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Côte d’Ivoire/Présidentielle 2015: Les programmes de société des candidats cristallisés autour de la femme


 

Abidjan, le 29-10-15 (lepointsur.com)-Les candidats qui se sont affrontés à l’occasion de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire le 25 octobre 2015 ont tous accordé une place de choix au Genre. Cette volonté manifeste de ceux et celles qui aspirent présider aux destinées du pays a été dévoilée pendant  environ dix jours lors du forum ‘’Présidentielle 2015: Les femmes s’engagent et se font entendre’’, tenu du 25 septembre au 08 octobre 2015 à l’Ivoire Golf Club.

Côte d’Ivoire/Présidentielle2015: Les programmes de société des candidats cristallisés autour de la femme#Elections

Les dix candidats retenus par le conseil constitutionnel pour la présidentielle de 2015 en Côte d'Ivoire. Ph.Dr

Les dix candidats retenus par le conseil constitutionnel pour la présidentielle de 2015 en Côte d’Ivoire. Ph.Dr

Initié  par plusieurs associations d’obédience féminine, ce conclave a été piloté par des Ong de la société civile à vocation exclusivement  féminine. Notamment, la Coalition des femmes leaders de Côte d’Ivoire du Réseau des femmes journalistes et professionnelles de la Communication de Côte d’Ivoire, le lobby pour la défense des droits de la femme, l’Organisation des femmes actives de Côte d’Ivoire (Ofaci) et l’Association des femmes chercheures de Côte d’Ivoire (Afemc-CI).

Face aux femmes leaders de ces différentes associations, entre autres, Mariam Dao Gabala, Agnès Kraidy, Marie-Christine Bocoum, ou encore Fanta Doumbia, les candidats en lice ont stigmatisé le rôle primordial que devraient jouer les femmes dans la société ivoirienne, de nos jours. Regard sur les grandes lignes de la place que les différents candidats entendent accorder à la gent féminine.

Les promesses des candidats aux femmes

Mamadou Koulibaly, candidat du parti Liberté et Démocratie pour la République (Lider),qui a retiré sa candidature à quelques jours de l’élection présidentielle‘s’engage à reconnaître la femme mariée coutumièrement, à donner aux femmes des droits et à laisser le concubinage au choix’’.Aussi, a-t-il promis apporter une correction du code civil sur le régime matrimonial’’. En d’autres termes, le candidat du parti Lider, dans son programme de société envisage offrir une place de choix  à la femme. Entre autres preuves de cette volonté affichée de l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Mamadou Koulibaly a confié des responsabilités et non des moindres à des femmes. Telles, Monique Gbekia Directrice administrative de campagne et Nathalie Yamben, Directrice stratégique de campagne qui  étaient en première ligne de son staff de campagne. Candidat indépendant, en lice pour la présidentielle d’octobre 2015, Kouadio Konan Bertin, dit KKB  qui était également l’invité de la plateforme  féminine ‘’Les femmes s’engagent et veulent se faire entendre’’, le 2 octobre 2015, à l’Ivoire Golf Club. Au cours des échanges, le candidat indépendant a rappelé sa volonté d’accorder une place prépondérante à la femme dans son programme de gouvernement. Pour lui, au menu des centres d’intérêt de son programme de société ‘’il y aura une augmentation supplémentaire des allocations familiales, versées directement aux mamans’’. Non sans faire  la promesse de ne faire aucun cadeau aux auteurs des violences faites aux femmes. ‘’Il est clair que mon projet va accorder une place de choix aux femmes. Je vous dis que la femme est le moteur de la société. Depuis nos sociétés traditionnelles, la femme demeure le moteur. Les sociétés qui évoluent, qui progressent, sont celles dans lesquelles, les femmes ont un peu plus de pouvoir. Je m’engage à leur en donner. En même temps, je dis que quand je serai président, toutes les formes de violence possible contre la femme seront punies’’, soutient Kouadio Konan Bertin. En outre, il  estime que l’on peut faire la politique sans violence. Entre autres pans de son programme de société, KKB se propose de lutter contre la hausse des prix des produits et à industrialiser la Côte d’Ivoire. Autant d’éléments qui devraient, selon lui prendre en compte la gent féminine. A l’instar de son homologue KKB, l’autre candidat sans étiquette politique, Siméon Kouadio Konan dit KKS, a promis  faire de son cheval de bataille ‘’le processus de réconciliation nationale’’.Parce que, pour lui, les femmes devraient  être  des pions essentiels de ce processus. « Je veux confier également la réconciliation aux femmes. Je respecterai les normes internationales d’accorder 30% aux femmes », a-t-il confié.

