Alassane Ouattara a encore le soutien de son peuple.Ph.Dr

Abidjan, le 2-11-2015 (lepointsur.com)-« Tout est bien qui fini bien ». Dit l’adage. En attendant, la confirmation du Conseil constitutionnel ce matin, le vainqueur de l’élection présidentiel est Alassane Ouattara. Vu le calme qui a prévalu après sa réélection, l’incroyable destin de ce banquier suit donc son cours cette fois comme un fleuve paisible, contrairement au couloir tumultueux dans lequel,  il est passé entre 1994 et 2010 : faux et usage de faux, mandat d’arrêt, inéligibilité, apatridie, victoire volée. Et que sais-je encore ?

A telle enseigne que finalement, de manière consciente ou inconsciente, l’on était arrivé à la conclusion que tout ce qui était entretenu au sujet de l’homme était fondé. Mais,  avec le ras-de-marrée du dimanche 25 octobre 2015, le débat est clos définitivement sur la nature du sentiment entre l’homme et le peuple ivoirien. En attendant donc son investiture, et si nous faisons une halte pour féliciter l’artisan de cette victoire ? La victoire a plusieurs pères. Et chacun dans sa sphère d’action se l’attribue. Mais dans ce melting-pot de faiseurs de rois, un seul a attiré notre attention : Henri Konan Bédié. Oui, N’Zuéba et le PDCI. Ce parti est non seulement,  le gagnant de l’élection, et mieux, il est aujourd’hui le plus tranquille avec sa conscience. Nous le disons,  non pas parce que ses cadres ont été bien lotis.

Mais parce que de mémoire d’africain, c’est l’une des rares fois et probablement la première fois qu’un membre influent d’une coalition politique donne sa parole, la maintient et la tient jusqu’à l’entrée du bus au terminus, bien que n’étant pas le chauffeur, et sachant bien qu’il pouvait en être autrement, tout juste après le virage suivant. D’ailleurs, les cas de dislocation d’alliance quelques heures après l’élection sont légion sur le continent : au Sénégal, le président Wade et ses faiseurs de rois (Dansokho, Niass, et Bathily) sont tombées en état de disgrâce quelques heures seulement après avoir abattu l’éléphant en 2000. En Guinée, l’élection législative de 2011 a été maintes fois reportée, suite aux promesses non tenues par les uns et les autres au sein de la coalition « Forces Vives ».

Mais depuis que le PDCI et singulièrement Bédié a donné sa parole dans cette chambre d’hôtel de Pretoria les choses sont allées très vite. Après des débats houleux de quatre jours entre Bédié et Ouattara à Prepréssou en septembre 2014, au cours desquels,  Bédié a lancé son fameux appel, toutes les promesses qu’il a faites ont été tenues jusqu’au bout. Lui et ses principaux généraux ont non seulement tenu parole, et mieux, se sont investis corps et âme dans la victoire de Ouattara. Bien sûr, il ne faut pas perdre  de vue les largesses, les jouissances des cadres, des populations baoulé, château d’eau d’urgence à Daoukro, bitumage des sept kilometres Daoukro-Prépressou, les déplacements de Bédié en avion au frais de l’Etat.

Comme, ici, à l’arrivée du président Alassane Ouattara à Transua.Ph.Dr

Mais toutes ces largesses ne constituent absolument rien face à la conservation de la Présidence de la République. C’est à cette présidence que le PDCI a renoncé, ouvrant ipso facto un boulevard au RDR. Voilà ce qu’on appelle être un  homme de parole, sage, digne et c’est cette dignité qui fait du PDCI l’heureux gagnant. Une semaine après l’aboutissement de l’enjeu de l’alliance, tout baigne entre les deux grands du RHDP. La question que nombre d’observateurs se posent est de savoir si,  le RDR respectera-t-il sa parole ? Telle est la question fondamentale qui rythmera tous les débats des semaines à venir.

Rien ne nous fait dire que le RDR ne respectera pas sa part d’accord. Nul ne parle de trahison à l’horizon. Mais,  des situations symptomatiques doivent interpeller M. Ouattara. Des jeunes loups autour de lui ignorent que le travail d’équipe en politique, se caractérise par le fait de se mettre en veilleuse, lorsque celui pour qui l’on se battait a atteint l’objectif souhaité. Dès cet instant, le futur ex-président fait émerger si possible une personne, selon la carrure qui lui sied.

