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Palabres autour de l’article 35 : Alassane Ouattara met fin au débat


lepointsur.com (Abidjan, le 20-3-2015) A la fin de sa visite d’Etat dans le Bas-Sassandra, le Président de la République a animé une conférence de presse, le dimanche 8 mars 2015, pour faire le bilan de sa tournée qui l’a amené à sillonner toute la région du 4 au 8 mars 2015. Au cours de cet échange avec les journalistes, Alassane Ouattara s’est prononcé sur l’article qui fait couler tant d’encre et de salive.

Alassane Ouattara, le Président de la République de Côte d'Ivoire. (Ph: Dr)

Alassane Ouattara, le Président de la République de Côte d’Ivoire. (Ph: Dr)

« Il n’y a aucune raison de modifier l’article 35 », avait dit en substance, le Président de la République au cours de la conférence de presse bilan de sa visite d’Etat dans la région du Bas-Sassandra. Toutefois, Alassane Ouattara n’a pas occulté le fait que cet article nécessite des modifications qui, selon lui, ont été utilisées pour les élections de 2010. Bien entendu, il a insisté sur le fait que cette jurisprudence est encore d’actualité.

Là-dessus, le chef de l’Etat a été très clair. Car pour lui, en effet, « à partir du moment où ces dispositions ont été appliquées, elles seront applicables ». Dans la foulée, il a annoncé une modification constitutionnelle globale après les élections générales de 2015. Le faisant, le Président de la République a coupé l’herbe sous les pieds de tous ceux qui avaient commencé à soulever des passions concernant l’article 35 de la Constitution dont l’évocation ne laisse personne indifférente.

C’est vrai que pour justifier cette décision, Alassane Ouattara a souligné les difficultés économiques quant à l’organisation d’un référendum dont le coût ne serait pas facile à supporter par l’Etat déjà très engagé sur plusieurs chantiers infrastructurels. Mais dans le fond, le N° 1 ivoirien a fait preuve de grande clairvoyance politique. Evitant ainsi de justesse, les éventuelles spéculations sur l’article 35 en cette année électorale.

Eviter les erreurs de ses prédécesseurs

Mus par la volonté d’éliminer à jamais la candidature d’Alassane Ouattara de la course à la présidence de la République, l’article 35 relatif à la prévalence d’une autre nationalité avait été savamment ajouté à la Constitution de 2000. Pour preuve, au cours d’une de ses sorties, Laurent Gbagbo ne s’était pas embarrassé de fioritures pour annoncer sur la place publique que cet article était une disposition de la Constitution pour régler le cas Alassane Ouattara.

Le constat ici, avec la décision de reporter les modifications utiles à la Constitution, c’est que le Président de la République ne veut pas favoriser l’installation de débats puérils à l’occasion de l’élection présidentielle qui, très souvent en Côte d’ Ivoire, rime avec violence. Qui ne se rappelle-t-il pas de la passion soulevée par les conjonctions de coordination et /ou sous l’ère Guéi Robert ? Une passion qui, à cette époque-là, avait fait oublier au Général Guéi l’essentiel qui, par principe, devait être l’explication de son programme de société aux populations.

D’autant plus qu’il était obnubilé par le désir de se présenter à l’élection présidentielle que lui et ses amis du Cnsp (Comité national de salut public) avaient la charge d’organiser. La démarche d’Alassane Ouattara, par contre à travers la mise en berne de l’article 35 de la Constitution, marque donc une rupture avec celle du patron du Cnsp.

Garantir un climat de paix

Loin d’être une fuite en avant, la décision de reporter les modifications constitutionnelles après les élections générales de 2015, est pour le chef de l’Etat, un véritable moyen de garantir à ses concitoyens un climat de paix. Ce qui évitera certainement de jeter les bases d’un conflit au cours de cette année électorale. Pouvait-il en être autrement, quand l’on a encore en mémoire les tensions qui ont entouré l’élection présidentielle de 2010 ?

Idrissa Konaté

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