Kouadio Konan Siméon, qui n’est d’ailleurs pas à sa première participation à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire a également indiqué qu’il « compte résoudre la question de la parité en accordant une place de choix à la femme » dans son programme de gouvernement. Avant de promettre, confier la direction de sa campagne à une femme.

Je suis candidat pour porter ce projet, je suis candidat pour indiquer ce  chemin, je suis candidat pour offrir mon indépendance, ma neutralité, mon impartialité et mon innocence au service de la réconciliation des habitants de ce beau pays. Je suis candidat pour réhabiliter les valeurs d’amour, de fraternité et de tolérance, fondements de notre vivre ensemble et réaffirmer le leadership, l’hospitalité et la prospérité, vocation de notre beau pays’’, a-t-il  indiqué.

Le député des circonscriptions d’Adiaké, d’Assinie et d’Etuéboué, Gnangbo  Kacou était pour sa part face aux femmes, le 1er Octobre 2015, à l’Ivoire Golf Club. Dans son programme de société, il indique qu’il entend rémunérer de façon équitable l’homme et la femme. Une façon pour lui, de témoigner sa reconnaissance aux femmes qui l’ont voté massivement à l’occasion des élections législatives. Pour ce dernier, l’opposition homme-femme n’a pas de sens. Traduisant, ainsi, sa volonté  de donner à la femme, la place qu’elle mérite dans la société. Aussi, promet-il, une assurance aux femmes, non sans les  amener à produire du vivrier et  tout en leur facilitant l’accès au crédit.

 ‘’Je souhaite rassembler les Ivoiriens afin de garantir à chacun sa place au sein d’un projet politique d’avenir ! Je pense à vous les jeunes, à tous ceux qui aspirent à s’élever par l’effort, à toutes ces familles que je rencontre dans le cadre de mon travail de député de la nation. Je souhaite que nous nous rassemblions tous afin de lutter contre ce fléau qu’est le chômage’’, a fait savoir l’honorable Gnangbo Kacou, dont le staff de campagne a dit dévoiler son projet de société pour les femmes et les enfants, une fois à  la magistrature suprême de la République de Côte d’Ivoire.

Les femmes candidates se dévoilent

Pour les deux femmes candidates à l’élection présidentielle, le scrutin du 25 octobre 2015 est une occasion pour elles  de s’affirmer et de montrer leur capacité à diriger le pays. Les grands axes de leurs projets de société sont en liaison étroite avec les quatre articulations majeures de la résolution 1325 des Nations unies, adoptée par la Côte d’Ivoire.

Notamment la protection des femmes et des filles contre les violences sexuelles et  les Mutilations génitales féminines (Mgf), l’inclusion des questions du Genre dans les politiques et programmes de développement, la participation des femmes et des hommes au processus de reconstruction et de réinsertion nationale et le renforcement de la participation des femmes aux processus de prise de décision. ‘Il faut impérativement créer une banque pour favoriser l’autonomisation et l’épanouissement des femmes. Nous allons élaborer le budget de l’Etat en tenant compte de la politique du genre. Nous comptons créer une banque spéciale pour les femmes qui va faciliter l’accès au crédit avec un taux d’intérêt très bas« , a indiqué Lagou Adjoua Henriette, ex-ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant sous Laurent Gbagbo. Qui a également renchéri lors de la  campagne présidentielle, qu’il est plus que jamais temps que les femmes arrivent aux affaires pour prouver à l’opinion qu’elles peuvent aussi rivaliser avec les hommes quant à la gestion des biens et des personnes. « Il est temps, grand temps que nous prouvons à l’opinion, aux Ivoiriens et surtout aux hommes qu’une femme peut être Présidente de  la République de la Côte d’Ivoire. » A dit l’ex-présidente de ‘’2 millions de femmes pour Gbagbo.’’

