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Côte d’Ivoire/Opération ADDR à la cité BAE de Yopougon : Un ex-combattant avertit : « On veut faire de nous des braqueurs… »


-Des ex-combattants refusent de libérer les maisons occupées et menacent…

http://lepointsur.com/wp-content/uploads/2015/04/Commandant-des-Forces-Terrestres-Gaoussou-Soumahoro.(Ph:Dr)

Commandant-des-Forces-Terrestres-Gaoussou-Soumahoro.(Ph:Dr)

Abidjan, le 20-4-15 (lepointsur.com)-La tension était vive lundi 20-4-15, à la cité BAE à Yopougon (Abidjan), capitale économique de la Côte d’Ivoire. Dénonçant certaines irrégularités dans l’exécution de  l’opération Autorité pour la démobilisation, de désarmement et de réinsertion (ADDR), initiée par les autorités ivoiriennes, des ex-combattants ont essayé de paralyser ladite opération.

« Après avoir combattu pour libérer le pays des griffes du Président,  Laurent Gbagbo, les autorités ont promis  nous donner des matricules pour intégrer l’Armée. Quatre ans après, ces mêmes autorités refusent de tenir leurs promesses. Pis, elles nous demandent aujourd’hui de libérer les maisons que nous occupons. Et pourtant, nous ne savons rien faire d’autre, si ce n’est le maniement des armes… » Ces propos sont  de A.L, un ex-combattant venu du nord du pays (Korhogo).

Qui affirme avoir combattu  depuis le déclenchement de la crise militaro-politique en 2002. Visiblement remonté contre les autorités politiques et militaires, ce dernier n’est pas allé du dos de la cuillère pour fustiger le comportement de celles-ci. « On nous demande d’aller à l’ADDR et de déposer les armes. Pourtant, nos camarades qui ont été les premiers à s’inscrire dans cette opération ; à  qui on avait promis la somme de 800 mille francs, n’ont pour la plupart encore rien reçu depuis environ 7 mois. Comment, voulez-vous qu’on accorde du crédit à ce qu’elles nous disent. Après plus de 14 ans pour certains, on nous demande de libérer les chambres que nous occupons à la cité BAE. Où, veulent-elles qu’on aille avec nos familles après avoir perdu toutes ces années, sans rien faire d’autre, si ce n’est le maniement des armes ».

A renchérit A.L qui menace en ces termes. «  Il faut que le Président de la République prenne ses responsabilités. C’est pour lui que nous avons pris les armes. Nous sommes toujours avec lui. Mais, s’il ne prend pas les choses en main, le pire pourrait arriver. Ceux  qui sont autour de lui, veulent faire tomber son régime. C’est pour cela, qu’ils se comportent ainsi. Ils ont fait de nous des mendiants. C’est vrai que nous ne voulons plus de bruits d’armes dans notre pays, mais si nous sommes laissés pour compte, nous serons obligés d’employer les grands moyens. Parce que beaucoup d’entre nous seront obligés de braquer pour survivre… »

Approché, un autre ex-combattant, toujours, sous le sceau de l’anonymat n’a pas manqué  d’asséner ses vérités à l’actuel régime. « Nous regrettons d’avoir combattu auprès de ce régime pour chasser Laurent Gbagbo. Car, sous son régime, l’ex-combattant serait envié. On aurait dû laisser Gbagbo tuer tout le monde. La majorité de ceux qui ont intégré l’armée sont ceux-là même qui n’ont pas combattu. Certains n’ont même pas pris les armes. C’est du copinage. En tout cas, nous ne nous laisserons pas faire. Parce que nous ne savons pas où aller avec nos familles et nos multiples charges. Certains camarades en lieu et place des 800 mille francs promis, ont reçu seulement, qui  la somme de 300 mille francs, qui 200 mille francs.  Que pouvons-nous faire avec  ces sommes-là, avec toutes nos charges… » A martelé notre interlocuteur.

Avant d’interpeller le Président, Alassane Ouattara. « Monsieur, le Président, si vous reconnaissez que nous vous avons aidé à  avoir ce fauteuil, prenez vos responsabilités. Même s’il faut construire des logements dans la forêt du Banco, faites-le pour que nous puissions y  habiter avec nos familles. Sinon, il pourrait y avoir un déraillement aux conséquences incalculables. »

Le Colonel-major, Kouamé Julien, approché a été on ne peut plus clair. Très succinct  dans ses propos, il a tout simplement dit. « Il n’y a pas le feu à la demeure comme on a voulu vous le faire croire. Ce matin, nous sommes là pour l’opération, ADDR. Evidemment, cette opération ne rencontre pas l’assentiment de tous. Toujours, est-il qu’en épit de ces mécontentements, l’opération se déroule comme vous pouvez le constater. En tout état de cause, nous finirons par trouver un terrain d’entente… »

A rassuré l’officier supérieur de l’Armée ivoirienne qui n’a pas voulu s’attarder  sur ce qu’il qualifie de détails. Au moment, où nous quittions les lieux aux environs de 13 heures, l’opération se poursuivait sous la surveillance d’un impressionnant contingent des forces de sécurit é, appuyé par des éléments du Centre de Commandement des Décisions Opérationnelles (CCDO).

Plusieurs Généraux, dont le Commandant des Forces Terrestres, Gaoussou Soumahoro étaient présents pour rassurer les ex-combattants très remontés. Au regard des évènements de la cité BAE de Yopougon, l’on peut affirmer qu’il est on ne peut  plus impérieux que  les autorités politiques et militaires ivoiriennes prennent  très au sérieux  le problème du désarment et insertion des  ex- combattants qui au fil du temps apparaît comme une bombe.

EKB

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