Pour Alassane Ouattara, ce mandat sera non seulement la confirmation des acquis de l’émergence, mais il sera aussi et surtout politique : faire le ménage au sein de la case verte. Il sait qu’il a dans son entourage restreint, un individu qui se dit qu’il a gravi tous les échelons. Et le seul alinéa et mention qui manquent à son CV, c’est Président de la République. Il y’a aussi un autre qui se dit être le militant de l’heure du chant du coq. Il y’a encore l’autre qui se dit être le chouchou du couple. C’est lui qui s’est adonné à une heure d’éloge lors de la visite d’Etat. Enfin il y’a l’éternel bras droit.

Chacun des membres de ce quatuor s’est déjà signalé. Soit à travers une pseudo-fronde tuée dans l’œuf, ou via des actions ressemblant trait pour trait aux agissements d’un Président de la République. Si Ouattara réussit à les canaliser, nous pensons qu’après l’accord Ouezzin-Houphouët, après l’accord PDCI-RDR, ce sera la troisième action politique le plus noble de ce pays. le grand PDCI s’est dépouillé de son orgueil pour accompagner humblement le RDR pendant 10 ans, suite à un accord signé et respecté. Que l’entourage de M. Ouattara s’en remémore pour leur retourner l’ascenseur.

Mais Colette, je peux te confirmer une chose : l’un de ces quatre ira en indépendant en 2020. Et il avancera deux arguments : l’accord de Daoukro ne concernait que Bédié et Ouattara. Et même s’il y’a eu accord, il n’a pas tenu toutes ces promesses, vu  que certains PDCIstes l’ont déchiré en se présentant en indépendants. D’où,  le fait suivant : certaines candidatures d’indépendants issus du PDCI auraient été suscitées par la génération « pressée pressée » du RDR. Affaire à suivre

Analysons enfin quelques taux de participation. A Abobo, nous l’avions prédit. Que ce soit au niveau du Président lui-même ou des élus locaux, les déceptions sont réelles au sein des militants. Les centaines de milliers de personnes, au rond point d’abobo le jeudi 22 octobre 2015, étaient plus des curieux, passionnés de bain de foule, que des rassurés de Toungara.

Dans la foule, nous avons même entendu des dames dire ceci : « la président naka véni par sans-manké là là, lui-même il va comprendre que toungara nous a abandonnés. » Oui la route abobo-zoo, point d’orgue Ciné Cool, cet endroit à lui seul résume les mandats de Toungara. Et c’est ce flux de mécontents qui a tout simplement opté pour l’abstention. Quand au Sud-Comoé, tout portait à croire que l’opération de charme en cours (château d’eau Assinie, Bonoua 1 et 2, autoroute Akwaba-Moossou, futur usine de cacao à Bonoua, Université d’Adiaké, électrification à outrance, nominations de cadres) donnerait au PRADO, une assise dans cette région. 43,95% de participation à Bassam, et 40,38% à Bonoua, et plus grave, tout le RHDP 5703 voix, contre 5490 voix pour le FPI à Bonoua.

Sur une piste villageoise en pleine campagne, dans le département de Kaniasso.Ph.Dr

L’ouverture des pistes villageoies reste très importante.Ph.Dr

Et dans le même temps, des départements comme Kaniasso-Minignan (meilleur score national 99,63%) n’ont eu que la promesse de reprofilage d’une voie. Bien sûr, les investissements régionaux sont fonction du poids économique, des taxes et impôts prélevés dans les régions. C’est pour cette raison que Kaniasso ne peut bénéficier des mêmes investissements que Bonoua. Alors,  si telle est la réalité de la politique de disparité des investissements, qu’on ne vienne plus fatiguer inutilement nos vieillards lors des élections, qu’on ne mette plus nos mères au soleil pendant des heures pour voter un parti, qui ne reconnaîtra pas leur vote à sa juste valeur. Que le pouvoir se concentre sur ceux qui sont « plus importants à ses yeux ».

Minignan-Kaniasso-Tiémé-Séguélon-Morondo, sont des villes situées sur le même tronçon. Et ADO a obtenu 99% dans presque toutes les villes qui sont sur ce tronçon. Et seule promesse lors de la visite d’Etat : un reprofilage de cette route, au moment où le bitume est distribué ailleurs dans le pays. Nous aurions été heureux de vous entendre dire que vous ne ferez rien pour nous que de vous entendre dire ça. On aime bien toutes les églises, mais vers la fin, chacun s’accroche à sa chapelle. Excellent mandat à vous. Dans l’espoir que toutes les régions seront traitées désormais sur le même pied d’égalité.

La lettre à Colette de Omar Samson

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