Pour ce faire, la présidente du Renouveau pour la paix et la concorde (RPC-Paix), entend travailler « dans la sérénité et l’honnêteté ». Cela, pour favoriser l’autonomisation des femmes des milieux urbains et ruraux.  Pour autant, envisage-t-elle, voter des lois pour lutter franchement contres les violences faites aux femmes. Il faudra que « la femme violentée soit prise en charge et que l’auteur soit poursuivi’’. A cela, la présidente de (RPC-Paix), caresse également  le secret espoir de   rapprocher les centres de santé des 8 000 villages que compte la Côte d’Ivoire. Pour ce qui est de l’école obligatoire, elle dit soutenir le projet de sorte à ‘’permettre à la petite fille d’être suivie et d’avancer dans ses études ». Toutefois, à l’en croire, l’Etat de Côte d’Ivoire a le devoir de donner les moyens aux parents pour inscrire leurs enfants, particulièrement, la jeune fille. La lutte contre les inégalités liées au genre, figure, également, en bonne place dans les 12 chantiers du projet  de société de la candidate du Renouveau pour la paix et la concorde (RPC-Paix). Qui  a annoncé que si elle est élue, elle fera de la criminalisation du viol son cheval de bataille.

Sur le plan de l’éducation, la gratuité effective de l’école est une préoccupation d’Henriette Lagou qui avoue approuver la volonté politique actuelle en rapport avec la politique de l’école obligatoire.

’Les femmes sont capables de relever les grands défis qui pointent à l’horizon. Les femmes doivent ainsi démontrer qu’elles peuvent faire comme les hommes, sinon mieux. Il faut donc soutenir la femme et aller plus loin en lui faisant confiance.’’ A-t-elle insisté.

 Lui emboîtant le pas,  la candidate Kouangoua Jacqueline Claire, épouse Potey a également indiqué que les femmes ont plus que jamais besoin d’être soutenues financièrement. Voilà, pourquoi elle ambitionne  mettre en place un fonds de développement de sorte à venir en aide aux femmes dans le milieu rural.Nous nous engageons à former les femmes déscolarisées, à les recenser toutes,  afin que chacune d’entre elles se mettent au travail de façon progressive dans chaque région pour que tout le monde se sente important’’, a-t-elle fait remarquer. Avant d’ajouter que si «elle est élue, elle va accorder une place prépondérante aux femmes qui, pour elle, bien qu’étant au cœur de la société, sont souvent marginalisées.

Le président sortant, Alassane Ouattara, candidat à sa propre succession n’a malheureusement  pas pu se présenter au rendez-vous de la plate-forme des  femmes. Toutefois,  dans son programme de gouvernement «Réussir ensemble», il accorde une place très importante aux femmes. Le  candidat Alassane Ouattara, à travers le ministère auprès du président de la République chargé de l’Emploi-jeunes, qu’il a créé,  a mis en place les microcrédits pour financer les projets des jeunes qui prennent en compte les jeunes filles.

Mieux, depuis son accession à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire, il a développé une politique d’autonomisation des femmes à travers des microcrédits, via le Fonds d’aide aux femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI) piloté par la Première dame, Dominique Ouattara. Après de substantielles augmentations de ce fonds, le Chef de l’Etat a promis, pour l’année 2016, octroyer 2 milliards supplémentaires. Au demeurant, pour  le candidat  du Rassemblement  des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), «la femme en activité constitue un soutien de taille pour tous les membres de la famille. Nous allons encourager et soutenir l’initiative de la Première dame.» Se propose t-il de ce fait, de consacrer  100 milliards de FCFA aux femmes, dont 50 milliards de ligne de crédits pour le financement des projets portés par les femmes, la gratuité des frais d’accouchement, la proposition d‘un projet de loi tendant vers la parité systématique Homme/Femme dans la vie politique et aux postes de responsabilité dans les administrations (1 ère étape : au moins 30% des postes). D’ailleurs, concernant la place de choix réservée à la gent féminine, le candidat du RHDP a déjà donné un signal fort. En effet, sous son pouvoir, la gendarmerie considérée comme la chasse gardée des hommes a ouvert ses portes aux femmes depuis la dernière promotion qui est en activité depuis la sortie officielle, il ya quelque temps.

