgence ? Madame la Ministre, sauf votre respect, il y a là, plus de la négligence. Car, il s’agit d’assurer un service minimum à la hauteur de l’état du patient en temps et dans la nature des soins prodigués pour le maintenir en vie. Et si le CHU n’était pas capable de lui prodiguer pareil prestation, parce que le scanner serait en panne, la responsabilité incombe bien à l’Etat premier responsable de la santé des populations vivant en Côte d’Ivoire.

Bien Madame la Ministre, nous espérons que vous ne songez par à l’adage selon lequel « à l’impossible nul n’est tenu » car nous pourrions vous répondre qu’ « à l’incapable, l’option de la démission est de raison ».

                                  Landry Kuyo (Rédacteur en Chef)

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