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[Coup d’Etat au Burkina-Faso] Les négociations se poursuivent toujours malgré la démission du lieutenant-colonel Damiba


Des concertations sont toujours en cours au sein de l’armée. Trois jours après le coup d’État mené par les hommes du capitaine Ibrahim Traoré, la situation s’éclaircit un peu. L’ancien président de la transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a démissionné. Les risques d’affrontements au sein de l’armée semblent s’estomper. Et des discussions ont eu lieu, toute la journée de dimanche, au siège de l’état-major. Le lieutenant-colonel aurait été exfiltré vers Lomé, la capitale togolaise.

Les négociations se sont faites en deux temps. D’abord, il a fallu éviter un affrontement entre les partisans du capitaine Traoré et ceux du lieutenant-colonel Damiba. Dans la nuit de samedi à Ouagadougou, le capitaine Ibrahim Traoré lance un appel à la mobilisation générale. De véritables grappes humaines ont commencé à sortir dans la rue ou à prendre d’assaut des bâtiments officiels. Le lieutenant-colonel Damiba dont les troupes voulaient en découdre avec le camp des militaires d’en face, se trouve un peu coincé, raconte notre correspondant régional, Serge Daniel. Les civils risquent d’être les premières victimes. Et cela, Damiba ne le souhaite pas. Il commence à vouloir jeter l’éponge.

C’est lui-même qui aurait choisi la destination Lomé. Contacté, le président Faure Gnassingbé accepte, si cela peut ramener le calme. Le président Umaro Sissoco Embalo de la Guinée-Bissau, président en exercice de la Cédéao, est au courant du projet d’exfiltration en cours. Il décroche son téléphone pour encourager les uns et les autres et appeler au dialogue. Tôt le dimanche matin, les chefs religieux et coutumiers réunissent à Ouagadougou les deux camps rivaux.

Dans un communiqué commun publié dimanche après-midi, ils annoncent la démission de l’ancien président de la transition. Le lieutenant-colonel Damiba a posé plusieurs conditions à son départ : la poursuite des opérations militaires sur le terrain, la garantie de la sécurité et de la non-poursuite des soldats qui s’étaient engagés à ses côtés, la poursuite du renforcement de la cohésion au sein des forces de sécurité, la poursuite de la réconciliation nationale, le respect des engagements pris avec la Cédéao – en clair, le respect des échéances devant mener à un retour à l’ordre constitutionnel –, la poursuite de la réforme de l’État et, enfin, la garantie de sa sécurité et de ses droits, ainsi que ceux de ses collaborateurs.

Selon les médiateurs, toutes ont été acceptées par le capitaine Traoré.

Cette question réglée, des concertations se sont poursuivies tout au long de la journée. Cette fois-ci, ce sont les officiers supérieurs qui se sont installés autour de la table, à l’état-major. Selon une source proche des médiateurs, les débats ont concerné, entre autres, la réorganisation de l’armée et la feuille de route de la transition. La tenue d’assises nationales et le choix d’un président civil ou militaire ont notamment été évoqués.

Les débordements populaires de la veille ont également déplu à une certaine partie de la haute hiérarchie militaire. « Le Burkina, ce n’est pas ça, déplore un observateur des discussions. Même en temps de crise, on doit rester digne. »

Source : Rfi

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