Au plan de la politique sanitaire, le candidat Alassane Ouattara, au cours de son mandat écoulé, a développé la gratuité des soins ciblés, notamment pendant les  accouchements.

Sur la question de la parité, il a initié un projet de loi qui fait la part belle à la parité Hommes/Femmes dans la vie politique et l’accès aux postes de responsabilité. Au total, la lutte contre la pauvreté, l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, la scolarisation de la jeune fille sont des pans clés de son programme politique, avec au centre, la gent féminine !

Face aux femmes de la société civile, le mardi 6 octobre 2015, le candidat, Affi N’guessan a dévoilé son programme, en affirmant qu’il compte faire «une discrimination positive» pour que la femme occupe une place de choix dans son programme de société, s’il venait à accéder à la magistrature suprême.

Le candidat du FPI a annoncé et affiché son désir d’accorder une place honorable  aux questions des femmes. Très décontracté, il a indiqué que  «être un homme, c’est agir en faveur des femmes».

Concernant les  reformes sociales, Pascal Affi N’Guessan annonce la gratuité pour les femmes enceintes dès la première consultation à l’accouchement parce que selon  lui ‘’ la femme ne doit pas payer pour un travail qu’elle fait gratuitement’. » J’ai accepté volontiers de participer au forum de discussion parce que rien ne se fait sans la femme. Votre initiative montre que vous placez les candidats sur le même pied d’égalité, pour un nouveau pacte de confiance dans une  Côte d’Ivoire  rassemblée. J’espère conduire mes compatriotes vers la paix.’’ A-t-il ajouté.

Pour sa part, le candidat Essy Amara, avant  son retrait de la course à la présidentielle a promis restituer à la femme, la place qui est la sienne dans la société.

« J’inciterai les Ivoiriens vers une nouvelle mentalité. Mon ambition est de créer une société nouvelle avec un comportement nouveau en Côte d’Ivoire. Pour ce faire, je m’appuie sur des hommes et des femmes qui incarnent des valeurs fortes. Dans les tous prochains jours, je les présenterai à l’ensemble de mes concitoyens pour aller à l’assaut du Palais du Plateau. Le pouvoir est à portée de mains. Plus rien ne doit nous arrêter, désormais. » A indiqué Essy Amara.

Tout comme les autres candidats, Charles Konan Banny qui figurait sur la tablette des candidats indépendants à l’élection présidentielle de 2015 en Côte d’Ivoire et  qui s’est retiré de la course à quelques heures  du scrutin  accorde une place de premier choix aux mères de familles (femmes) dans son programme de gouvernement. Ce vœu cher, il l’a signifié au siège de la Coalition nationale pour le changement (CNC), à l’occasion d’une rencontre avec les femmes, venues de tous les quartiers du district d’Abidjan pour lui témoigner leur soutien en octobre dernier.

A ces nombreuses femmes, vêtues aux couleurs et à l’effigie du candidat Banny, il a soutenu : « mon programme de gouvernement prend aussi bien en compte les hommes que les femmes. Une fois élu, je veillerai personnellement au bonheur de tous les Ivoiriens ; les hommes, comme la gent féminine. Moi, je ne ferai pas de la discrimination négative des femmes. Je leur accorderai la place qu’elle mérite. En tout cas, avec moi, les femmes auront une place de choix qui leur permettra de contribuer de façon efficiente à la réconciliation de tous les Ivoiriens dans la diversité… »

A la différence des années électorales présidentielles précédentes, chacun des dix candidats au scrutin du 25 octobre 2015, dans son programme de société a accordé une place prépondérante à la gent féminine. Cette frange de la population, dont le rôle, est on ne peut plus indispensable pour l’éclosion d’une société prospère  était au centre de tous les intérêts à l’occasion de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Autant dire, qu’il va falloir désormais compter avec les femmes, quant à la prise des décisions majeures. 

