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Côte d’Ivoitre-Média/Déclaration du SYNAPPCI, à l’occasion de la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes


Guillaume Gbato (au micro)

Guillaume Gbato (au micro)

Abidjan, le 14-11-14 (lepointsur.com)-À sa 68e session, en 2013, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution A/RES/68/163, qui a proclamé le 2 novembre Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Cette résolution a exhorté les États membres à prendre des mesures précises pour combattre la culture actuelle d’impunité. La date a été choisie en mémoire de l’assassinat de deux journalistes français au Mali le 2 novembre 2013.

Cette résolution historique condamne toutes les attaques et violences perpétrées contre des journalistes et des travailleurs du secteur des médias. Elle exhorte également les États membres à faire tout leur possible pour prévenir cette violence, en faire rendre compte, traduire en justice les auteurs de crimes commis contre des journalistes et des travailleurs du secteur des médias, et veiller à ce que les victimes disposent de recours appropriés. Elle demande en outre aux États de promouvoir un environnement sûr et propice dans lequel les journalistes puissent effectuer leur travail de manière indépendante et sans ingérence indue.

L’accent que cette résolution met sur l’impunité tient au fait préoccupant qu’au cours de la dernière décennie, plus de 700 journalistes ont été tués parce qu’ils informaient le public.

Malgré cet engagement des Nations Unies, cette année encore, à en croire la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), au moins 100 journalistes et autres personnels des médias et de la presse ont ét

é tués depuis le début de l’année, dont une dizaine a trouvé la mort dans des accidents survenus dans la plupart des cas, dans un cadre professionnel.

Les cas les plus emblématiques étant les décès de Camille LEPAGE, jeune photojournaliste française assassinée en Centrafrique le 12 mai 2014, les  assassinats de deux journalistes américains James Wright Foley (19 août 2014) et Steven Joel Sotloff (02 septembre 2014) en Irak. Plus proche de nous en Guinée, le 16 septembre 2014, en campagne de sensibilisation sur la maladie à virus Ebola, huit personnes parmi lesquelles, le journaliste Facely Camara de la Radio Liberté Zali FM, Molou Chérif et Sidiki Sidibé tous deux techniciens de la radio rurale de N’Zérékoré ont été tuées par une foule déchaînée.

Le SYNAPPCI tient à rappeler qu’en Côte d’Ivoire au cours de la dernière décennie, plusieurs journalistes et professionnels des médias ont trouvé la mort dans l’exercice de leur métier. Il s’agit notamment de :

–          Gonzreu Kloueu Denis, correspondant de l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP) à Toulepleu, dont le corps a été retrouvé le 19 mars 2003, après sa disparition depuis le 11 janvier de la même année. Selon plusieurs sources, il aurait été arrêté par des mercenaires libériens combattant aux côtés des forces loyalistes.

–          Jean Hélène, Correspondant de RFI en Côte d’Ivoire, abattu à Abidjan par le policier Théodore Dago Séri, au soir du 21 octobre 2003.

–          Antoine Massé, correspondant du quotidien Le courrier d’Abidjan, assassiné le 07 novembre 2004 par l’armée française à Duékoué.

–          Guy André Kieffer, disparu le 16 avril 2004 et dont on est toujours sans nouvelles.

–          Sylvain Gagnétaud, journaliste à Radio Yopougon, assassiné le 08 mai 2011, à son domicile, par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI)

–          Désiré Oué, rédacteur en chef de la revue chrétienne «Tomorrow Magazine» tué à son domicile par des hommes armés non identifiés, le 14 novembre 2013

Le SYNAPPCI constate avec regret que pour la quasi-totalité de ces cas, à l’exception notable de celui de Jean Hélène, dont le meurtrier a été jugé et condamné à 17 ans de prison, aucune enquête sérieuse n’a été faite et les assassins continent de courir, en toute impunité.

A côté de ces assassinats, le SYNAPPCI note qu’il y a eu de nombreuses violences ou agressions à l’encontre de journalistes et autres professionnels des médias en Côte d’Ivoire. Lesquelles agressions ont fait l’objet de deux déclarations. La première, le 26 janvier 2014 et la seconde le 13 février 2014, lors de la 3e édition de la journée mondiale de la radio.

Au moment où le gouvernement ivoirien et ses partenaires du secteur des médias commémorent la journée du 02 novembre, le SYNAPPCI réitère ses sincères condoléances aux familles des victimes décédées et assure les autres de toute sa solidarité.

Au regard de ces multiples cas mentionnés, et devant cette série noire qui ne s’estompe pas, le Syndicat National des Agents de la Presse Privée de Côte d’Ivoire :

v  S’indigne contre cette persistance de violences à l’égard des journalistes et autres professionnels de la presse et des médias dans l’exercice de leur fonction.

 

v  Condamne avec force tous ces cas de violences et d’agressions, quels que soient leur forme et leurs auteurs.

 

v  Interpelle le Conseil de sécurité et l’ensemble du système des Nations Unies, organe exécutif défini comme ayant « la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale » et tous les autres pouvoirs publics sur l’impérieuse nécessité de protéger les journalistes et tous les autres professionnels des médias dans l’accomplissement de leur mission d’information pour tous.

 

v  Appelle avec insistance le gouvernement de Côte d’Ivoire à faire des enfants et ayants droits de tous les journalistes et professionnels des médias, morts dans l’exercice de leur fonction, des pupilles de la nation.

Fait à Abidjan, le 13 novembre 2014

Pour le BEN du SYNAPPCI

Guillaume Gbato

 

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