Societe

[Crise post-électorale de 2020 en Côte d’Ivoire] Des premiers brûlés vifs à Toumodi (actualisé)


-La sous-préfecture de Taï incendiée

Abidjan, le 2-11-2020 (lepointsur.com) Toumodi, ville située dans le centre de la Côte d’Ivoire à 189 km de la capitale politique, Yamoussoukro, est la première localité où des personnes ont péri dans des incendies occasionnés par des manifestants.

Des habitations en feu, d’autres en fumée, plusieurs commerces incendiés et pillés. Des rues complètement désertes. Les images effroyables des pires atrocités perpétrées par des individus de la crise post-électorale du 1er novembre 2020, dans cette partie de la Côte d’Ivoire, qui sont visibles sur les réseaux sociaux, laissent tout le monde sans voix.

L’horreur était à son comble, les violences du lendemain de la présidentielle controversée au rendez-vous aussi, à Toumodi. La crise post-électorale de 2020 signe son entrée macabre par la faute des politiques comme en 2011, où l’on a dénombré 3000 morts.

Des habitations partent en flamme

Fleur Grise, l’une de nos consœurs, n’a plus de voix, encore moins de larmes. Effondrée, elle raconte les derniers instants de ses proches brûlés vifs dans un incendie criminel: « Je viens d’apprendre que la coépouse de ma grand-mère, ses fils et filles ont été brûlés vifs à Toumodi, aujourd’hui

Dans une vidéo où on voit les flammes monter, tout ravager et rendre en cendres une habitation devant une poignée de personnes stupéfaites, on entend des cris, des pleurs et des lamentations. Au téléphone, une personne informe l’opinion qu’un homme et une femme venus se réfugier là, auraient péri, ‘’calciné’’ par feu.

Un couvre-feu instauré par le préfet de Toumodi de 19h à 6h du 1er au 8 novembre, suite à des affrontements. 4 morts et des blesses enregistrés, selon les autorités locales.

Voir lien de la vidéo: https://www.facebook.com/franklin.nyamsi1/videos/10214449073099664

Depuis quelques mois, la plupart des victimes de la crise pré-électorale de 2020, ont été tués, soit à l’arme blanche, ou par balle. Les manifestants ont certes incendié des biens (véhicules, bus, marchés, des habitations), mais pas des personnes.

À Gagnoa, dans le sud-ouest, 5 personnes ont été tuées samedi dans des affrontements entre des jeunes à Tehiri, de sources médicales et 34 autres blessées.

En effet, ce modus operandi rappelle étrangement les tristes événements de la crise post-électorale de 2011, en Côte d’Ivoire où des personnes étaient brulées vives en pleine rue de la capitale économique, Abidjan. Autant affirmer que la pire violence et la haine reprennent peu à peu place dans le cœur des manifestants, si ça ne l’est déjà.

À Taï, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire à 620 km d’Abidjan et à 85 km de Guiglo, sur l’axe Guiglo-Tabou dans la région du Cavally, la sous-préfecture est partie en fumée dans nuit du 1er novembre aux environs de 20h.

La sous-préfecture de Taï en feu. Ph.Dr

Un incendie, dont les causes restent pour l’instant méconnues, s’est déclaré dans les locaux de la sous-préfecture de Taï, dimanche 1er novembre 2020, aux environs de 20h, constate l’AIP.

En l’absence de pompiers dans le département, ce sont les forces de défense et de sécurité (gendarmes et militaires), soutenues pour la population qui ont tout mis en œuvre pour lutter contre la propagation des flammes, selon le confrère. Malgré leurs efforts, le feu a continué à consumer les locaux. De l’état civil jusqu’au bureau du commandant, tout est parti en fumée.

C’est tard dans la nuit, vers 23h que l’incendie a baissé d’intensité. La gendarmerie a ouvert une enquête, note l’AIP.

Le scrutin présidentiel du 31 octobre 2020 s’est déroulé dans la violence dans certaines régions favorables à l’opposition ivoirienne.

Au lendemain d’une présidentielle émaillée de violences, l’opposition appelle à une ‘’transition civile’’ et maintient son mot d’ordre de désobéissance civile.

Elle (opposition) a ‘’constaté’’ dimanche, la ‘’fin du mandat’’ du président Alassane Ouattara, lors d’une déclaration à la presse de Pascal Affi N’Guessan au nom de toute l’opposition.

Le parti au pouvoir, par la voix du directeur exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Adama Bictogo, met en garde l’opposition contre ‘’ toute tentative de déstabilisation’’ et accuse les responsables de l’opposition d’être les  ‘’commanditaires’’ des violences qui ont émaillé le scrutin.

La Commission électorale indépendante (CEI) a commencé l’annonce des résultats de la présidentielle qui opposait le président sortant, Alassane Ouattara à Kouakou Konan Bertin (KKB). Les candidats Pascal Affi N’Guessan et Aimé Henri Konan Bédié ont boycotté cette élection.

Partout en Côte d’Ivoire, les Ivoiriens retiennent leur souffle après le scrutin du 31 octobre.

Sériba Koné

Commentaires

commentaires