Opportune Bath 

Quelques propos recueillis des femmes qui apprécient les programmes de société des candidats

Solange Okoma (Caissière) : ‘’Je suis heureuse de savoir que les hommes politiques s’intéressent à nous’’

Pour ces élections,  les femmes sont devenues la préoccupation de tous les candidats. Il n’y a pas un dont le programme n’intègre pas l’amélioration des conditions de vie de la femme. Je suis très heureuse de savoir que les politiques s’intéressent à nous. Toutefois, je ne souhaiterais pas que les différentes promesses faites à l’endroit des femmes restent dans des tiroirs, dès qu’ils obtiennent de nous leur élection.

Aïssata Diaby (Commerçante) :‘’Grâce au Fafci, plusieurs femmes sont devenues autonomes’’

C’est vrai que les différents programmes des candidats accordent la part belle aux femmes, eu égard aux différentes promesses. Cependant, pour moi, la meilleure politique à l’endroit des femmes restent leur autonomisation qu’Alassane Ouattara a réussie à travers le Fonds d’aide aux femmes de Côte d’Ivoire. Grâce au Fafci, plusieurs femmes sont devenues autonomes. Elles ont pu avoir le financement de leur projet. Si toutes les politiques sont orientées dans ce sens, je pense que le taux de pauvreté sera désormais moins élevé du côté de la gent féminine.

Dago Christelle (Etudiante) :‘’Aucun programme ne m’inspire confiance’’

Les femmes intéressent aujourd’hui les politiques,  parce qu’ils se sont rendus compte qu’elles constituent plus de la moitié de la population électorale de Côte d’Ivoire. Pour les appâter, tous leur font des promesses, rien que pour obtenir leurs voix lors du scrutin. Quant à moi, aucun programme ne m’inspire confiance. Nous sommes fatiguées de la démagogie des politiques.

                                                             Par Opp. Bath

 

Entretien avec Mme Gogoua Rachel, présidente du groupement des organisations féminines pour l’égalité Hommes/Femmes (Gofehf)

G4«Les promesses faites aux femmes lors des campagnes ne sont jamais tenues»

Quel est votre regard sur la campagne électorale ?

La campagne se déroule  bien dans l’ensemble. C’est-à-dire dans le calme,  sans violence. Mais l’équilibre entre les candidats est inégalitaire. Il n’est pas équitable.

Pensez-vous que les candidats accordent une place aux femmes dans leurs programmes de société ? 

Les candidats à une quelconque élection ont toujours accordé une place aux femmes dans leurs programmes de société et de gouvernement. Seulement, les différentes promesses faites aux populations lors des campagnes des candidats ne sont jamais respectées, une fois qu’ils sont élus. Lorsque le Front populaire ivoirien était au pouvoir, le gouvernement d’alors est allé vers les 30%. Mais là, le programme du président Alassane Ouattara était alléchant, du point de vue femmes. Mais dans la mise en œuvre, dans la pratique, il y a eu beaucoup d’insuffisances.

Il a parlé de parité. Il avait dit même que si nous n’allons pas vers la parité, nous irons au moins vers 30%. On constate malheureusement que ni dans le gouvernement, ni dans les postes de décisions, cela a été respecté. Sauf qu’une femme a été générale,  des filles  ont été recrutées à l’Ecole des militaires préparatoires techniques (Empt), à la gendarmerie et à l’Ecole nationale des sous-officiers d’actives (Ensoa). Mais du point de vue, Président-directeurs généraux, Directeurs généraux, membres du Conseil d’ Administration, ministres, Directeurs de cabinet…nulle part,  les femmes ne sont présentes. Si nous faisons une analyse statistique, il y a des endroits où c’est zéro% ou ça ne dépasse pas 9%.

En effet, le Président Alassane Ouattara avait accordé une place de choix aux femmes, mais dans la pratique rien n’est fait. Ça n’a jamais été réalisé. Ni dans le gouvernement, ni dans les ministères, dans les postes de décisions. Nulle part. Nous avons par exemple -5% pour les maires, 2.9  pour les Conseils généraux, 9.4 pour l’Assemblée nationale.

Selon vous, la situation de la femme peut-elle changer au sortir de cette élection ?

Je n’en sais rien. Parce que les gens font des promesses, mais ils ne les tiennent pas. Et il n’y a aucun moyen de faire pression sur le gouvernement  pour que les choses changent.

Les femmes ne sont-elles pas en partie responsables de leur situation ?

La femme est l’ennemi de la femme. Par exemple, au niveau du consensus, nos avis sont divergents. Nos avis étaient divergents, nous ne pouvons pas être unies pour aller faire pression sur le gouvernement  pour que les choses changent. Le deuxième élément, c’est la forte résistance des hommes  qui pensent que les femmes veulent prendre leur place. Ce qui n’est pas le cas. Les femmes étant les filles de ce pays, comme les hommes le sont également, elles ont des droits au même titre qu’eux. En tant qu’enfants comme eux, elles veulent la place qui leur revient. Et non la place de qui que ce soit.

Le troisième élément, ce sont les pesanteurs socioculturelles. Les études que nous sommes en train de mener sur le terrain démontrent que quand on explique aux populations le bien-fondé de l’égalité en droit des filles et des garçons,  ils comprennent. Nous sommes dans les régions du Cavally, du  Tonpki…nous sommes en train de faire changer les choses à la base. Aujourd’hui, des femmes sont devenues chef d’entreprise, membre de la notabilité. Il y a des filles qui héritent  des terres de leurs parents défunts, des femmes qui héritent des terres de leur époux défunt. On la consulte, on les associe. Nous pensons que l’évolution est en marche.

Qu’entendez-vous par la femme est l’ennemie de la femme ?

Cela veut dire que quand une femme occupe une position, elle doit créer les conditions pour favoriser l’émergence des femmes. Ce qui n’est malheureusement pas le cas. On se glisse les peaux de bananes, on se suspecte, on ne s’unit pas, on ne cherche pas à s’entendre pour faire avancer les choses.

G3Quelles propositions,  pouvez-vous faire pour que la gent féminine retrouve la place qu’elle mérite dans la société ?

Quand nous faisons une analyse de la  Constitution de la Côte d’Ivoire, elle est légalitaire. La Côte d’Ivoire est l’un des rares pays qui a ratifié toutes les conventions internationales, régionales relatives à l’égalité entre l’homme et la femme. Elle est partie prenante de toutes les résolutions, de tous les textes, des déclarations relatives  à l’égalité homme/femme. La Constitution proclame l’égalité entre l’homme et la femme dans tous les secteurs d’activité. Ce qui est déjà un acquis. L’ancien programme du Président de la République était favorable. Mais pourquoi, y-a-t-il problème à la mise en œuvre ? Nous disons simplement qu’il y a un  manque de volonté politique. Le Président a financé énormément la réalisation du Compendium des Compétences. Bien que ce document lui a été remis le 03 mars 2015, lorsqu’il a fait le réaménagement technique de son gouvernement,  il a nommé trois ministres qui étaient tous des hommes. Est-ce à dire qu’il n ya pas de femmes dignes et compétentes  pour  occuper ces postes ? Il incombe au Président  et à son gouvernement de faire changer les choses. S’il le veut, il le peut.

Les femmes sont-elles représentatives dans les instances de décisions ?

Elles sont faiblement représentées mais participent aux prises de décisions.

Vos conseils aux femmes

Qu’elles évitent les combats de leadership du genre ‘’c’est moi, rien que moi. Les autres ne comptent pas’’.Tout doit se faire de façon collégiale. Nous devons nous consulter, nous écouter, nous unir, nous entendre. La diversité est la source de l’innovation et de la création. Nous n’avons pas la science infuse. Cherchons à nous unir, plutôt  qu’à nous diviser. Nous devons également nous organiser à préparer la relève en les formant. Parce que les jeunes doivent prendre notre place.

Réalisé par Opportune Bath

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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